Transmanche : les touristes sont de retour à Calais
Le trafic voyageurs a plus que doublé au premier semestre 2022 par rapport à 2021 sur la même période. Un retour d'activité insuffisant mais rassurant qui marque - peut-être- la fin des perturbations liées au Covid et au Brexit.
Le 11 août, le port de Calais dressait son traditionnel bilan semestriel. Un moment attendu après deux années perturbées par le Covid et le Brexit, qui a mis en évidence une bonne nouvelle : le trafic lié au tourisme est de retour. En effet, en dépit d'un début d'année toujours marqué par des restrictions sanitaires, le nombre de passagers ayant traversé le Channel depuis ou vers Calais a plus que doublé par rapport au premier semestre 2021.
Ainsi, 2 603 168 voyageurs ont été enregistrés depuis le 1er janvier, contre 1 170 593 pour la même période en 2021 (+122%). Le seul mois de juillet a vu sa fréquentation portée à 860 940 (+291%). Le trafic des véhicules de tourisme a logiquement suivi la même tendance avec 453 710 mouvements au 1er semestre 2022 (et 155 580 pour le seul mois de juillet), soit une hausse de 521% par rapport à 2021 (72 989 véhicules).
Le fret marque un peu le pas
Ces hausses considérables ont de quoi donner le sourire aux acteurs portuaires. Néanmoins, le niveau du trafic touristique n'est pas encore revenu à celui de 2019. L’augmentation ne rattrape qu’à 75% la perte du trafic de tourisme par rapport à juillet 2019. Le trafic des autocars, notamment, quasiment à l'arrêt depuis le début de la crise sanitaire, a aussi amorcé une reprise avec 13 057 unités enregistrées, mais reste confronté à la frilosité, entre autres des établissements scolaires.
Les récentes attentes massives au port de Douvres pourraient aussi assombrir le tableau. Les dirigeants calaisiens ont donc annoncé avoir anticipé cette situation en vue des retours massifs des Britanniques vers leur île, prévus au mois d’août. Plus de moyens humains et matériels seront mis à disposition pour faciliter le retour des touristes quittant le sol français. Ce sont les contrôles biométriques mobiles qui feront gagner un précieux temps.
Le trafic fret, de son côté, est en léger retrait. Sur les sept premiers mois de l'année, le trafic de poids lourds est en baisse de 1,8%, soit 16 486 traversées. Et il est particulièrement marqué en juillet avec seulement 129 489 unités enregistrées contre 143 662 en juillet 2021 (-10%). Les dirigeants du port l'expliquent notamment par l’arrêt d'activité durant plusieurs mois du plus gros acteur de la ligne Calais-Douvres, P&O. Celui-ci revient progressivement à des rotations régulières à 100%.
Durant la même période, l'activité des autoroutes ferroviaires a quant à elle bondi, avec une hausse de plus de 37% par rapport à 2021. Cela représente un doublement d’activité par rapport à 2019. Le non-accompagné devient une valeur sûre avec plus de 32 000 remorques qui ont transité par le port de Calais sur un semestre (+50%).
Un nouveau transmanche à Boulogne ?
Globalement positifs, ces résultats doivent relancer le port après la douloureuse parenthèse 2020-2021. «Il faut consolider les acquis et continuer de regarder vers l’avenir», a déclaré Benoît Rochet. Nommé directeur général du port, ce dernier n'oublie pas non plus l'importance de la place boulonnaise. Bien sûr, la pêche reste, avec la criée et la zone de Capécure, un axe de développement fort. «Le port a tout pour réussir et l’activité de vente du poisson à la criée doit se renforcer et augmenter», commente le directeur.
Mais d'autres projets sont à l'étude, pour accentuer les synergies entre Boulogne et Calais. En particulier, les tractations vont bon train avec plusieurs sociétés pour des projets qui pourraient voir l’arrivée d’un nouveau transmanche au départ de Boulogne-sur-Mer. Le port possède déjà toutes les infrastructures pour l’accueillir (Hub Port, voie ferrée, etc.). Il ne manque que le ferry qui pourrait être de nouvelle génération, fonctionnant au biocarburant ou hybride électrique. La Société d’exploitation des ports du Détroit entend tout mettre en œuvre pour conforter sa place de leader et sa bonne santé financière face à son concurrent Eurotunnel.