Tatiana Vinnikova, un talent venu d’Oural
De l’Ukraine, son pays natal, Tatiana Vinnikova a importé un savoir-faire ancestral à Nancy, sa ville d’adoption. Tombée sous le charme de la cité de Stanislas, elle y a trouvé sa voie professionnelle. Artisan d’art, elle fait grandir son réseau chaque jour un peu plus.
«Quand je suis arrivée à Nancy, je suis tombée amoureuse de la place Stanislas et j’ai visité tous les musées», dit Tatiana Vinnikova. Il y a dans le sourire de cette Ukrainienne des racines que le destin mena en France voilà deux ans, avec ses deux filles, une infinie douceur. Son accent aux pointes slaves se conjugue avec une maîtrise appliquée de la langue de Molière. Sa trajectoire débute sous des augures classiques : des études d’économie à l’université de Kiev puis des emplois dans des sociétés privées et publiques, comme employée administrative, en Ukraine et en Pologne. Pourtant, déjà, un dessein se noue : «Adolescente, j’étais passionnée par l’art, la peinture, le dessin. Je jouais du piano et du violoncelle. Mon grand-père était artisan et fabriquait des chaussures. Mes parents sont ingénieurs. Ma mère a toujours été passionnée de couture et de mode. Ma sœur est styliste, créant des vêtements en soie en Pologne», détaille Tatiana Vinnikova. Immergée soudain dans le décorum nancéien, elle a comme une révélation : «Ici, l’art est présent partout. Cela m’impressionne et m’a donné envie de créer quelque chose qu’il n’y avait pas à Nancy.» En Ukraine, elle avait commencé à apprendre à feutrer la laine, selon une technique très ancienne. Le procédé de feutrage à l’eau et au savon permet d’éviter la présence de coutures. Tatiana Vinnikova emprunte un parcours initiatique : «Je me suis rendue à Felletin, un village dans la Creuse, la capitale de la laine feutrée en France, pour suivre une formation et des ateliers de partage avec d’autres feutrières.»
À la Maison des Créateurs
À son retour à Nancy, Tatiana Vinnikova prend contact avec le collectif des Métiers d’art en Grand Est, lequel l’oriente vers la couveuse d’entreprises maxévilloise Pacelor. Pilotée dans son projet, elle lance son atelier Miracle Laine Design. Depuis, elle réalise, à partir de laine et de soie de haute qualité, des vêtements pour toutes les saisons, chaussures, accessoires de mode, bijoux fantaisie, objets décoratifs. Ses premiers chaussons ont été confectionnés à l’aide des embauchoirs en bois de son grand-père. Une clientèle de particuliers est séduite par ces réalisations légères, faites de laine mérinos, mousseline, velours et fibres de soie, voile de lin, dentelles et viscose. Le mot japonais nuno signifie tissu. Le feutrage nuno est une nouvelle technique de feutrage humide. On travaille avec de la laine mérinos ultra fine qui est feutrée sur du chiffon en soie. Tatiana Vinnikova expose ses créations dans des boutiques, à la Maison des Créateurs à la galerie commerciale Saint-Sébastien, guidée dans sa démarche par deux sentiments se mêlant : l’enthousiasme d’être à Nancy et la nostalgie de son pays d’enfance. Pourquoi le terme «miracle» dans l’appellation de son atelier ? Avec un regard lumineux, elle montre ses mains et un bout d’étoffe : «Parce que je sais unir cela.» Son site web et sa page Facebook ouvrent les portes de son univers aux tons authentiques.