Marie-José Orloff, membre de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat et de la CAPEB, promue chevalière de l'Ordre national du mérite
Un caillou de plus dans le jardin de «Marie»
Honneur aux femmes durant la semaine consacrée à leurs droits. Marie-José Orloff, membre de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat (CMA), de la CAPEB et dirigeante multi-casquettes, a été décorée le 11 mars dernier à Calais promue chevalière de l'Ordre national du mérite. Un titre qui a fortement résonné devant un parterre de plus de 100 personnes.
Elle a l’âge de partir à la retraite mais cela ne risque pas (encore) de lui arriver. Marie-José Orloff, dirigeante d’OTP (travaux publics) et de la marbrerie La Rinxentoise, est entrée le 11 mars dernier dans l’Ordre national du mérite en étant distinguée comme chevalière. Récompense honorifique, remise par Laurent Rigaud, président de la CMA Hauts-de-France, qui ponctue un parcours à bien des égards remarquable pour une personnalité du monde économique du Pas-de-Calais. «Une personnalité unique, entière, cash, engagée. Une femme de conviction» dixit son parrain, Gabriel Hollander, président départemental de la CMA. La biographie qui suit en témoigne allègrement.
Le BTP chevillé au corps
Marie-Josée Orloff a
d’abord eu une longue carrière de salariée dans diverses
entreprises du BTP : Colas (Groupe Bouygues), Sogea (groupe
Vinci). Elle participera au chantier du siècle que constitue le
percement du Tunnel sous la Manche. Mais Marie-Josée Orloff
a aussi quelques dispositions pour entreprendre et créer.
Petite-fille de deux artisans et commerçants, elle est initiée aux
joies du bitume avec «Oncle Hervé» qui l’emmène sur
les chantiers. Le souvenir olfactif jouera à plein quelques
décennies plus tard. Espiègle en milieu scolaire, la petite fille
ramasse des cailloux… «je faisais des trous partout pour
trouver des fossiles. Je ne pouvais pas m’arrêter, c’est comme
ça» raconte t-elle. L’adolescente fait le mur, a une
affiche de Mitterrand au dessus de son lit et passe son bac technique
à Hénin-Beaumont dans la première section féminine de formation au
bâtiment. «A l’époque, le lycée m’avait inscrite
sous le nom de José...».
La cause des femmes commence pour elle. Diplômée, elle postule et son premier entretien est mémorable : «Désolé mais on ne va pas vous recevoir, nous n’avions pas vu que vous étiez une femme» se souvient la cheffe d’entreprise. Elle débute à Béthune comme métreuse en peinture, poursuit à Calais comme métreuse en terrassement. Elle se fait embaucher enceinte, monte en grade jusqu’au poste de conductrice de travaux. En 2003, elle quitte le salariat et prépare son projet de création d'entreprise, «juste pour m’occuper un peu»...
Orloff Travaux Publics démarre en 2005 avec «2 salariés, une mini-pelle, un compacteur et un camion» se souvient-elle. L’an dernier, OTP employait 15 salariés. Entre-temps, Marie-Josée a d’autres idées : «un jour, en rentrant, je dis à mon mari : dis, j’ai acheté 4 000 m². Une autre fois, je rentre et lui annonce que j’ai signé pour la reprise d’une marbrerie. Il a toujours eu confiance en moi». L’assistance est à terre.
«Ce n’est pas la secrétaire, c’est la patronne»
Entrepreneuse, Marie-José
est repérée par le président départementale de la CAPEB, Alain
Leleu. Elle enchaîne avec la commission territoriale, entre à la
CMA, conseille la Banque de France dans le secteur de l’artisanat,
mais continue de répondre au téléphone dans son entreprise :
«non ce n’est pas la secrétaire, c’est la patronne». Une dernière anecdote ? «Dans
des réunions, un ancien sous-préfet nous cofondait toujours. Moi,
représentant la CMA et Claire (Lefranc) représentant la CCI. Non
seulement on a arrêté de rectifier le tir et on a finit par lui
faire croire que j’étais bien la représentante de la CCI et
Claire celle de la CMA».