Collectivités locales
Un outil pour adapter sa ville à la canicule
Faut-il végétaliser la cour d’école ? Changer le revêtement des trottoirs ? Alors qu’un nouvel été caniculaire s’annonce, l’Ademe, Agence de la transition écologique propose un service numérique «Plusfraichemaville.fr», destiné aux agents des collectivités locales.
«Îlot
de chaleur urbaine»,
caractérisé
par une température de deux à trois degrés de plus qu’à la
campagne ; «Nuits
tropicales»,
durant lesquelles les températures ne descendent pas sous les 20
degrés…Ceci
constitue déjà
le
quotidien
estival des
villes. Résultat,
«les
collectivités sont en première ligne»,
constate
Élodie Briche, chargée
du projet
«Plusfraichemaville.fr»
à
l’Ademe, Agence
de
la
transition écologique.
Le
7 juin dernier, elle
présentait cet outil gratuit destiné aux agents
des collectivités locales.
L’enjeu
est immense.
«L’augmentation
des chaleurs constitue un risque majeur pour les villes, dans les
décennies à venir»,
rappelle
Jérémie
Almosni,
directeur
régional de l’Ademe Île-de-France. Les
canicules estivales sont,
en effet, de
plus en plus précoces dans la saison, de
plus en plus fréquentes,
et durables à
mesure que le changement climatique s’accélère. Et
elles
sont
particulièrement marquées
dans les
villes
caractérisées par la
concentration des activités humaines, et
par
la
présence de matériaux foncés absorbant la chaleur le jour et la
restituant la nuit.
A l’été caniculaire
de 2003,
la
différence de surmortalité, entre Paris (+190%) et les zones
rurales (+40%) fut
nette, rappelle
l’Ademe.
Les
enjeux sont à la fois de court terme
(santé, confort, économie) et de long terme (adaptation de la ville
aux
changement climatiques).
Or,
élaborer des solutions pour rendre la ville plus fraîche n’a rien
d’évident. «On
constate des mal-adaptations
aux changements climatiques, comme la climatisation dont les rejets
intensifient la surchauffe urbaine»,
témoigne
Élodie
Briche. Les
solutions efficaces, elles, passent souvent par une combinaisons
d’actions, comme l’usage
de la végétation, la gestion de l’eau, les changements de
pratique et de
la
«morphologie»
de la ville, comme les revêtements… Par
ailleurs, ces solutions sont nécessairement «à
façon»,
adaptées
à la situation locale.
C’est le cas des projets déjà réalisés qui sont montrés sur le
site Plusfraichemaville.fr.
Une cascade ressurgit
A
Aubervilliers (Seine-Saint-Denis),
par exemple, un
parking de 50 places a été remplacé par une «forêt» de 72
arbres. Le projet,
réalisé avec l’accompagnement de l’Ademe, émane de
l’association Alteralia,
qui gère un foyer de jeunes travailleurs à
proximité. Il illustre la complexité de la démarche. En effet,
dégoudronner, creuser des trous et planter des arbres ne
suffit pas. Il a fallu
créer un écosystème
viable dans des circonstances données
(pas d’entretien, pas
d’arrosage, le passage de centaines de piétons par jour…). Pour
un total de 350 000 euros, un réservoir souterrain a été creusé,
un revêtement perméable déposé, et des types d’arbres adéquats
choisis. Verdict de Météo France (alors
que les arbres n’ont même pas atteint leur
pleine maturité) :
une baisse de température ressentie de 2,5 °C, en moyenne, pouvant
aller jusqu’à 6 °C à la mi-journée, lors de pics de chaleur.
Autre
exemple, à Marseille, une
association a porté le
projet de la cascade des
Aygalades,
dans les quartiers Nord.
«Ils
ont fait
ressurgir une cascade qui était
enfouie (…).
L’endroit
est devenu lieu
de fraîcheur, avec une
re-naturalisation
des bords du cours d’eau. C’est
à présent un
joli site au
milieu de zones urbaines denses»,
relate
Élodie Briche. Le
projet comporte une forte dimension citoyenne (chantier de
réinsertion, ouverture à la population un dimanche par mois et le
mercredi après-midi pour les enfants…).
Outre
ces exemples vertueux, les visiteurs de
«Plusfraichemaville.fr»
trouveront
matière à les aider dans leurs projets. Selon leurs besoins, ils
peuvent, par exemple, choisir «route»
ou «école».
Différentes pistes sont alors indiquées, comme «rénover
les bâtiments»
ou «végétaliser».
S’ils
choisissent cette dernière option, ils auront alors le choix entre
«façade
végétalisée»,
«jardin
potager»,
«arbres
et végétaux dans la cour»… Les
bénéfices apportés par chacune des solutions sont présentés.
Par
exemple, la
deuxième
renforce
l’évaporation et l’évapotranspiration, éduque les enfants...
Des
fiches techniques détaillent les diverses possibilités. Le site
Internet, conçu sur la base d’échanges avec plusieurs centaines
d’agents de collectivités territoriales, compte une trentaine de
fiches techniques. Il va continuer à être enrichi.