Sysark en mode «deep tech» pour la médecine nucléaire
La start-up nancéienne, Sysark, pilotée par Guénolé Mathias-Laot vient d’être récompensée à l’occasion de la 22e édition du Concours d’innovation i-Lab organisé par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Son automate pour les professionnels de la médecine nucléaire version préparation de solutions est le fruit d’une longue implication et s’affiche comme une avancée de taille dans le renouveau de la médecine nucléaire.
Soignant manipulateur en radiologie médicale hier, ingénieur biomédical et pilote de la start-up nancéienne Sysark aujourd’hui ! Guénolé Mathias-Laot est l’archétype de l’entrepreneur version transfert de technologies. Ce Nancéien d’origine vient d’être récompensé avec ses équipes via sa start-up (créée en 2015), lors de l’édition 2020 du Concours d’innovation i-Lab (concours organisé par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation en partenariat avec Bpifrance récompensant les projets d’entreprises innovantes notamment dans domaine de la «deep tech», des innovations technologiques qui créent une véritable rupture sur leur marché). Guénolé Mathias-Laot et son équipe ont développé le premier robot de préparation de médicaments radioactifs au monde. Tout est parti d’un constat ! «Dans le domaine de la médecine nucléaire, même si le personnel soignant est très bien formé et très compétent, il est exposé à des doses radioactives jusqu’à vingt fois plus fortes que celles tolérées pour un patient car il n’y a pas de limites en tant que telles pour les patients tant que le rapport bénéfice-risque est en faveur de la réalisation de l’examen», explique l’ingénieur biomédical.
Du Peel à l’Incubateur Lorrain
En ligne de mire : la préparation des médicaments radioactifs. «Lorsqu’on réalise plusieurs préparations et seringues à la suite, une erreur humaine est toujours possible, sans que la santé du patient n’en soit affectée, je tiens à le préciser.» La solution ? Concevoir un automate permettant la réalisation des préparations en réduisant de 80 % l’irradiation des opérateurs. C’est au Peel (Pôle entrepreneuriat étudiant de Lorraine) que Guénolé Mathias-Laot commence à affiner son projet pour apporter plus de sécurité aux établissements hospitaliers équipés d’un pôle de médecine nucléaire. Accompagné par la suite par l’Incubateur Lorrain, grâce au soutien financier de la SATT (Société d’accélération du transfert de technologies) Sayens et de la région Grand Est, il noue un partenariat avec le CHRU de Nancy (voir encadré) et le Centre de recherche en automatique de Nancy (CRAN). «Avec cet automate, en plus de la réduction drastique d’irradiation des opérateurs, l’établissement hospitalier y gagne également en performance, en multipliant par deux la capacité de travail d’un opérateur. Il évite toute erreur de dosage, et apporte une traçabilité et un suivi automatisé. Notre automate, c’est un Thermomix de la médecine nucléaire entièrement fabriqué en Lorraine.» Une nouvelle pierre au renouveau de la médecine nucléaire semble bien être posée.
Médecine nucléaire : le renouveau
Nom de code : RTIV pour Radio théranostique interne vectorisée. Derrière ce terme un peu barbare pour les néophytes, se cache un projet de R&D important du CHRU (Centre hospitalier régional et universitaire) de Nancy pour participer au renouveau de la médecine nucléaire. «Du diagnostic, quasi exclusivement, cette spécialité est en passe de devenir au moins autant thérapeutique», explique Guénolé Mathias-Laot. «Les perspectives de ces nouvelles méthodes thérapeutiques sont très prometteuses. Le marché de 5,2 milliards de dollars en 2018, constitué essentiellement de produits de diagnostic à bas prix, pourrait atteindre les 30 milliards en 2030 avec l’essor de plusieurs radio-médicaments.» À noter que le CHRU de Nancy, avec son hôtel à projets économiques et son Institut de recherche et d’innovation en santé (Iris), s’affiche comme un accélérateur de l’innovation au cœur du Sillon Lorrain.