Tioxide fermera-t-il ?
Depuis le début de l'année, l’inquiétude monte sur le site industriel du fabricant de pigments Huntsmann-Tioxide. Disparition des stocks, silence de la direction ont mis la puce à l'oreille des organisations syndicales : l'usine est à deux doigts de la disparition.
En février 2011, les élus de l’Agglomération étaient fiers de présenter le soutien qu’ils apportaient au géant américain des produits chimiques destinés à l’industrie : 500 000 euros avaient été avancés à Huntsmann-Tioxide pour investir dans une nouvelle activité à Calais. Il s’agissait alors de fabriquer un engrais et de diversifier la palette de produits de l’usine de la zone des Dunes (Tioxide produisant essentiellement de l’oxyde de titane). L’avance remboursable n’était pas vitale pour un groupe qui pèse des milliards d’euros, mais cela avait fait pencher la balance pour sauvegarder le site selon la direction, qui avait décidé d’investir près de 30 millions d’euros.
Deux ans plus tard, le groupe américain annonçait qu’il entendait cesser l’activité oxyde de titane de Calais : concurrence asiatique, perte d’exploitation ont conduit la direction à fermer le site de Calais, 269 employés… En mars dernier, les réunions du comité d’entreprise ont commencé à étudier les livres 1 et 2 du plan social. La procédure a été lancée officiellement le 31 mars dernier. Recherche d’un repreneur par la société mère, ouverture d’une cellule de reclassements, choix des critères sur la base desquels une majorité des personnels sera licenciée, calendrier… Le 13 mars dernier, la direction a présenté, lors d’une réunion d’information, des propositions d’indemnités : elles s’échelonnent autour de quelques dizaines de milliers d’euros.
Repreneurs et indemnités. En février dernier, une grève a lieu. Les élus se succèdent devant les salariés pour leur signifier leur soutien. Le ministère de l’Economie et des Finances est alerté. Tout le monde s’efforce de trouver un repreneur. Mais qui peut bien vouloir d’un site industriel en Europe qui fabrique un produit qu’on trouve moins cher en Asie ? En attendant une hypothétique bonne nouvelle, les négociations sur les indemnités sont lancées. On parle, sous le manteau, de quelques dizaines de milliers d’euros pour les 150 personnes concernées par les licenciements.
Avant l’été, on connaîtra certainement le nom des éventuels repreneurs… et leurs conditions. La direction aura d’ici là essayé de conclure avec l’intersyndicale à qui il ne reste plus que le pouvoir de négocier au mieux une sortie la plus compensatrice possible pour les ouvriers calaisiens. Avec Tioxide, Calais perdrait son plus important outil industriel. La direction est toujours muette à cette heure.