Un nouveau métier en création : assistant à maîtrise d’ouvrage privé
L’auto-réhabilitation des logements se développant, elle pourra être accompagnée par un professionnel du bâtiment formé pour ça à Valenciennes, dès septembre 2014. Un nouveau métier pour un marché à potentiel, surtout dans la région.
Tout est parti d’un constat fait par les acteurs de l’économie sociale et solidaire : le nombre important de logements dégradés dans le Nord-Pas-de-Calais. «Le plan 100 000 logements à rénover lancé par la Région est malheureusement insuffisant. Il aurait fallu le multiplier par huit, déplore Laurent Courouble, chargé de l’appui aux territoires du Nord et des filières énergie et mobilité à l’APES (Acteurs pour une économie solidaire). Il y a beaucoup de maisons individuelles construites entre 1920 et 1930 qui sont dégradées et que les propriétaires ne réhabilitent pas pour deux raisons : ils n’en ont pas les moyens et ils ne savent pas comment faire. Pour lever ces deux freins, l’idée est donc de leur proposer un accompagnement par un professionnel qui les conseille du point de vue technique pour qu’ils puissent faire eux-mêmes une partie des travaux, mais qui sache aussi trouver les bons financements, nombreux aujourd’hui, mais difficiles à identifier.»
AMOP : un rôle d’interface à créer. L’assistant à maître d’ouvrage privé (AMOP) peut les aider dans leur démarche d’auto-réhabilitation (ARA). «Il devra être capable d’allier à la fois des compétences techniques et pédagogiques qui font défaut aujourd’hui. Ce rôle d’interface n’existe pas dans sa globalité et il est pourtant décisif pour une articulation entre l’habitant, l’auto-réhabilitation accompagnée et la place des entreprises», explique Damien Magnier, chargé de mission sur l’habitat, auto-réhabilitation et innovation sociale dans le logement, à l’APES. Le futur diplôme d’AMOP, en cours de création au département de génie civil à l’université de Valenciennes, sera une licence pro en alternance. Toute personne connaissant l’activité du bâtiment et de la construction peut y prétendre, avec comme prérequis un BTS, DUT, ou une licence 2 dans le génie civil, la maîtrise d’œuvre ou la construction, ou tout titre équivalent, ou validation des acquis professionnels et personnels.
La mise en œuvre de l’ARA fait apparaître la possibilité de créer un effet levier de 6 en termes de chiffre d’affaires : 5 000 euros investis (pour accompagner les habitants sur leur rénovation) permet de débloquer un marché de 30 000 euros de travaux. «Le potentiel est important, surtout dans la région où 40% des personnes réalisent leurs travaux eux-mêmes. Il y a là un marché à prendre pour les sociétés de BTP. Certes, ce sont souvent des groupements d’entreprises comme les SCOP BTP qui sont en première ligne, mais les artisans en économie plus classique peuvent aussi être intéressés», insiste Laurent Courouble. Un nouveau marché à saisir, bien dans l’air du temps, au croisement des enjeux énergétiques et sociétaux.
Pour en savoir plus, l’APES présentera l’auto-réhabilitation accompagnée à la table ronde “Comment adapter son entreprise aux marchés porteurs ?”, le 27 mars à 16h au salon NORDBAT à Lille Grand-Palais.