Un été 2024 sans sécheresse? Les voyants pour l'instant majoritairement au vert en France

Après deux années d'importantes restrictions d'eau estivales, la France pourrait peut-être échapper à la sécheresse cet été: au sortir du printemps, les nappes phréatiques métropolitaines ont majoritairement fait le plein, à l'exception notable des Pyrénées-Orientales, département...

Après deux années d'importantes restrictions d'eau estivales, la France pourrait peut-être échapper à la sécheresse cet été © Nicolas TUCAT
Après deux années d'importantes restrictions d'eau estivales, la France pourrait peut-être échapper à la sécheresse cet été © Nicolas TUCAT

Après deux années d'importantes restrictions d'eau estivales, la France pourrait peut-être échapper à la sécheresse cet été: au sortir du printemps, les nappes phréatiques métropolitaines ont majoritairement fait le plein, à l'exception notable des Pyrénées-Orientales, département pour lequel le gouvernement lance un plan d'adaptation.

Au 1er mai, 65% des nappes métropolitaines se situaient au-dessus des normales, avec 21% dont les niveaux étaient même très hauts. A l'inverse, 22% étaient sous les normales, dont 4% à des niveaux très bas, dans le Roussillon mais aussi dans certaines parties de la Corse, a annoncé mercredi le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).

C'est beaucoup mieux que l'an dernier à la même époque, où la situation était "très inquiétante" avec 68% des nappes sous les normales, souligne le BRGM.

La France pourrait donc éviter de voir se reproduire le scénario tendu des deux derniers étés.

Il y a aussi une "légère amélioration par rapport au mois dernier malgré la reprise de la végétation", qui absorbe une partie des précipitations, note le BRGM. Au 1er avril, 58% des nappes étaient au-dessus des normales et 27% étaient en dessous.

En 2023, deux tiers des départements métropolitains connaissaient encore en octobre une alerte rouge de "crise sécheresse", après un été particulièrement sec, entraînant d'importantes restrictions d'eau: interdictions d'arrosage pour les particuliers et les agriculteurs, remplissage des piscines interdit, prélèvements réduits pour certains usages industriels... En 2022, jusqu'à 700 communes avaient été privées d'eau potable.

Restrictions en vue dans le Roussillon

"La situation s'est complètement inversée en raison d'une recharge très excédentaire" notamment sur la période mars/avril où il a beaucoup plu, a indiqué Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM, lors d'un point téléphonique.

Contrairement aux hivers 2022 et 2023, cette année a été marquée par le retour de pluies abondantes sur une partie du territoire, permettant de recharger des nappes bien basses.

En mars, la métropole a connu près de 85% de pluies de plus que les normales. Avril a été plus contrasté avec certaines régions très arrosées, comme la moitié nord et le centre-est, tandis que la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et la Corse ont été déficitaires en précipitations.

La pluie est certes bien tombée sur les Pyrénées-Orientales, pour la première fois depuis plus de deux ans. Mais elle est arrivée trop tard et sur des sols trop secs pour pouvoir véritablement s'infiltrer et recharger les nappes.

Aux abords de l'été, le Roussillon reste donc dans le rouge concernant la sécheresse et se prépare à un troisième été de restrictions importantes des usages de l'eau.

"Depuis l'été 2023, le département est à des niveaux historiquement bas", donc "même s'il pleuvait en abondance, les nappes ne parviendront pas à se recharger", a expliqué Mme Bault. "Il faudra au moins deux hivers excédentaires pour espérer recharger les stocks." Autant dire que l'été devrait une nouvelle fois être difficile dans cette région.

Ce pourrait aussi être le cas pour l'est de la Corse, où il n'a quasiment pas plu ces dernières semaines.

Des incertitudes

Mais qu'en sera-t-il pour le reste de la France? Là-dessus, le BRGM se montre "plutôt optimiste". 

Sur les trois premières semaines de mai, la pluie a continué à tomber dans certaines régions, retardant la période de vidange des nappes, qui traditionnellement débute en avril. 

Et même si la végétation printanière est maintenant bien sortie, elle peut profiter de sols particulièrement humides pour bien s'alimenter en eau et ainsi moins puiser dans les nappes. De même, les précipitations favorisent une irrigation naturelle des cultures, retardant là aussi une sollicitation trop importantes des réserves aquifères en profondeur.

Quelques incertitudes demeurent toutefois pour les prochains mois, tempère le BRGM. 

Les anticipations de Météo-France jusqu'à juillet montrent une tendance à des conditions plus chaudes que la normale, qui pourraient favoriser l'évaporation de l'eau. Et pour les précipitations, il est impossible de prévoir si les pluies vont continuer ou pas.

La situation de certaines nappes pourrait donc brutalement se détériorer. Ce pourrait notamment être le cas pour le sud-ouest du bassin parisien, le sud de l'Alsace, la chaîne des Puys dans le Massif central, le couloir de la Saône, l'Est lyonnais ou encore l'ouest des Pyrénées.

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