Sur le chemin du rapprochement et de la fusion

Yves Hubert, président du Conseil d’Orientation et de Surveillance de la Caisse d’Epargne Picardie.
Yves Hubert, président du Conseil d’Orientation et de Surveillance de la Caisse d’Epargne Picardie.
D.R.

Philippe Lamblin, président du COS, et Alain Denizot, président du directoire de la Caisse D’épargne Nord France Europe.

C’est par voie de communiqué publié le 11 février 2016 que les Caisses d’épargne Picardie et Nord France Europe ont annoncé leur projet de fiançailles à concrétiser en mariage à l’horizon avril 2017. Une annonce qui faisait suite à l’adoption, le 10 février, par leurs conseils d’orientation et de surveillance (COS) du principe de l’ouverture des travaux en vue d’un rapprochement. 

L’ambition d’une banque leader. “L’idée est de construire au nord de Paris une Caisse d’épargne qui soit forte, solidement ancrée sur ses territoires, avec une forte densité d’agences au service des clients, une Caisse qui allie à la fois de la proximité humaine et de la proximité digitale sur un territoire beaucoup plus grand. Cela nous permettra d’être en position concurrentielle par rapport à d’autres grands établissements mutualistes, Crédit agricole, Crédit mutuel…, a expliqué Géraldine Benjamin, directrice de la communication de la Caisse d’épargne Nord France Europe. Aujourd’hui, nous avons l’ambition d’être au plus près de nos régions et les deux Caisses partagent une vraie proximité culturelle. C’est le cas avec la Picardie, comme cela l’était avec la Belgique sur laquelle nous nous sommes implantés en 2014. La grande Région, c’est une réalité depuis janvier. Pour la servir, servir ses habitants, ses acteurs économiques, il faut un banquier de poids : c’est la vocation de la future Caisse. Les deux Caisses sont aujourd’hui fortes, solides, dynamiques et, par ce rapprochement, elles s’inscrivent dans un projet commun de développement commercial. L’ambition de ce rapprochement s’appuie sur la volonté d’être une banque leader sur un large territoire au nord de Paris.” Ce projet de regroupement n’est pas antinomique : les deux Caisses figurent toutes deux parmi les plus performantes du Groupe BPCE au vu de leurs résultats économiques et de l’ensemble de leurs ratios d’activité et réglementaires. Mieux : la puissance de cette future banque coopérative régionale lui permettra de disposer de capacités démultipliées pour accompagner le développement des projets de ses clients et de l’économie régionale.

D.R.

Laurent Roubin, président du Directoire de la Caisse d’Epargne Picardie.

Reconstruire le modèle idéal. Quels contours prendra ce regroupement ? Rien n’est encore fixé. “Les directoires vont réfléchir ensemble et proposer d’ici la fin juin un protocole de regroupement aux COS et aux instances représentatives du personnel. Nous n’en sommes
qu’à l’annonce d’un projet de rapprochement.” À tout le moins peut-on rappeler les propos tenus par Alain Denizot, président du directoire de la CENFE, lors de la présentation des résultats 2014 le 23 avril 2015 : “Les deux Caisses sont profitables, il n’y a pas de raison aujourd’hui pour anticiper un processus de rapprochement. Pour rechercher une alliance, il faut une volonté partagée, elle devrait se faire de façon équilibrée sans pertes de leurs atouts de banque régionale, toujours partagée entre la pertinence de la taille et le risque de l’éloignement de la proximité. Si on s’imagine avec la Picardie, il faudra se poser la question du comment on reconstruit le modèle idéal. Le sujet, quand on construit une grosse structure, c’est l’effet de polarisation vers la ville principale. Si mener une fusion génère une perte de puissance, cela suppose réflexion… Il n’y a ni urgence ni conflit. Souvent, c’est quand on est libre et consentant qu’on fait le bon choix. C’est le sujet des conseils d’orientation et de surveillance et de leurs présidents.” Le Picard Yves Hubert et le Nordiste Philippe Lamblin ont choisi de lancer le processus, justifiant les propos de François Pérol, président du directoire du groupe BPCE, tenus le 10 février : “Il est très probable que nous procédions à des fusions de Caisses d’épargne et de Banques populaires en 2016”. A ceci près que ce sera en 2017.

D.R.

Yves Hubert, président du Conseil d’Orientation et de Surveillance de la Caisse d’Epargne Picardie.

Jean-Luc DECAESTECKER