Systemics Labs : la mémoire dans la peau

À l’heure où le marché français de l’apprentissage en ligne ne cesse de croître, la start-up nancéienne Systemics Labs vient de lancer «SerialSkiller», un programme pour s’auto-former à n’importe quelle discipline qui se base sur le principe de fonctionnement de la mémoire humaine. Explications.

Le boom à venir du marché de l’éducation en ligne selon le comparateur de formations en ligne Educadis.
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Apprendre à… apprendre. C’est le créneau de la jeune start-up nancéienne Systemics Labs à travers son programme SerialSkiller, officiellement lancé mi-février. Développé par quatre jeunes Lorrains depuis leurs bureaux nancéiens situés entre deux bras de Meurthe, il part d’un constat sans appel : «d’un côté, un système de formation à bout de souffle (…). De l’autre, l’explosion de l’offre de l’apprentissage en ligne (…) avec un marché français qui a doublé depuis 2010, mais parfois décevant en termes de résultats». Entre les deux coule désormais SerialSkiller, un programme pour s’auto-former à n’importe quelle discipline – c’est l’utilisateur qui choisit le contenu – basé sur le fonctionnement de la mémoire. «Un cerveau humain retient environ 5 % de ce qu’il capte. Si on apprend correctement, on peut passer à 90 voire 100 %», expose d’un ton docte David Lakomski, PDG et cofondateur de la start-up, dans son tee-shirt Superman. «Notre programme utilise la théorie de l’engagement : avant de commencer l’apprentissage, il demande à l’utilisateur de rappeler à quoi va lui servir ce contenu.» Idéal pour allumer le moteur de la motivation personnelle. Ensuite, place à la répétition espacée : à force de rappels (au bout de 10 min, puis 1h, 1 jour, 1 mois et enfin 6 mois), l’apprenant retient la totalité du menu de cours qu’il a lui-même choisi. «SerialSkiller apporte une organisation. S’épargner ça, c’est gagner beaucoup de temps», résume David Lakomski.

Mind mapping

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Ce Nancéien à l’origine de SerialSkiller était avant tout passionné d’aéronautique. «Je suis sorti de l’IPSA Paris il y a trois ans, mais être ingénieur ne me disait rien. Je ne voulais pas me contenter de concevoir des pièces !» Après un début de Master à la fac de Strasbourg où il se sent «encadré comme au collège», il prend le temps de la réflexion. Il veut créer sa boîte, mais sans projet précis en tête. «J’ai cherché à apprendre ce qu’il fallait savoir pour créer son entreprise. C’est dingue tout le contenu disponible en ligne ! Mais je me suis aperçu que quand on utilise Internet comme une extension du cerveau, on n’assimile rien. Il faut une méthode pour solidifier ce corpus de savoir.» Pour mieux mémoriser il utilise le «mind mapping», un schéma qui reproduit le cheminement naturel de la pensée, bien plus proche du fonctionnement de la mémoire que le sacro-saint plan en trois parties. C’est la révélation : confronté lui-même à la difficulté de s’auto-former, il décide de créer une start-up qui apprendra… à apprendre. «Personne ne nous apprend jamais vraiment à apprendre. Cela génère beaucoup d’échecs.» Rejoint dans l’aventure par Thomas Gadat et Thomas Salmon, développeurs web, et par Victor Dauphin, directeur administratif et financier, il donne alors corps à son projet.

Ainsi fonds, fonds, fonds
L’application smartphone est en cours de développement. Le programme, qui vient d’être lancé commercialement, a déjà formé en coulisses plus d’une centaine de «bêta testeurs» recrutés par les quatre membres de Systemics Labs : étudiants en médecine ou en fac de lettres, professionnels en auto-formation… «Leur point commun est d’avoir de fortes contraintes d’apprentissage », résume David Lakomski. La start-up devrait sous peu emménager dans ses propres bureaux en centre ville. Si jusqu’ici sa trésorerie était plutôt constituée par les apports personnels de ses membres et ceux de leurs proches, elle devrait prendre une autre tournure. Grâce à un accord d’investissement rapide un «business angel» s’est engagé à leur verser 9 000 €. À l’automne ils lanceront une levée de fonds à hauteur de 800 000 à 900 000 €. L’apprentissage en ligne, nouvel or noir ? À condition de cerner l’obscur fonctionnement de la mémoire humaine… «Dans le cerveau, rien n’est hiérarchique. Vous n’avez jamais eu l’envie de ranger un même fichier à deux endroits sur votre ordinateur ?»