Un nouveau centre de purificationpour les coquillages de la Côte d’Opale
Depuis la fermeture, en août 2011, de la seule station de purification des coquillages sur la Côte d’Opale, les mytiliculteurs et les pêcheurs à pied professionnels du Pas-de-Calais devaient parfois aller jusqu’à Carnac (Morbihan) pour répondre à l’obligation légale de traitement imposée par les Affaires maritimes aux pêcheurs et éleveurs de moules depuis 17 ans. L’Outrelois Fabrice Bréfort vient d’investir dans son propre outil de travail et le met à disposition de ses collègues.
Pêcheur à pied après avoir été commercial dans la manufacture de crayons Bic à Samer, Fabrice Bréfort est devenu mytiliculteur en 2006 en reprenant la concession (7 hectares) exploitée par la famille Dupont à Wimereux. “Avec Hugues Seillier, qui exploite 3 hectares et demi à Ambleteuse, nous possédons sans doute les deux dernières concessions de cultures de moules à plat en France1, explique-t-il. Je produis 50 à 60 tonnes de moules annuellement, sans compter les quelque 25 tonnes que me ramènent les pêcheurs à pied qui travaillent en saison estivale sur ma concession. J’ai aussi une licence du Comité régional des pêches maritimes pour pêcher la coque en baie de Somme, une activité complémentaire que je pratique en octobre ou novembre.” Sa clientèle est essentiellement constituée de restaurateurs locaux et de grossistes du Pasde- Calais.
Un outil de travail pour lui et ses collègues. Très vite, l’éleveur a envie de maîtriser lui-même la purification de sa production. La fermeture du centre exploité par la société franco-norvégienne Seafare à Wimereux l’incite à accélérer son projet. “Cela fait huit mois que j’ai engagé les démarches pour obtenir mon agrément, raconte-t-il. En attendant, je profite des installations de l’un de mes collègues, la société civile d’exploitation agricole La Bouchot des Deux Caps, à Audinghen.”
Autorisation en poche, Dominique Bréfort loue un atelier (avec option d’achat) à Capécure, le coeur du port de Boulogne- sur-Mer, dans lequel il investit 80 000 € de matériel de purification et de conditionnement : 150 m² d’atelier au rez-de-chaussée, 80 m² de bureaux et de locaux sociaux à l’étage. Déjà, il dispose d’une capacité de 1 200 kg, qu’il entend porter à 5 tonnes d’ici deux ans, en démontrant aux services vétérinaires que l’on peut réduire la durée du bain de purification de 24 à 12 heures, sans nuire à la qualité des moules. Il y traite toute sa production mais aussi celle des pêcheurs à pied qui évoluent sur sa concession ainsi que celle de quatre pêcheurs calaisiens, dont Myriam Pont- Beriau, professionnelle depuis 30 ans. Tout en montant en puissance, le mytiliculteur boulonnais souhaite proposer ses services à davantage de collègues. Seul pour débuter, il va donc rapidement recruter trois salariés à mi-temps pour le seconder : deux à la concession et un à la purification et au conditionnement. Il compte aussi mener à bien son projet de ravitaillement en eau de mer, en la pompant directement depuis le site de l’ancien hoverport au Portel. Un endroit où l’aquaculture, qui intéresse à la fois le pôle de compétitivité Aquimer et la Coopérative maritime étaploise, pourrait se développer dans les toutes prochaines années…
1. La culture à plat sur l’estran se distingue de l’élevage de bouchots (sur des pieux en bois) ou sur filière (sur cordes).