Thierry Bauer : «Je suis un chef d’entreprise à l’ancienne»
Le Toulois Thierry Bauer gère depuis deux décennies son entreprise éponyme, véhiculant une approche authentique de son implication dans le bâtiment. Rencontre avec un personnage entier qui évoque le pilotage de sa société. Entre autres.
«Sans
hésiter, et je le revendique, je suis un dirigeant à l’ancienne», sourit Thierry Bauer. Le Toulo-Toulois
ne semble jamais se départir d’un certain flegme. Assurément une qualité pour
diriger une entreprise. L’homme avoue bien volontiers : «Dans une telle
aventure, il y a forcément des hauts et des bas, il faut du caractère, repartir
toujours de l’avant. Se dire que jamais rien n’est acquis. Tout le monde n’est
pas fait pour être chef d’entreprise.» Pour Thierry Bauer, tout commence de
manière classique : «À mon époque, quand on était moyen à l’école, bien
souvent, on allait en section professionnelle. Je me suis retrouvé en
électromécanique. C’est un peu comme cela qu’on a dévalorisé le travail manuel.
Je ne suis pas sûr que cela ait d’ailleurs beaucoup changé», dit-il. À 17
ans vient le temps du service militaire en Allemagne. Thierry Bauer prend une
route où se forge l’humilité et le sens du travail, comme ripeur, puis à
l’usine de pneumatiques Kleber. Avant de trouver sa place dans la branche du
bâtiment. «Je me suis dit, pourquoi ne pas créer mon entreprise ?»
Ce sera chose faite en 2001, avec son fidèle acolyte Stéphane. À sa genèse,
l’entreprise était concentrée sur l’activité d’isolation. Au fil des années,
les compétences sont venues s’agréger, dans son domaine de l’aménagement de
combles et de la rénovation. Elle est certifiée RGE Qualibat et Handibat, avec
une clientèle de particuliers.
La passation est assurée
Thierry Bauer précise : «Désormais, l’entreprise peut gérer l’intégralité d’un chantier, je travaille aussi avec des sous-traitants. Les chantiers sont locaux, mais en réalité, ils vont où mon envie me porte. Si c’est à Toulouse, c’est à Toulouse.» L’homme reste ancré sur des principes auxquels il tient : «Quand j’embauche, je ne regarde pas le diplôme. L’essentiel pour moi est de donner satisfaction au client, d’être courageux et polyvalent. Quand on passe la porte de l’entreprise, il y a avant tout une équipe, tout le monde est à égalité. Les échanges sont simples et directs.» L’entreprise, implantée aujourd’hui sur le pôle industriel Toul Europe, emploie dix personnes et un apprenti. L’apprentissage, on sent le sujet préoccupant chez Thierry Bauer : «Si je ne suis pas inquiet pour l’avenir de ma société, je le suis davantage pour celui de nos métiers. Dans le bâtiment, il y a une pénurie de main-d’œuvre. Peut-être ne sommes-nous pas assez attractifs pour les jeunes dans le monde d’aujourd’hui. Peut-être sans doute devrions aller davantage vers eux, nous promouvoir dans les collèges...» Regardant dans le rétro, il confie : «20 ans, cela a passé bien vite.» On devine aisément comme un soulagement. Pour une bonne raison. La succession est en effet assurée. «La passation, je préfère. Mes fils Kévin et Nolan prendront ma suite, comme associés. C’est déjà acté et organisé.» La famille, justement, le socle d’équilibre de Thierry Bauer. On touche là une corde sensible chez cet homme d’apparence rocailleuse : «Ce dont je suis le plus fier ? De mes enfants et de mes petits-enfants.» Serein, on vous disait, Thierry Bauer.
L’apprentissage frémit
Il y a un frémissement notable dans la formation par l’apprentissage ces derniers mois, notamment dans le bâtiment et les travaux publics. Des chiffres toujours à regarder avec un optimisme mesuré et pondéré. La branche est au cœur des enjeux de mobilité durable, de transition écologique, de la révolution numérique et technologique. Des vecteurs susceptibles d’attirer les jeunes, lesquels peuvent commencer par un CAP et ensuite franchir des passerelles pouvant conduire jusqu'au diplôme d'ingénieur. 9 apprentis sur 10 trouvent un emploi rapidement à l'issue de leur formation, c'est donc une voie royale vers l'insertion professionnelle.