Stratégie

Sortie de crise et grands projets : Cocorette mise toujours sur la Picardie

Après deux années d’adaptation aux contraintes du marché la filiale "œuf" de la coopérative agricole Noriap est prête à repartir de l’avant. Elle envisage d’investir dans son usine de Doullens.

La modernisation et l’optimisation du site de Doullens figure sur la feuille de route de ONE-Cocorette. ©Aletheia Press/ L.Saleur
La modernisation et l’optimisation du site de Doullens figure sur la feuille de route de ONE-Cocorette. ©Aletheia Press/ L.Saleur

Après des années difficiles, pour Cocorette (ou plutôt Œuf Nord Europe), la page semble tournée. Au point que l’entreprise, filiale du groupe coopératif agricole Noriap, après un plan de redressement qui aura duré deux ans au lieu de trois, se relance et réinvestit. En particulier, elle envisage de moderniser son site de Doullens, cœur de son activité. « Il est trop tôt pour en parler, assure Damien François, le Directeur général de Noriap. Le projet n’est pas assez avancé. Mais nous avons besoin d’une zone de stockage des emballages séparée. Nous allons en profiter pour moderniser et optimiser le site et nous pencher sur la séparation des flux. »

Si Cocorette réinvestit et mise sur son outil industriel de Doullens, c’est qu’elle croit en la solidité du marché de l’œuf, alors que la France n’est plus autosuffisante qu’à 96%. « Nous sommes très optimistes pour ce marché de l’œuf, insiste Fabrice Renavant, le tout nouveau Directeur général de ONE-Cocorette. C’est la protéine animale la moins chère et elle a une bonne image. »

Indexer le prix de vente aux coûts de production

Pourtant l’entreprise sort tout juste de rudes secousses, notamment provoquées par la guerre en Ukraine. Centré sur une importante région productrice de céréales, le conflit a provoqué une forte hausse des cours (qui ont presque doublé). Or, à travers l’alimentation, cette matière première représente 60% du prix de revient d’un œuf…

Cette hausse brutale, Cocorette n’a pas réussi à la répercuter auprès de ses clients. « Nous avons eu des négociations difficiles, souligne Damien François. Jusqu’à que le système d’indexation des prix prévu par la loi Egalim finisse par s’imposer. » Et pourtant, en parallèle, « même pendant la crise nous avons sauvegardé les éleveurs, en maintenant nos achats indexés aux coûts de production », insiste le Directeur général de Noriap.

Restait à s’adapter aussi à un marché remodelé par l’inflation et la crise du bio. Après 20 ans d’une croissance à +2 ou +3% par an, la consommation de l’œuf bio a encaissé une chute de 15 à 20% en une année. « Nous avons réagi vite, mais il nous a fallu 18 mois pour remettre notre offre en adéquation avec le marché », poursuit Damien François. En clair : il a fallu réduire la voilure en production bio et réorienter les éleveurs vers le marché conventionnel. « Tout le monde a pris ses responsabilités », appuie Fabrice Renavant.

Après 20 ans d’une croissance à +2 ou +3% par an, la consommation de l’œuf bio a encaissé une chute de 15 à 20% en une année. @Pixabay

Installer des éleveurs "au sol"

Et aujourd’hui, après un exercice 2022-2023 qui a permis un retour à une situation stable, l’entreprise cherche donc à reprendre la voie du développement. Cela passe par une sécurisation de ses approvisionnements d’abord. Si les éleveurs des Hauts-de-France ont réussi à surmonter la crise, l’installation de nouveaux poulaillers est une priorité pour Cocorette. 

D’autant que l’arrêt programmé de la production d’œufs en cages va sans doute amener une importante restructuration de la filière en France. « Nous souhaitons accompagner l’installation d’éleveurs notamment au sol, martèle Damien François. C’est une production qui peut intéresser des agriculteurs. Nous garantissons le prix et le débouché. La charge de travail, de deux à quatre heures par jour, permet de sécuriser la main d’œuvre de l’exploitation. Et c’est un débouché qui apporte de la résilience. »

Selon une enquête menée en 2021 par CSA pour le CNPO (l’interprofession française de l’œuf), 99% des Français déclaraient consommer des œufs. Et la consommation globale par habitant s’établit à 220 œufs sur l’année 2022, soit plus de quatre œufs par semaine (à domicile ou hors domicile).

Cocorette en chiffres

  • 159 M€ de chiffre d’affaires
  • 185 collaborateurs : 150 sur le site de Doullens, 20 sur celui de Breteuil (60) et 15 en Bretagne
  • 710 millions d’œufs commercialisés
  • 5 800 tonnes d’ovoproduits