Transport et logistique : face au manque de main d’œuvre, le secteur mise sur la formation
Le secteur des Transports et de la Logistique fait face à un manque de main d’œuvre depuis plusieurs années. Pour tenter de stopper l’hémorragie, les acteurs misent beaucoup sur la formation, qui suit les évolutions d’un domaine en mutation. Explications avec les représentants de l’AFT, de l’Union TLF et de France Travail.
Le secteur du transport et de la logistique propose un spectre très
large de métiers, partant du transport routier au fluvial, tout en
passant par le ferroviaire et se poursuivant dans les entrepôts et
la supply chain. En plus de ces professions, un grand nombre
d’organismes gravitent autour de ce secteur, a commencé par l’AFT
Transports et Logistique, qui travaille
sur les questions de formation et d’emploi ou
l’Union des entreprises Transport et Logistique de France, souvent
accompagné de France Travail. Les
liens entre les différents organismes des Hauts-de-France sont
d’ailleurs très forts, comme l’atteste Saou
Gadfha, délégué régional de
l’AFT
Hauts-de-France :
«Nous travaillons
en mode collectif et
bien souvent, nous
allons chercher d’autres
partenaires. Nous avons
tendance à chasser en meute.»
Un
travail de groupe bienvenu, puisque le secteur connaît des
difficultés de recrutement, notamment dans le retail, comme le
souligne Isabelle Samain, correspondante régionale transport et
logistique à la direction régionale de France Travail, même si
cette tension reste «compliquée à quantifier». L’un
des facteurs de cette pénurie est «une baisse d’activité
depuis fin d’année dernière et elle ne remonte toujours pas»,
indique de son côté le délégué régional TLF Hauts-de-France et
Normandie Pascal Vandale.
Une
formation coûteuse
Pourtant,
la filière forme en continu. Que ce soit dès le lycée, avec une
présence dans 26 établissements de la région Hauts-de-France,
ou avec des formules mises en place avec France Travail, à l’instar
de la préparation opérationnelle à l’emploi, qui amène
directement l’entreprise dans le processus de formation afin
qu’elle fasse savoir quelles sont les compétences directes à
acquérir pour les postes à pouvoir. Les demandeurs d’emploi
«entrent en formation avec, déjà, une promesse d’embauche
à la fin», explique Isabelle Samain. Le taux d’insertion
est donc plus élevé que lors d’une formation réalisée ailleurs
que sous l’égide de France Travail, rappelle la correspondante
régionale. Et Saou Gadfha d’ajouter que «plus tôt on
intègre l’entreprise dans la boucle, plus c’est simple»
pour chaque acteur de s’y retrouver. L’objectif est également de
«décloisonner» et de mélanger les publics.
Mais
même avec ces initiatives et les différentes aides de l’État et
de la Région, une formation peut être coûteuse. C’est le cas en
ce qui concerne le métier phare du secteur : conducteur routier
professionnel. Un prix qui peut atteindre 10 000 euros voir plus,
avec l’obtention de deux permis de conduire spécifiques, qui
coûtent cher aussi. Car «pour une journée de formation sur
un semi-remorque, seul quatre stagiaires en même temps peuvent être
présents», insiste Pascal Vandale. S’ajoutent à cela les
renouvellements des agrégations, et «les fonds de formation
de l’entreprise se retrouvent quasi épuisés». De plus, les
formations évoluent avec le temps. Les conducteurs routiers par
exemple, ne se contentent pas de rouler. «Il doit gérer de
l’informatique embarquée, et va être garant du process
administratif, de prévention, de sécurité… Tout cela est vu en
formation», fait savoir le délégué régional AFT Transport
logistique Hauts-de-France Saou Gadfha.
Une
possibilité d’évolution professionnelle importante
Malgré ces difficultés, le taux d’insertion général dans les métiers du transport reste bon, bien aidé par l’habitude des contrats longs et des CDI. Néanmoins, dans la logistique, le fonctionnement n’est pas le même, avec, en 2023, seulement 22 % de CDI et 62 % des contrats signés étaient des contrats de courte durée, selon les chiffres de France Travail, qui ne comptent pas les intérimaires. En 2022, il y en a eu 45 136. Mais les acteurs de la filière rassurent les intéressés en assurant que les métiers de la logistique sont les derniers «où il est encore possible d'évoluer, même sans un gros diplôme», déclare Isabelle Samain. Ce secteur d’activité donne sa chance à tout le monde, et c’est ce que les organismes cherchent à faire savoir.
Vers une lente féminisation du secteur
Les métiers du transport et de la logistique ont, historiquement, vu passer peu de femmes dans leurs rangs, encore plus dans le secteur du transport et de la conduite de véhicules lourds. Mais les temps changent et les femmes se font de plus en plus présentes, comme l’explique Saou Gadfha. «Avant, nous étions en dessous de 1 %, maintenant, nous sommes à plus à 3 %». Les sessions de formation, auparavant exclusivement masculine, accueillent désormais «toujours trois ou quatre filles dans une classe de 30». De plus, en lien avec les entreprises, France Travail met en place des promotions uniquement féminines de façon occasionnelle.