Un savoir-faire qui se perpétue de génération en génération

Tout commence en 1954 lorsque Marguerite Lener, fondatrice de la maison Lener Cordier, décide de confectionner des blouses depuis un petit atelier situé dans le centre-ville d'Hazebrouck. En 1975, l'entreprise s'installe dans une ancienne filature de lin, toujours à Hazebrouck, et prend alors une autre dimension. «On est passé d'un atelier à un véritable site industriel avec près de 200 salariés». Jusqu'en 1986, l'entreprise textile confectionne des pièces 100% made in France. «Puis la première crise est arrivée avec un dépôt de bilan en 1986. Mais on a survécu en externalisant une partie de la fabrication et en maintenant l'activité à Hazebrouck. Quelques années plus tard, au début des années 2000, l'entreprise affiche une croissance à deux chiffres. «Cela a vraiment été les montagnes russes» raconte Frédéric Lener, troisième génération désormais à la tête du navire familial.

Aujourd'hui, le site nordiste emploie 90 personnes. «On retrouve des couturières, patronnières, modélistes, stylistes mais aussi toutes les équipes support (comptabilité, communication...), ce qui nous permet de couvrir la chaîne de valeur de A à Z». Le groupe s'appuie également sur son deuxième site de production, installé près de Lviv en Ukraine, qui emploie quant à lui 140 personnes. «Grâce à l'Ukraine, nous avons réussi à maintenir notre écosystème de la mode. Nous avons grandi avec eux».

Avec la guerre russo-ukrainienne, une quinzaine de personnes ont été rapatriées dans le Nord. Certains ont depuis souhaité retourner en Ukraine, d'autres ont préféré rester travailler dans les Flandres. «On s'est posé beaucoup de questions quand la guerre a éclaté, ce n'était surtout pas le moment de les abandonner. Alors on a continué à avancer malgré tout et à développer notre économie» souligne le chef d'entreprise.

Agilité et diversification

Si l'entreprise est toujours debout malgré les crises qu'elle a traversées, c'est en partie dû à son adaptabilité. «Les clés de notre succès reposent sur notre agilité et la diversification que nous avons opérée». En effet, la PME innove et met régulièrement à jour ses gammes grâce notamment à son bureau d'études, composé d'une dizaine de stylistes et modélistes. On retrouve ainsi des trench-coats, tailleurs, parka et autres pièces de prêt-à-porter principalement pour les femmes mais à destination également des hommes et des enfants.

La direction n'a pas hésité non plus à rafraîchir son parc machines : en 2021, le site d'Hazebrouck a fait l'objet de 300 000 euros d'investissement. «Grâce au plan de relance, une partie des machines a été changée. On a aussi saisi l'occasion pour embaucher une quinzaine de personnes avec une aide à la formation de trois mois» explique le dirigeant.

Au service de nombreuses enseignes françaises

La Maison Lener Cordier réalise 35% de son chiffre d'affaires au travers de ses trois marques : Maison Lener, la marque héritage qui se définit comme premium, Trench & Coat, avec des produits plus fonctionnels et des matières un peu moins élitistes et enfin Mout-mout, la toute dernière à l'initiative de la quatrième génération, à destination des plus jeunes avec un produit davantage sportswear. «Le président Emmanuel Macron et la première dame Brigitte Macron ont tous les deux reçu leur veste mout-mout made in France» glisse Frédéric Lener pour la petite anecdote. La fabrication pour d'autres enseignes françaises – notamment certains acteurs du luxe – représentent les 75% restants du chiffre d'affaires.

Une feuille de route bien remplie

La Maison Lener Cordier fêtera cette année ses 70 ans. L'occasion de réfléchir à une réorganisation du pilotage mais aussi d'accélérer sur la digitalisation de l'entreprise, les produits éco-responsables et l'attractivité à travers la marque employeur. Des projets de labellisation sont également en cours. Désormais accompagnés de leurs deux enfants, Frédéric Lener et son épouse laissent progressivement la quatrième génération prendre des décisions et imaginer l'avenir de l'entreprise familiale... qui restera donc entre de bonnes mains.