Un centre d’essai des technologies solaires unique en Europe

Récemment, le centre d’essai des technologies solaires de Loos-en-Gohelle était inauguré par le préfet du Pas-de-Calais, en présence des initiateurs du projet. L’occasion de rappeler sa genèse et d’évoquer les développements futurs.

Produire de l’électricité grâce au soleil dans le bassin minier c’est possible et même facile. Née en 2004, l’idée a été initiée par le Cd2e en 2006 (Création développement d’éco-entreprises), Free Energy, Forclum et EDF, rejoints ensuite par Eiffage, la ville de Loos-en-Gohelle et la communaupôle de Lens- Liévin, pour donner naissance au centre de tests et de formation sur le solaire photovoltaïque, géré aujourd’hui par l’association LumiWatt.  “Il s’agit d’un équipement unique en France et en Europe. A notre connaissance, le seul équivalent à l’échelle mondiale se situe en Australie”, indique Christian Traisnel, directeur du Cd2e. Il s’agit d’un équipement qui permet de tester les différentes technologies disponibles et les usages que l’on peut en faire. “Nous voulions montrer qu’il est possible de produire de l’énergie dans le Nord et donc partout en France, permettre à des universités et des écoles de travailler sur des installations à taille réelle, former les installateurs et enfin obtenir des informations de production.” Contrairement à ce qui peut se faire dans les pôles de compétitivité, il n’est pas question de travailler sur les technologies liées au développement des cellules. “Dix technologies différentes (monocristallin, polycristallin, hybride, souple, etc.), sont testées sur trois types de supports (fixe, mobile à un axe et mobile à deux axe). Soit un total de 22 installations”, poursuit-il. Les technologies sur un axe ont un angle de 35° et pivotent pour aller chercher le soleil tout au long de la journée. Les supports à deux axes cherchent continuellement à avoir le meilleur rendement possible entre inclinaison et position du soleil. “Les supports fixes sont orientés plein sud avec un angle de 35°, il s’agit de l’inclinaison et de l’orientation optimales”, indique Christian Traisnel. Si la centrale a été mise en service à la fin de l’année dernière, les tests n’ont réellement commencé qu’au début de l’année 2011. “Nous enregistrons les données depuis le mois de janvier, nous souhaitons aujourd’hui faire des statistiques et voir quel est le rapport entre la production et l’euro investi, et selon la puissance installée.” En étude. L’installation maintenant opérationnelle, il est possible pour les membres de l’association (entreprises, Education nationale, acteurs locaux) de consulter les données suivant les modalités qui ont été conclues avec eux : données soit mensuelles, soit hebdomadaires, soit à la minute. “Suivant les tarifs, nous avons des données de plus en plus détaillées avec des comparaisons de plus en plus importantes entre les différentes technologies”, souligne le directeur du Cd2e. Le grand publicpourra également avoir accès à ces données via le site Internet de LumiWatt, mais ces dernières seront synthétisées et uniquement mensuelles car l’association veut privilégier la recherche, les installateurs et les autres acteurs de la filière. Mais au-delà de l’aspect test des technologies présentes sur le marché, la volonté clairement affichée par les partenaires du projet est de travailler avec les industriels de la région sur la partie stockage de l’énergie, donc le développement de nouvelles batteries. “Nous prévoyons de travailler avec des centres de recherche, notamment avec les Arts et Métiers de Lille qui sont les plus avancés dans les technologies d’injection de l’énergie dans le réseau”, précise Christian Traisnel. Deuxième phase. Pour mener à bien le projet de centrale de test, les partenaires ont profité du plan de relance de l’Etat, mis en place en 2008, pour obtenir des fonds. L’investissement pour la mise en place de cette plate-forme de tests est de l’ordre d’un million d’euros dont 70% ont été financés par l’Etat. Autre élément déclencheur, le fait qu’EDF et Forclum-Eiffage s’intéressent au projet. Aujourd’hui, l’association loi 1901 LumiWatt va assurer la gestion de l’installation, mais aussi ses évolutions et sa promotion à l’échelle de l’Eurorégion. Sont d’ores et déjà prévues deux autres tranches pour faire évoluer l’installation. La deuxième tranche consiste à installer des panneaux d’une puissance plus importante, “de l’ordre de 10 à 30 kilowatts crête” afin de voir comment les technologies réagissent sur des bâtiments plus grands et comment elles interfèrent sur les réseaux électriques. D’ailleurs, actuellement, des ensembles de 3 kilowatts crête sont testés sur la centrale. En troisième phase, il est question de réfléchir à la mise en place de tests sur d’autres technologies, comme l’éolien ou encore le géothermique. “L’idée est d’arriver dans la conception d’écoquartiers à faire du mix énergétique et du couplage d’énergie pour alimenter des quartiers”, imagine Christian Traisnel. Aujourd’hui, ce qui pose problème à François Miersman, président de l’association LumiWatt, reste le financement des évolutions du centre de tests. “Nous sommes actuellement dans une phase de recherche de financements, nous avons une idée de ce que nous pouvons obtenir de l’Etat, nous devons trouver l’équilibre”, détaille François Miersman. LumiWatt cherche donc des partenariats avec des entreprises pour pouvoir continuer à se développer dans le cadre, par exemple, d’un partenariat public/privé. Un potentiel important. Le photovoltaïque est une filière en pleine croissance dans les zones fortement ensoleillées mais reste plus faible dans les zones à ensoleillement modéré. “Si l’on compare avec l’Allemagne qui a un ensoleillement similaire à celui de notre région, on remarque que la concentration d’installations photovoltaïques y est beaucoup plus importante que dans notre région”, souligne Christian Traisnel. L’Allemagne concentre ainsi à elle seule plus de la moitié des installations photovoltaïques mondiales. En région, les décideurs sont conscients qu’il y a un potentiel de développement important. Encore faut-il que l’on se donne les moyens de développer le photovoltaïque à l’image de ce qui se fait chez nos voisins d’outre-Rhin. “Le projet LumiWatt a pour mission de favoriser le développement de ces technologies dans des zones moins ensoleillées, tout en développant les connaissances autour de ces technologies et des savoir-faire pertinents.” Les enjeux du photovoltaïque sont importants, d’abord parce qu’un panneau solaire est une technologie propre, présentant un bilan carbone largement positif sur sa durée de vie et que son intégration dans le paysage se fait sans nuisances sur l’écosystème. “La technologie permet de diminuer les pertes liées au transport de l’énergie en rapprochant les points de production du consommateur final.” Enfin, économiquement parlant, le photovoltaïque qui, à l’origine, avait été développé pour alimenter les satellites est aujourd’hui une technologie mature dont le prix est très compétitif par rapport aux autres énergies.