Un gouvernement de gauche ouvert au compromis: le PS cherche la méthode pour l'après-censure

Après avoir vu Matignon lui échapper cet été alors qu'elle était arrivée en tête aux législatives, la gauche, Parti socialiste en tête, veut éviter de se retrouver Gros-Jean comme devant après la probable censure de...

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure à l'Assemblée nationale à Paris le 8 octobre 2024 © Thomas SAMSON
Le premier secrétaire du PS Olivier Faure à l'Assemblée nationale à Paris le 8 octobre 2024 © Thomas SAMSON

Après avoir vu Matignon lui échapper cet été alors qu'elle était arrivée en tête aux législatives, la gauche, Parti socialiste en tête, veut éviter de se retrouver Gros-Jean comme devant après la probable censure de Michel Barnier. Quitte à essayer de nouvelles méthodes.

Le Nouveau Front populaire le sait : depuis les dernières élections législatives anticipées de juillet, il ne dispose que d'un tiers des députés à l'Assemblée nationale.

Et l'échec annoncé de Michel Barnier pousse à chercher une nouvelle méthode, basée sur le compromis, pour éviter la censure. Notamment pour les socialistes, seul parti de gauche à avoir déjà dirigé le pays.

"Il faut un Premier ministre de gauche qui dirige un gouvernement de gauche ouvert au compromis", explique le Premier secrétaire du PS Olivier Faure.

"Et il faut un accord (...) où, en échange d'un renoncement au 49.3, le socle commun s'engage à ne pas (le) censurer", ajoute-t-il, en résumant son état d'esprit dans une formule: "Le Nouveau Front populaire au gouvernement et le front républicain à l'Assemblée".

Mathématiquement, la droite et l'extrême droite auraient besoin des voix des macronistes pour faire tomber un gouvernement de gauche.

Mais pour les Insoumis, fidèles à leur doctrine de gauche radicale et dont la lecture de l'après-Barnier diffère de celle des socialistes, "un accord de non-censure", serait "de fait, une forme d'alliance gouvernementale avec les macronistes".

"Dans le cas où il y aurait un tel accord, il y aurait alors une rupture avec le Nouveau Front populaire, et j'ose espérer que personne n'ira jusque-là", a prévenu la cheffe des députés LFI Mathilde Panot

"On ne va évidemment pas constituer un programme de gouvernement avec la droite et les macronistes", rétorque Olivier Faure.

A l'inverse des Insoumis, les socialistes ne poussent en tout cas plus l'option Lucie Castets - la candidate du NFP pour Matignon cet été.

De quoi faire dire à un proche d'Emmanuel Macron qu'il constate des "petites ouvertures au PS".

- "Pas quelqu'un de gauche" - 

Pour la gauche, même si le PS refuse pour l'instant de l'aborder, la question de l'identité du Premier ministre reste primordiale. Et le nom de Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre de François Hollande, qui a depuis quitté le parti, revient rapidement.

"Bernard Cazeneuve est de gauche oui, mais on ne sait pas quel est le projet qu'il défend aujourd'hui. Il ne défend pas les priorités du NFP", relève un cadre socialiste refusant ainsi de donner un blanc-seing à l'ancien ministre de l'Intérieur, qui reste très impopulaire chez les Insoumis et les Ecologistes.

Interrogé par l'AFP il y a une dizaine de jours, l'intéressé a expliqué ne "pas être dans l'état d'esprit" de remplacer Michel Barnier.

Reste à savoir comment se positionneront les autres partis du NFP, les communistes et les Ecologistes, dans l'optique de la formation du 46e gouvernement de la Ve République. 

"Un éminent membre du PS m'a dit +on ne peut pas y aller seuls, il nous faut les Verts et les communistes sinon Mélenchon nous tue+", relate ainsi un cadre du MoDem.

Les communistes ne semblent pas contre un accord de non-censure, tandis que "les Écologistes travaillent à des solutions qui seront présentées dès mercredi", a pour sa part expliqué la porte-parole du groupe à l'Assemblée, Léa Balage.

Mais côté LFI, le message est clair: les troupes mélenchonistes poussent pour une démission d'Emmanuel Macron et pensent sur le long terme: l'Elysée plutôt que Matignon.

Jean-Luc Mélenchon "cherche une élection présidentielle anticipée et cherche à faire porter la responsabilité d'un échec du NFP sur ses partenaires", a ainsi accusé Olivier Faure.

Sans partager leur appel à la démission et leur volonté de retour devant les urnes pour les électeurs, un cadre communiste explique comprendre que les Insoumis ne bataillent pas pour Matignon.

"De toutes façons, on sait très bien que ce n'est pas quelqu'un de gauche qui va être nommé".

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