Trois PME résolument orientées vers l’international

Ciel et Terre, Newmat, Fred & Fred ont déposé chacune au moins trois brevets et ont été distinguées pour l’intégration de la propriété industrielle dans leur stratégie de développement.

Trois PME résolument orientées vers l’international

Au moment où Fred & Fred recevait son trophée au siège régional de l’INPI le 10 décembre dernier, Frédéric Gervais, un de ses dirigeants, négociait un contrat à Shanghai. Une commande pour le compte d’une chaîne d’hôtellerie. «Le projet consiste à illuminer les parois d’ascenseur pour les faire changer de couleur et créer des motifs particuliers. L’utilisateur voit l’ascenseur arriver sans bruit ou avec un son couplé à l’illumination», explique l’autre Fred, c’est-à-dire Frédéric Rémaud, codirigeant de Fred & Fred, laquelle se prépare à déposer son quatrième brevet. Pour cette TPE lilloise de trois salariés créée en 2009 et spécialiste du design lumineux, «la propriété industrielle, c’est essentiel». «Les brevets nous permettent de discuter avec des distributeurs internationaux, de travailler avec des fabricants internationaux tout en préservant notre savoir-faire.»

Comme tous les ans, l’INPI a mis à l’honneur les PME qui font de la propriété industrielle un levier de croissance. Fred & Fred, Ciel et Terre et Newmat, les lauréates de cette 16e édition des Trophées INPI de l’innovation «ont su gérer au mieux les titres de propriété industrielle avec des résultats probants en termes de croissance, de gestion de l’innovation, de valorisation de la défense des droits de propriété industrielle et du développement durable». Dans toutes ces PME, la propriété industrielle est intégrée à tout projet. Ciel et Terre, qui développe des panneaux photovoltaïques flottants déployables sur plan d’eau, en particulier les lacs artificiels, a même bénéficié de prédiagnostic propriété industrielle proposé gratuitement aux PME par l’INPI. «Cela nous a permis de savoir s’il y avait des brevets déjà existants pour les produits que nous concevions», indique Alexis Gaveau, codirigeant de Ciel et Terre. La PME lilloise souligne aussi l’impact marketing de la propriété industrielle. «Avec le brevet nous pouvons dire à notre client que nous avons le bon produit et qu’il est unique dans le monde. De plus, le brevet rassure les partenaires et les investisseurs.» Ciel et Terre totalise à ce jour huit brevets avec des extensions internationales, en particulier au Japon et dans des pays asiatiques voisins. La PME lilloise réalise à ce jour une trentaine de projets dans l’empire du Soleil-Levant. «L’avenir pour nous c’est le Japon parce que, suite à Fukushima, le pays a décidé de développer les énergies renouvelables, explique Franck Prouvost. A cause du manque d’espace il est difficile aux Japonais de développer de grandes centrales photovoltaïques au sol. En revanche, le pays dispose de centaines de lacs artificiels.»

Newmat, dès sa création en 1987, a mis la protection de l’innovation au cœur de sa stratégie. «Je ne comprends pas comment on peut faire des innovations et pas les protéger», affirme perplexe Eric Vaulot, patron de Newmat, concepteur et fabricant de plafonds tendus à Haubourdin. A l’actif de la PME, 16 brevets. Avec l’an dernier une action d’éclat dans sa politique défensive de protection de l’innovation : «Nous avons remporté un procès pour contrefaçon contre un concurrent qui a dû nous verser 500 000 € de dommages et intérêts.»

Trait commun chez ces trois PME : leur dynamisme à l’international. Soit 80% du chiffre d’affaires à l’export chez Newmat. L’essentiel de l’activité de Ciel et Terre se localise en Asie. Avec le contrat de Shanghai et d’autres en négociation, Fred & Fred pourrait porter en 2014 de 50% à 80% son activité à l’étranger.

 D.R.

Lutte anti-contrefaçon : le droit à l’assistance des Douanes

Peu d’entreprises le savent. Victime de contrefaçon ? L’entreprise a droit à l’appui des Douanes pour mettre en œuvre une stratégie de lutte en vertu des traités de l’OMC. «La démarche n’est en rien coûteuse, explique Philippe Van Eeckout, consultant en lutte anti-contrefaçon. La seule obligation pour la PME c’est la détention de droits de propriété industrielle dans les pays où elle souhaite mettre en place cette politique de lutte contre la contrefaçon. Et 70% de toutes les contrefaçons saisies dans le monde le sont par les Douanes.» En France, on estime seulement  à 1 100 le nombre de PME sollicitant cette intervention.