Un déclic ! Ou des claques…
Chômage en hausse, manque d’attractivité, démographie en berne, industrie à la peine… Lors de sa conférence de presse, Roger Cayzelle, le président du Conseil économique, social et environnemental de Lorraine, a dressé un sombre tableau de la situation économique régionale.
«Entre 1990 et 2000, la Lorraine a plutôt bien tiré son épingle du jeu en matière de création d’emplois puisqu’elle en a favorisé 70.000. Elle était alors dans une véritable dynamique. Depuis, la situation s’est dégradée puisque de 2000 à 2010 elle a perdu 30.000 emplois. Et ça continue depuis avec un chômage qui atteint 16,5% pour les jeunes et 16,2% pour les seniors. Le chômage de longue durée s’établit quant à lui à 9%», a rappelé Roger Cayzelle, le président du Conseil économique, social et environnemental de Lorraine (CESEL), lors de sa conférence de presse de rentrée. Pour qui en doutait encore, la Lorraine est en récession et dérive. Et heureusement que 100.000 Lorrains franchissent quotidiennement les frontières luxembourgeoises ou allemandes pour aller travailler, car la situation, en matière d’emplois, serait bien plus catastrophique encore. Sombre constat. Et les perspectives ne sont guère réjouissantes avec pêle-mêle, une démographie en berne, une industrie qui pâtit de l’absence de véritable stratégie nationale, un manque évident d’attractivité, une propension à l’immobilisme de la part des élus. Sans oublier qu’à l’heure du grand découpage, la région a hérité d’une mauvaise case.
Filières porteuses et attractivité
«La France est aujourd’hui coupée en deux avec des régions et des villes qui se développent à grande vitesse au sud et à l’ouest et d’autres, dans le nord et le nord-est du pays, qui souffrent», dixit le responsable. Toujours au registre des faiblesses, s’ajoute enfin l’absence d’un véritable leader ayant ses entrées à Paris (comme à Luxembourg) pour présenter et défendre des projets forts. Des projets qui doivent être d’autant plus pertinents et bien ficelés que l’état des caisses étatiques ne favorise pas un arrosage en généreuses subventions. «Faut pas être médiocres car on a vraiment besoin d’aide», insiste Roger Cayzelle, rappelant au passage que des projets d’infrastructures comme le canal Saône-Moselle, la liaison TGV vers le Sud ou l’élargissement de l’A31, comme les gros investissements tels qu’ULCOS ou Skylander, sont en délicatesse.Très bien. Mais quelles sont les pistes à explorer pour initier ses projets? «Il convient de porter nos efforts sur des filières porteuses, comme le bois, l’eau et les matériaux. Nous avons des ressources et des atouts à faire valoir dans ces domaines. Dans un autre registre, la région doit également parvenir à hisser son niveau de qualification et favoriser l’apprentissage de l’allemand. 5% des jeunes Lorrains bénéficient de 3 heures de cours d’allemand par semaine. En Alsace, c’est 80%», précise le président du CESEL pour qui l’avenir passe impérativement par une dynamique transfrontalière. «Surtout que le Luxembourg ou la Sarre sont demandeurs» ajoute-t-il non sans dénoncer l’échec de la présidence de Jean-Pierre Masseret à la tête de la Grande Région devenue un «concept publicitaire». Reste aussi à régler la question de l’attractivité. À défaut d’un judicieux glissement de terrain déposant délicatement la région (et le Luxembourg avec, de préférence) en bordure de mer, il va bien falloir trouver un moyen de faire en sorte que les «gens aient envie de venir chez nous», et tout particulièrement les investisseurs, les acteurs de l’innovation, les entrepreneurs… Certes, le centre Pompidou-Metz ou les efforts fournis par la région pour doper le tourisme vont dans le bon sens mais c’est encore insuffisant. Alors comment faire ? Question pour l’heure sans réponse. Cela dit, tout n’est pas perdu. Avec le réchauffement climatique, le territoire va gagner en sexappeal. Et en plus nos ressources en eau sont très importantes…