Tereos et Futerro partenaires pour conquérir le marché du bioplastiques
Les deux industriels ont conclu, le 11 avril, un partenariat d’approvisionnement. Tereos fournira 150 000 tonnes de dextrose par an à l’usine de bioplastique.
Du plastique pétrosourcé au bioplastique… Comme un symbole, c’est quelques dizaines de minutes après l’annonce de l’arrêt des activités d’Exxon Mobil Chemical à Port-Jérôme, que le groupe Tereos a lié son destin à l’industriel belge Futerro, le 11 avril. Ce sont ainsi 150 000 tonnes de dextrose - produit à base de blé français dans l’amidonnerie de Lillebonne- qui seront envoyées dans l’usine Futerro annoncée pour 2027 à Saint-Jean-de-Folleville.
Une plateforme bio-industrielle unique en Europe
« En chimie, on ne peut pas se passer du carbone. Mais il faut quitter au plus vite le carbone fossile » a défendu Frédéric Van Gansberghe, président de Futerro. L’arrivée de l’industriel belge apporte donc une pointe de réconfort pour les salariés et sous-traitants d’Exxon, ainsi que pour les élus du territoire. En effet, Futerro annonce la création de 250 emplois directs et près de 900 indirects. Chez Tereos, les chiffres sont moins importants. « Nous prévoyons d’ouvrir 10 à 20 postes à l’horizon 2028 », a estimé Olivier Leducq, directeur général de l’usine Tereos de Lillebonne, précisant que la masse salariale serait ajustée au fur et à mesure.
La signature de ce partenariat ouvre la porte à la création d’une plateforme bio-industrielle unique en Europe, qui permettra de produire des biomatériaux innovants. La présence de Tereos et de ses capacités de production de dextrose a lourdement pesé sur le choix de Futerro de s’implanter sur l’axe Seine. Fort de cet approvisionnement de proximité, l’industriel belge va ainsi investir 500 M€ dans une usine de production et de recyclage de PLA (acide polylactique). Celle-ci - connectée à l’usine Tereos par pipe-line d’un kilomètre et demi cofinancé par les deux entreprises - comportera une unité de fermentation (destinées à transformer le dextrose en acide lactique) et une unité de polymérisation.
300 000 t de blé et 75 000 tonnes de bioplastique
Objectif à terme : produire 75 000 tonnes de ce PLA, dont le marché européen est aujourd’hui évalué à 80 000 tonnes (dont 40 000 tonnes pour l’emballage alimentaire). « C’est le plus crédible des bioplastiques, a insisté Frédéric Van Gansberghe. Il est principalement utilisé pour l’emballage alimentaire et non-alimentaire, mais de nouvelles applications émergent sur le marché du textile, de l’automobile ou des plastiques agricoles ». Et il peut être composté (sous ses formes les plus « fragiles ») ou recyclé sous ses formes plus résistantes. D’ailleurs, et c’est une première mondiale, l’usine de Saint-Jean-de-Folleville, devrait comporter une unité de recyclage moléculaire.
De son côté, Tereos, troisième acteur européen sur le marché des produits amylacés, prévoit aussi des investissements. Ceux-ci devraient s’élever à 30 M€ pour augmenter les capacités de production et ainsi répondre aux besoins de son nouveau partenaire. Le site de Lillebonne transforme aujourd’hui 800 000 tonnes de blé par an et ce sont environ 300 000 tonnes supplémentaires qui seront nécessaires pour alimenter Futerro. « Diversifier les débouchés et les rendre plus durables sont au cœur de notre stratégie, a insisté Olivier Leducq. Le blé qui sera destiné à Futerro sera en totalité livré depuis la Normandie et la région parisienne. Pour 25% à 30%, il sera acheminé par voie d’eau. »