Un cœur d'Europe qui bat fort
A 350 km au sud-ouest de Varsovie, Wroclaw, ex-cité industrielle phare, concentre d'importants investissements étrangers. Le centre de recherche européen de Google, les hangars géants d'Amazon (136 000 m²), les chaînes de production de BASF, les consommables du Coréen LG Electronics, Nestlé, Volkswagen, Toyota, Whirlpool, HP, IBM… tous sont là.
A Wroclaw, Morgan Railane
La Pologne jouxte sept pays : l’Allemagne, la Tchéquie, la Slovaquie, l’Ukraine, la Biélorussie, la Lituanie et la Russie. Une situation géographique assez intéressante pour attirer les investissements européens. A Wroclaw (l’ex-ville allemande Breslau), certains groupes mondiaux ont pris pied. Et leur présence en attire d’autres qui seront leurs fournisseurs. Un cycle vertueux largement dopé aux fonds européens, dont les principales bénéficiaires, sont les zones économiques spéciales (ZES). Encadrées par un dispositif européen, elles ouvrent droit à des exemptions fiscales, des subventions sur l’emploi créé, des mises à disposition de locaux et parfois même d’équipements à la pointe de la technologie. En novembre dernier, le Technology Park de Wałbrzych inaugurait trois nouveaux bâtiments, dont une partie des surfaces a été acquise par des groupes étrangers, attirés entre autres par un niveau de salaire deux fois en dessous de la moyenne européenne. A la sortie de la ville, la quatre voies flambant neuve mène au Technology Park qui fête ses cinq ans. Là, plusieurs bâtiments accueillent une cinquantaine d’entreprises spécialisées dans la chimie, la biologie, la physique, le nucléaire aussi… Une crèche voit passer plus de 5 000 enfants par an ! “Nous essayons de les faire grandir avec l’idée de créer. Il y a des ateliers animés par des entrepreneurs“, explique Barbara Kasnikowska, présidente d’Invest Park Ltd qui présente ses 174 entreprises implantées et ses 3,5 milliards d’euros d’investissement. C’est la Ville de Wałbrzych qui a payé les infrastructures routières et une partie des réseaux. La province a pris sa part et l’Etat a accordé des exonérations fiscales : 19 % pour les entreprises, une TVA à 0,5 %, 8 % ou 23 % selon les produits. Les cotisations sociales et patronales sont réduites aux alentours de 30 %…
Des avantages de tout type. L’exonération peut durer autant que dure une partie de l’amortissement d’équipement neuf. Plus loin dans la plaine, de grandes enseignes occupent le terrain, vendu autour de 350 zlotys le mètre carré (1 euro = 4,3 zlotys). En ville, le mètre carré est à 60 euros ; la location d’un bureau s’évalue à 45 zlotys le mètre carré… Depuis les années 90, les majors ont pris racine et les sous-traitants polonais se sont aguerris. Assez aussi pour sortir de leur marché… Chez l’équipementier français de l’automobile Faurecia, on suit la croissance polonaise : 76 000 employés dans le pays et 7 sites de production en Basse-Silésie. “Nous sommes passés d’une production de 4,9 millions de pièces en 2012 contre 6 millions en 2013», indique Krol Mieczyslaw, directeur d’un des sites de production. Ses 830 employés sortent 26 camions quotidiennement. Une extension dédiée à la logistique est en cours. Les acteurs économiques de la province de Basse-Silésie ont donc de quoi parfaire leur argumentaire pour attirer l’attention et résoudre leurs problèmes sociaux (12 % de chômage dans la province) : 160 châteaux, des montagnes contiguës des frontières tchèque, allemande et slovaque, des équipements culturels et de loisirs. Ça tombe bien : l’an prochain, Wroclaw sera Capitale européenne de la culture.