Sur la côte picarde, les professionnels de la restauration souffrent

Alors que le printemps et le soleil sont revenus, la si vivante Saint-Valery-sur-Somme a presque des airs de ville fantôme. Si durant les vacances de février, certains restaurateurs ont bien travaillé en proposant des plats à emporter. Le confinement a ruiné leur espoirs concernant celles de Pâques.

"Le contact avec nos clients fidèles et avec nos producteurs nous manque"

Restaurant familial ouvert depuis deux ans, Baie n’échappe pas à la règle. Malgré la fermeture, une entrée du guide 109 du Gault et Millau avait été une bonne nouvelle en mars : « Ce guide promeut les jeunes chefs, la cuisine moderne, explique Étienne Vilfroy, qui tient ce restaurant avec sa compagne, Marie Poivet. Nous sommes les seuls de Picardie à y figurer. Il y a quelques semaines, nous avons aussi fait notre entrée dans le Michelin et dans le Guide du fooding. C’est une reconnaissance de notre travail. Cela nous fait connaître un peu plus. »

Les parents d’Étienne Vilfroy ont une résidence secondaire depuis plus de 40 ans dans la cité. Il était naturel qu’il vienne s’y installer : « Nous ne voulions pas travailler à Paris, confie-t-il. Nous voulions avoir notre petite affaire à deux. Nous avons installé de grandes tables pour faire convivial. Nous pouvons accueillir une vingtaine de clients et quand il faut beau nous installons une terrasse sur la rue. »

En attendant, tout cela fait bien vide : « Tant qu’il y a des aides nous ne sommes pas en danger, estime t-il. Mais bon, c’est frustrant d’avoir une dizaine d’années d’expérience et de pas pouvoir exercer. Le contact avec nos clients fidèles et avec nos producteurs nous manque. »

Les produits locaux à l'honneur

Le couple a fait le choix de s’associer avec des producteurs et des artisans locaux. La vaisselle est signée notamment par une céramiste du Crotoy qui fait des tasses aux couleurs de la baie de Somme, les tables ont été réalisées avec du bois provenant de la forêt de Crécy-en-Ponthieu… 

Ici, pas de menus, tout est inscrit sur une ardoise. Dans l’assiette, les légumes viennent notamment du Maraîchage de Vironchaux, le pain de la boulangerie-pâtisserie Watterlot à Saint-Valery-sur-Somme, le bœuf de la Ferme de Saint-Jean à Long ou l’agneau du Hâble d’Ault à Woignarue, les volailles d’Ho'cquet Bio Poulets à Béhen, le poisson de chez Montassine à deux pas…

Président départemental de l'Union des métiers de l’hôtellerie et de la restauration, Christophe Duprez résume : « Les professionnels sur la côte ont bien travaillé durant les dernières vacances scolaires mais il n’y a plus la demande. Notre métier ce n’est pas de vivre avec des aides, même si elle nous permettent de tenir. J’espère qu'à la reprise, il sera possible de trouver des forces vives, c’est encore plus vrai pour la côte picarde. Pour moi, une chose est certaine, avec la massification de la vaccination et les beaux jours qui arrivent, le pire est derrière nous. »