Transition écologique : ces start-up qui s’inspirent de la nature
Régénérer le sol grâce aux champignons, éloigner les insectes ravageurs par les odeurs… Plusieurs start-up spécialisées dans l’agriculture présentaient leur démarche, lors d’un événement organisé par l’Inrae, institut de recherche. Toutes ont conçu des solutions qui visent une agriculture et une alimentation plus durables.
Quand la science cherche à exploiter les mécanismes de la nature… Fin septembre, l’Inrae, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement, lançait sa première édition de Startup for planet. L’événement est destiné à donner de la visibilité à son activité en matière d’accompagnement de jeunes entreprises nées des travaux de ses chercheurs et étudiants. Depuis 1999, l’Inrae a accompagné 223 de ces entreprises, et 179 sont encore en activité. L’une d’elle, Ynsect, qui produit des insectes à grande échelle, a levé 372 millions de dollars en 2020… Les cinq start-up qui ont témoigné n’en sont pas à ce stade, mais elles déjà fait leurs preuves sur le plan économique. Elles sont engagées dans le domaine de l’agritech (production), la foodtech (alimentation), et green tech (environnement).
Certaines de ces sociétés proposent des solutions qui marient efficacité et utilisation des atouts fournis par la nature. Toutes s’efforcent d’accompagner des démarches de professionnels de l’agriculture et de l’alimentation qui vont dans un sens plus durable. C’est notamment le cas de Mycophyto, spin-off Inrae et UCA, Université Côte d’Azur, fondée en 2017. La société est spécialisé dans la bio-stimulation des sols et leur revitalisation. Le principe ? Booster les synergies naturelles entre plantes et champignons mycorhiziens microscopiques déjà présents dans le sol.
Cela permet d’accroître les rendements en diminuant d’autant la nécessité du recours aux engrais. «Nos systèmes de production agricole sont dépendants d’intrants comme l’azote, dont le prix augmente. Il s’agit d’innover en s’inspirant de la nature . Nous sommes là pour accélérer cette transition écologique», explique Mathilde Clément, responsable R&D chez Mycophyto. Déjà, la société emploie 18 personnes et ses effectifs devraient passer à 25, l’an prochain. Une trentaine de clients lui ont déjà fait confiance, les premiers contrats à l’étranger étant en passe d’être signés.
Faire travailler les crevettes, atterrir sur une table étoilée
Dans une démarche comparable à celle de Mycophyto, Agriodor propose des solutions de biocontrôle contre les insectes ravageurs des récoltes. La quinzaine de salariés de la société, fondée en 2019, créent des parfums qui repoussent les insectes, ce qui permet de remplacer les insecticides. Cette offre est basée sur des brevets qui découlent des résultats des recherches réalisées par la fondatrice de la société, Ené Leppik. A l’Inrae, elle a étudié les médiateurs chimiques entre insectes et plantes.
Mais c’est la crevette qui est au cœur de la solution proposée par Biomae. La société a été cofondée par Guillaume Jubeaux, auteur d’une thèse sur le développement de biomarqueurs de perturbation endocrinienne chez le gammare, un crustacé, à l’Inrae. Sa société est spécialisée dans la surveillance de la qualité chimique et écotoxicologique des cours d’eau. De petites crevettes, encagées dans le milieu que l’on souhaite observer, permettent de tester la qualité de l’eau.
Le principe sur lequel se base Hiphen est différent. La société, fondée en 2014, propose de fournir aux acteurs du monde agricole des informations très précises sur la qualité de leur culture, ce qui permet d’affiner leur gestion. Des images prises par des satellites, des drones, des capteurs comme des caméras multispectrales Airphen, sont ensuite traitées par l’intelligence artificielle. La démarche intéresse semenciers, agriculteurs… Et l’entreprise est actuellement en train de mettre en place un dispositif sur les pressoirs de Moët et Chandon, en Champagne, afin d’évaluer la qualité du produit en temps réel.
Autre start-up encore, Les Nouveaux affineurs ont eux aussi un client prestigieux : leurs affinés végétaux, fabriqués à partir de noix de cajou, soja et aromates bio sont servis sur la table étoilée du Pavillon Ledoyen, à Paris. La technologie utilisée permet de proposer un produit «bon en goût» et «à haute valeur nutritionnelle», assure Nour Akbaraly, fondateur de l’entreprise. Les rapports de la FAO (Organisation pour l'alimentation et l'agriculture des Nations Unies) sont clairs : il est indispensable d’augmenter la consommation de protéines végétales pour assurer une transition alimentaire. ..