Testé et approuvé, “Mine d’art en sentier”

 

Au départ de l’étang Amaury à Hergnies, un sentier serpente dans le sous-bois, épousant étroitement les contours du plan d’eau. Difficile d’imaginer que cet espace où la nature a depuis longtemps repris ses droits était auparavant un carreau de mine. Et que c’est précisément un affaissement minier qui a façonné ce site aujourd’hui reconverti en base nautique et centre d’éducation à l’environnement.
Soudain, au détour du chemin, surgit un ponton de bois menant à un assemblage de branchages dont l’agencement fait irrésistiblement penser à une cage thoracique ou à des bronches, à quelque chose d’organique en tout cas. Preuve que l’oeuvre fonctionne car cette sculpture, réalisée sur site par l’artiste sudcoréen Bonggi Park, s’appelle justement Breath, “souffle” en anglais…
Quelques coups de pédales plus loin – car cette exposition de plein air se visite à pied ou à vélo, selon un parcours de huit kilomètres accessible en deux boucles de quatre –, l’exubérante artiste britannique Lorna Green s’affaire sur sa création, Asseyezvous et regardez, un espace de détente et de méditation constitué de deux murets en schiste, comme deux parenthèses de part et d’autre de sièges en pierre.

Artistes en résidence. Entre le 26 mai et le 9 juin, treize artistes français et étrangers, dont deux couples, ont ainsi travaillé en résidence à la réalisation des onze oeuvres destinées à être exposées en pleine nature. Onze oeuvres évoquant d’une manière ou d’une autre la mine et le travail des mineurs. A l’image de En suspens, de l’artiste française Pascale Planche, une création directement inspirée de la salle des pendus, ou bien encore Dedans la terre, du régional de l’étape Fred Martin : une structure en bois recouverte d’argile, symbolisant deux mains gigantesques fouissant la terre.

Un projet artistique et de territoire. L’idée d’une telle exposition revient donc au parc naturel régional Scarpe-Escaut, qui souhaitait pour le territoire un projet artistique inédit, fédérateur et destiné à rayonner à l’échelle nationale voire internationale. “Nous voulions valoriser le bassin minier, rappeler qu’il fait partie de notre histoire, de notre passé, mais qu’il détient également les clés de notre avenir”, souligne Daniel Mio, président du PNR. Nul passéisme donc dans ce projet, mais un autre regard, qui étonne et interroge. Qui rappelle aussi que le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. D’où la participation active de la Mission Bassin minier et de l’association Bassin minier uni, entre autres partenaires institutionnels. Car “Mine d’art en sentier” s’inscrit également dans le projet “Mineurs du monde” porté par le conseil régional du Nord- Pas-de-Calais. L’exposition a par ailleurs trouvé un écho auprès de nombreux acteurs locaux, à commencer par les communes qui l’accueillent et leurs habitants, petits et grands. Ainsi, 25 classes de la circonscription ont créé leurs propres oeuvres qui seront exposées le long du sentier de randonnée, aux côtés de celles des “grands”.

OEuvres éphémères à découvrir d’urgence. Artiste plasticien et commissaire de l’exposition, Thierry Teneul revient pour sa part sur la manière dont ont été sélectionnés les onze projets artistiques retenus. Un choix d’autant plus cornélien que 96 artistes, venus de 18 pays, avaient fait acte de candidature. “Nous sommes partis d’un cahier des charges très précis. Puis, nous nous sommes réunis en un jury d’une dizaine de personnes pour étudier chaque proposition. Nous avons éliminé les projets trop simplistes ou évidents. De même, nous avons privilégié l’emploi de matériaux nobles, tels que le bois, ou de matières évoquant directement l’histoire de la région, comme l’acier…”
Ces oeuvres éphémères seront visibles jusqu’au 2 septembre dans le cadre de visites guidées agrémentées de nombreuses animations musicales, théâtrales, etc. pour toute la famille. Peutêtre certaines perdureront-elles ? Les autres disparaîtront petit à petit comme, avant elles, l’activité minière en Nord-Pas-de- Calais…

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