Thomas Dillon Corneck :“une approche gagnant-gagnant”
Déjà présent en Asie, en Amérique du Nord et du Sud, en Afrique et en Océanie, Pacific Andes – l’un des tout premiers intervenants dans le monde de la pêche –, investit pour la première fois en Europe en rachetant les unités française (située sur les hauteurs de Boulogne-sur-Mer) et allemande du groupe islandais Icelandic. Entretien avec Thomas Dillon Corneck, président d’Icelandic France SAS.
La Gazette. Quelle est l’activité d’Icelandic France aujourd’hui ?
Thomas Dillon Corneck. La holding française que je préside comprend notre siège parisien (boulevard Malersherbes), en charge de la commercialisation et du marketing sur le marché français des produits de la mer du groupe Icelandic, et une importante unité de transformation située à Wimille, proche du port de pêche de Boulogne-sur-Mer. Cette usine, spécialisée dans le poisson pané surgelé, a été créée par le Boulonnais Francis Lanoy, il y a un demisiècle, sous la marque Gelmer. Elle a été reprise par Icelandic en septembre 2006. Plus de 10 000 tonnes de produits divers (croquettes, portions nature, steaks de poisson, préformés en beignet ou cubes indiens) y sont préparées chaque année, sous marque de distributeur, à destination des grandes et moyennes surfaces, des freezer centers et de la restauration hors domicile. L’usine, dirigée par Yannick Alloucherie, emploie actuellement 240 salariés.
Quelle est votre force ?
Nous réalisons un chiffre d’affaires de 50 M€. Nous possédons aussi en interne un service R&D qui nous permet de développer de nouvelles recettes en partenariat avec nos clients. Nous possédons bien des certifications – IFS High Level, BRC grade A, HACCP, MSC, Iso 14001 – appréciés sur les marchés français et étrangers.
De surcroît, idéalement situés face à l’Angleterre, nous sommes bien positionnés sur le marché britannique qui conserve sa culture du fish and chips et nous exportons 15% de notre production.
Précisément, comment s’est effectué ce rachat par le groupe asiatique ?
Depuis le départ de l’industriel islandais Brynjolfur Bjarnason en février 2011, Icelandic est la propriété du fonds de pension FSI, qui a très vite signifié sa volonté de vendre certains de ses actifs non stratégiques. Un consortium piloté par Pacific Andes s’est porté acquéreur d’Icelandic France, mais aussi de la société Pickenpack Hussmann & Hahn implantée en Allemagne. Pacif ic Andes est un groupe fondé en 1987, côté à la bourse de Hongkong depuis 1994. Devenu premier armement mondial à la pêche, il pèse aujourd’hui quelque 2 milliards de dollars.
Concrètement, que représente cette opération pour Icelandic France ?
Le directeur général de Pacific Andes, Ng Joo Siang, qui a conf iance dans le savoir-faire industriel de ses deux nouvelles entités, souhaite s’appuyer sur les managements installés. Cela offre une opportunité incroyable à la société française qui connaissait quelques difficultés, mais qui dispose d’une capacité inemployée. Implantées sur une surface de 11 000 m², nos six lignes de production automatisées à Wimille, facilement adaptables aux souhaits de nos clients, peuvent produire jusqu’à 25 000 tonnes.
Et pour le proche avenir ?
Jusqu’à présent, Icelandic ne constituait pas une filière intégrée. Nous allons donc désormais nous inscrire dans une logique industrielle. Nous allons surtout bénéficier du sourcing que nous assure notre repreneur qui maîtrise ses quotas de pêche sur tous les océans : la disponibilité des volumes, la qualité et les prix de notre matière première. Même si Pacific Andes était déjà l’un de nos fournisseurs, en colin d’Alaska notamment (+ de 50% de nos volumes), ce rachat sécurise nos approvisionnements.
A contrario, quel est l’intérêt pour le repreneur, Pacific Andes ?
Jusqu’à présent Pacific Andes ne possédait pas de plateforme de transformation et de commercialisation du poisson en Europe. Avec cette opération, l’aval et l’amont se réunissent. C’est du gagnant gagnant. Nous ne sommes plus dans une logique purement financière !