Touche pas à la salamandre tachetée

La nature gagne toujours (ou presque) et depuis quelques temps, elle se rappelle gentiment à nous. Pas de méga catastrophes naturelles en vue dans nos contrées, mais une décision de la cour administrative d’appel de Nancy qui nous rappelle que l’on ne badine pas aujourd’hui avec l’environnement et les espèces protégées.

Touche pas à la salamandre tachetée

Le 28 septembre, la juridiction a confirmé une décision du tribunal administratif d’octobre 2020 annulant des arrêtés préfectoraux de 2018 autorisant deux sociétés du groupe Batigère (SA HLM Batigère et SA Maison familiale Batigère) à «déroger à l’interdiction de capture temporaire avec relâché des spécimens de salamandres tachetées» pour la construction de trois bâtiments (soixante logements locatifs sociaux et dix-huit logements en accession sociale à la propriété) à Villers-lès-Nancy. La salamandre tachetée, une espèce protégée, a élu domicile sur ce fameux terrain convoité par le bailleur social. Quand le projet sort des cartons que les premiers coups de pioche sont donnés, une soixantaine de riverains et l’association La salamandre de l’Asnée saisissent la juridiction administrative nancéienne. Le jugement opéré par cette dernière est alors contesté par le groupe Batigère. Reste que la salamandre tachetée, inscrite sur la liste rouge des amphibiens et des reptiles de Lorraine, de France métropolitaine, d’Europe et mondiale, est une espèce protégée. Les préfets peuvent autoriser des dérogations ponctuelles sous condition. Il apparaît qu’elles n’étaient pas présentes dans ce cas précis. «Le projet de Batigère présente un intérêt public, il ne répond toutefois pas à une raison impérative d’intérêt public majeur suffisante pour justifier qu’il soit dérogé à la législation assurant l’objectif de conservation de la faune sauvage», explique la Cour administrative d’appel de Nancy. Conséquence directe : «les sociétés du groupe Batigère ne pourront pas construire les trois bâtiments de leur projet.» Le groupe a deux mois pour opérer un recours en cassation devant le Conseil d’État. Quand on vous dit que l’on ne badine plus avec l’environnement... mais on a pas besoin de logements en France ?