Un début de solution ?
L'occupation des navires d'Eurotunnel par les salariés de la SCOP SeaFrance, qui les arment pour le compte de MyFerryLink, touche peut-être à sa fin. Un protocole d'accord est en cours de négociation entre les salariés coopérateurs, Groupe EuroTunnel (GET) et le gouvernement. Les rencontres se multiplient alors que le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer doit décider prochainement de la mise en liquidation ou non de la coopérative.
La situation a commencé à se débloquer sur le Détroit. Deux réunions à Paris avec Alain Vidalies, secrétaire d’Etat au Transport, ont permis aux acteurs du dossier de se parler, sinon de commencer à trouver un terrain d’entente. Il s’agit pour le gouvernement d’aider à trouver une solution pour que DFDS prenne possession des navires (après la signature, avec GET, de contrats non encore rendus publics) et, surtout, de trouver celle qui permettrait de sauver le plus d’emplois possible. En effet, plus de 570 personnes travaillent aujourd’hui pour la SCOP sur la ligne Calais-Douvres. DFDS évaluait récemment à 230 les postes de travail disponibles pour les deux navires, tandis que GET estimait ses besoins pour le troisième navire qui reste dans son giron (le fréteur Nord-Pas-de-Calais) à 130 salariés. Soit un total de 360 emplois : «loin du compte» selon les scopiens qui bloquent les Berlioz et Rodin depuis plus d’un mois dans le port de Calais, interdisant au navire de DFDS d’y entrer. Ce blocus ciblé a depuis cessé avec le retour du Malo Seaway sur la ligne en question, qui a quand même essuyé des tirs de fusées. DFDS avait retiré son navire avant de l’y remettre. GET, par la voie de son PDG Jacques Gounon, n’apprécie toutefois pas que le gouvernement «oblige une société privée à choisir ses fournisseurs». La rancune reste tenace dans le plus conflicutel des dossiers de la Côte d’Opale.
Un protocole d’accord imminent ?
Le protocole d’accord issu des services d’Alain Vidalies n’a pas été dévoilé, mais les propositions des scopiens permettent de dégager certains points. Ces derniers proposent en effet d’armer directement un des deux futurs navires de DFDS ainsi que le Nord-Pas-de-Calais pour le compte d’Eurotunnel, une offre à laquelle ni DFDS ni GET n’ont répondu. Ce que souhaitent les scopiens avant tout, c’est de rester dans le jeu tout en sauvant un maximum d’emplois. Le montage reste le même : une nouvelle SCOP (avec 130 salariés) serait le prestataire de GET, tandis que la première SCOP créée serait celui de DFDS. Pour ce faire, ils comptent sur l’appui de la Région qui pourrait compléter un financement. Resteraient 107 personnes sur l’effectif précédent, qui seraient prioritaires pendant cinq ans si DFDS venait à augmenter ses effectifs. Autre point problématique, la créance de la SCOP sur GET estimée à 1,2 million d’euros : les scopiens en font un préalable. Enfin, les acteurs de ce dossier à tiroirs renonceraient à toute poursuite judiciaire les uns envers les autres. Eurotunnel a en effet assigné en justice certains membres de la SCOP qui avaient occupé fin juin le site du Tunnel, ainsi que l’assistant parlementaire du député Yann Capet ,présent sur les lieux. Pendant c e temps, le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer est sur le point de prendre une décision lourde de conséquences : la liquidation judiciaire (ou non) de la SCOP, qui a perdu son unique client (Eurotunnel) depuis le 2 juillet dernier, date de la fin du contrat d’affrètement. Le procureur de Boulogne-sur-Mer a demandé une prolongation de l’activité de la SCOP de six mois afin que toutes les possibilités soient envisagées. «Tant que les négociations entre les différentes parties ne sont pas interrompues, il apparaît opportun au procureur que le tribunal attende avant de se prononcer sur la liquidation judiciaire. Aujourd’hui, la question, c’est quid du paiement des salaires qui ne peuvent être versés par le régime de garantie tant que la SCOP n’est pas liquidée…», a déclaré Alexandre Delezenne, administrateur judiciaire de la SCOP.
De l’autre côté du Détroit, le gouvernement anglais vient de débloquer une aide pour la mise en sécurité du site du Tunnel, assailli par des milliers de migrants depuis des semaines. Une autre urgence pour le gestionnaire franco-britannique du lien fixe entre les deux pays.