Un malaise endémique qui perdure.
Comment se faire payer par la Région Nord-Pas-de-Calais, comment sauver la subvention et éviter la délégation de service public ainsi que les appels d’offres quand on est une association ? Dominique Cresson, porte-parole de plusieurs d’entre elles, fait le point.
Dominique Cresson mène croisade sur croisade, poursuivant un but unique : la reconnaissance de l’utilité d’associations œuvrant dans la mouvance «éducation populaire», et donc leur financement régulier par la puissance publique. Pas évident…
Des difficultés financières. Il vient de provoquer une réaction (positive) de l’entourage du président de Région. Un courrier parlait de versements défaillants à des associations1 et demandait primo que les difficultés de trésorerie de la Région ne pénalisent pas les associations ainsi mises en danger ; secundo, qu’elles soient mieux soutenues quand elles rendent service aux populations, notamment quand c’est la Région qui le demande ; tertio, que des relations moins «asymétriques» entre la Région et elles soient instaurées, surtout dans l’esprit d’une charte 2007 bilatérale pas ou peu respectée. Et que ces relations Région-associations ne soient pas seulement évaluées à l’aune de l’argent disponible mais du bienfait apporté aux habitants.
Récemment, l’entourage du président a reconnu des défaillances dues à des difficultés financières mais ne compte pas remettre en question un choix stratégique qui remonte au précédent président de la République et à une politique bien établie à Bruxelles, qui a du mal à passer en France où le secteur associatif est très présent mais «trop statique» − pour ne pas dire hostile − selon Bruxelles, en particulier sur les modes d’attribution des marchés.
Des emplois en danger. Car voilà où le bât blesse, et la Région ne le conteste pas, elle qui ne pensait pas que le remplacement de la subvention classique par la DSP et les appels d’offres poserait autant de problèmes. Dominique Cresson, qui, à de nombreuses reprises parle volontiers là de rapports «dominant-dominé», dénonce exactement ce que privilégie la Région, à savoir la valorisation de l’unique performance et elle seule. Cet étalon est comme le manche du râteau qui revient dans la face des associations privées des ressources régulières via la subvention, permettant elle seule un fonctionnement serein, des prévisions d’activité et la pérennité des salaires et défraiements. Dominique Cresson dénonce le fait que l’appel d’offres généralisé, comme le souhaite l’Union européenne qui ne cache pas vouloir ainsi éradiquer cette spécificité française, plonge l’association d’abord dans la précarité de l’activité, puis, à terme, dans la lutte pour sa survie, ses rentrées financières n’étant garanties ni en volume ni dans le temps. Or, la Région Nord-Pas-de-Calais et l’Etat, bien avant 2012, ont adopté cette très libérale pratique qui mettrait en danger, selon les associations, 3 000 emplois régionaux en raison de versements aléatoires. Dommages que Dominique Cresson trouve assez logiquement regrettables, puisque les services rendus par nombre de ces associations sont, en période de crise aiguë, bien autre chose que fugace charité.
1. Dominique Cresson, qui s’exprime au nom des associations de la région, cite plus particulièrement quatre d’entre elles, métropolitaines : l’Atelier la Talvère-Pierre Davreux, Rhizomes, Casa Duende et Rouletaplume.