Un grand cru 2012
“Quel barnum ! Tout ça pour des gens qui tapent dans une balle avec un bâton !” Cet invité à l’humour provocateur, peu initié aux charmes et aux subtilités d’un sport très technique, énonce cependant une vérité flagrante. L’organisation de l’Open de Saint-Omer, chaque année, éblouit le commun des mortels. La 16e édition ne déroge pas à la règle. Le millésime 2012, à l’évidence, est et restera un grand cru sportif, un grand cru économique.
Les enfants, les handicapés, les vedettes… et la foule des visiteurs. Après le tennis, après l’équitation, le golf à son tour se démocratise à vitesse grand V. Et celui de Lumbres a montré l’exemple en signant, il y a quelques années, un partenariat avec le collège voisin.
Les 11 et 12 juin, avant-veille du 1er tour pro, 150 collégiens d’Albert-Camus découvrent les rudiments de cette discipline sous l’autorité du professeur Laurent de Miol. Le 12, à 14h, Bertrand Brioul, infatigable accompagnateur d’enfants handicapés, est de retour d’une compétition nationale handisport consacrée au football où ses jeunes ouailles ont brillé. Ils sont accueillis par Mme Jean-Jacques Durand et Francis Flajolet, présidente et délégué général de la fondation Maison de Pierre, avant d’empoigner les clubs et de fouler le green.
Mardi soir, en introduction à la soirée Medef, Jean-Jacques Durand présente à l’assistance patronale son ami agenais, Nino Ourabah. Avec un seul bras, celui-ci pratique de belle façon le golf. Il a aussi l’art du calembour quand il constate “que le golf est le seul sport où les adeptes valides aspirent à avoir un handicap !”. Mercredi après-midi, le champion olympique d’escrime (double médaillé en or) Brice Guyart a lancé un défi sportif au golfeur Julien Guerrier. “The Fencer” (“l’Escrimeur”) aime lancer des challenges à des amis sportifs de renom afin de promouvoir le fleuret. Avant Guerrier (le bien-nommé), Chabal, Doucouré, Richardson et bien d’autres ont croisé le fer avec Guyard.
Jeudi et vendredi, Kim le Coréen et l’Afrikaner Fichardt impriment la cadence. Ils sont 156 au départ, soit 52 triplettes de 3 joueurs. Les meilleurs Européens sont là, mais aussi des Asiatiques, des Africains, des Australiens et des Américains. Les dotations sont alléchantes et séduisent ces joueurs de haut niveau : 500 000 € au total seront distribués dont 83 333 € (un sixième) pour le vainqueur.
Le parcours comprend 18 trous pour une longueur totale de 6 252 mètres (moyenne 347 m).
Après les deux premiers tours, 12 athlètes pointent sous le par. Sihwan Kim (Corée du Sud) et Darren Fichardt (République sud-africaine) mènent le bal avec -6 et -5 devant deux Anglais, Simon Wakefield et Adam Gee, tous deux à -3. Ils précèdent trois autres Anglais, un Ecossais, un Irlandais, un Hollandais, un Italien et le second Sud- Africain.
Pour Kim, 23 ans, l’Open de Saint-Omer est l’occasion d’effacer la cruelle désillusion du début juin : il a été le premier non-qualifié à l’US Open. Le chevronné Fichardt (37 ans) attend son heure de gloire… Elle arrivera le 16 juin.
Fichardt, l’échappée belle d’un beau vainqueur. Tout golfeur a trois écueils à vaincre : ses adversaires, son propre tempérament et… la météo. L’expérience de Fichardt va faire merveille dans le vent soufflant en rafales de 70 km/h. Des candidats de la matinée, moins soumis aux caprices d’Eole, font des remontées spectaculaires : le Chilien Tullo (45e ex.) et l’Anglais Lockerbie (30e ex.) partagent la 3e place avec le Néerlandais Besseling. Si Wakefield résiste, passant de -3 à -1, Kim s’effondre avec une carte stupéfiante de + 10 qui le plonge dans les profondeurs du classement (4 audessus du par). La voie semble royale pour Fichardt qui améliore son score à -7.
Le tour dominical va confirmer cette domination. Fichardt a les nerfs solides tandis que Wakefield va perdre la seconde place à l’ultime trou où il concède un bogey. Il termine à -1 et se fait coiffer sur le fil par son compatriote Lockerbie (-2).
Classement final : 1er Fichardt (RSA) 279. 2e Lockerbie (Angl) 282. 3e Wakefield (Angl) 283. 4e ex Ford (Angl), Gee (Angl), Besseling (Hol) et Edberg (Sué) 286. 8e ex Akesson (Sué) A Carlsson (Sué) et Heath (Angl) 287. On le voit, dans les dix premiers, cinq Anglais et trois Suédois. Quant aux Français, Kaléka, Brozillier et Lorenzo-Véra avec 289, ils occupent la 15e place ex aequo avec cinq autres golfeurs. Et les trois invités Chinois ? il s’en est fallu d’un coup que Mu Hu (148), le meilleur du trio, évite le cut. Ses deux amis, Liu Yu-Xiang et Mingjie Huang, 164 tous deux, sont très loin.
L’amertume du président. La foule est nombreuse lors de la cérémonie de clôture sur le green du 18. Jean-Jacques Durand remercie l’ensemble des acteurs de ce 16e Open, les services d’entretien et de sécurité, les commissaires, les sponsors et leurs invités, les joueurs, les personnalités présentes, etc. Puis, avec une ironie subtile, il envoie quelques messages sentis à l’adresse de cibles identifiées. Vers certains organes de presse, notamment sportive, qui réduisent à la portion congrue leurs commentaires écrits ou leurs images télévisées. Vers certains responsables politiques qui ignorent ostensiblement l’Open de Golf quand bien même leur institution est partenaire : savent-ils l’impact sportif, économique et touristique que génère un tel événement ? Vers la Fédération française de golf et l’Education nationale qui ne donnent pas les moyens aux collégiens formés au golf de se déplacer à Lumbres quand ils ont intégré les lycées de Saint-Omer. Et d’autres encore… Jean-Jacques Durand terminera son propos en rappelant les prochains rendez-vous golfiques, notamment ceux consacrés aux sportifs handicapés.