Soluxeau et JCMunerez environnement remportent le prix de l’innovation frugale

Les deux TPE ont été distinguées le 11 juin pour leur caisson de rinçage de bassin d’orage dont le fonctionnement ne nécessite pas d’énergie.

Ravi Nadjou (à gauche) souligne le caractère innovant de l’invention de Christophe Waché et de Jean-Claude Munerez.
Ravi Nadjou (à gauche) souligne le caractère innovant de l’invention de Christophe Waché et de Jean-Claude Munerez.

Deux jours avant la remise des prix, Christophe Waché, le dirigeant de Soluxeau, avoue qu’il ne savait rien de l’innovation frugale. Sans le savoir donc, Soluxeau à Lambersart et  JCMunerez environnement à Wassy (Haute-Marne) faisaient «mieux avec moins», selon la formule résumant l’innovation frugale. Le système de caisson de rinçage pour bassin d’orage développé par les deux entreprises «permet de faire plus simple, mais il fonctionne mieux que les systèmes complexes». Un bassin d’orage sert à recueillir et stocker les eaux pluviales avant leur restitution dans une station d’épuration. Un tel bassin nécessite un rinçage régulier. Les systèmes existants utilisent de l’énergie électrique ou hydraulique, de l’eau propre et des technologies de commande électromagnétique. Ce dont se passe le caisson de rinçage de Soluxeau et de JCMunerez environnement. «Nous avons totalement simplifié le système, affirme Jean-Claude Munerez. Notre système se compose d’une grosse chasse d’eau qui libère des vagues d’eau dont la force permet de nettoyer le sol du bassin d’orage de tous les sédiments qui s’y sont accumulés. Le système est entièrement autonome.» Le caisson de rinçage se traduit donc par des économies pour les collectivités. Deux premières installations ont été mises en place à Metz et à Nancy. Quatre autres projets de caissons pourraient être  installés dans les mois à venir, dont peut-être un, d’une capacité de 20 000 m3, à Roubaix.

En attendant le bel avenir commercial auquel il peut prétendre, le système de Soluxeau et de JCMunerez environnement a fait son entrée dans l’histoire le 11 juin en remportant le trophée de l’innovation frugale dans le cadre du Prix éco-innovation remis chaque année au salon Environord à Lille Grand-Palais. C’est la première fois qu’en région cette approche de l’innovation lancée par le cd2e fait l’objet d’une distinction remise à une entreprise (voir La Gazette Nord – Pas de Calais n° 8656 du 10 mai 2014). Navi Radjou, le théoricien mondialement connu du concept, affirme que le caisson de rinçage des deux PME lui rappelle un autre produit issu de l’innovation frugale en Inde. «C’est un réfrigérateur qui fonctionne aussi sans énergie et qui permet de conserver les aliments par principe d’évaporation», explique-t-il. Ce réfrigérateur coûte à peine une trentaine d’euros.

Les autres lauréats du Prix éco-innovation : Sita Nord (Valenciennes) dans la catégorie «Produit» pour C’Urban, du béton fabriqué à partir de sédiments fluviaux et de matériaux minéraux recyclés ; Polypop industries (Thonon-les-Bains en Haute-Savoie) pour Micorémédiation, une technique de dépollution des sols à partir de champignons.

 

Encadré :

«Le Nord-Pas-de-Calais, un terreau favorable à l’innovation frugale»

Navi Radjou, consultant en innovation et auteur de L’Innovation Jugaad − Redevenons ingénieux !

 

La Gazette. Que conseillez-vous à une PME qui souhaite mettre en œuvre l’innovation frugale ?

Navi Radjou. Il faut déjà qu’elle commence par identifier un besoin bien défini. Ensuite, elle va répondre à ce besoin en développant une solution simple d’utilisation pour l’usager, financièrement abordable et durable.

 

Comment a émergé le concept de l’innovation frugale ?

L’expression vient de Carlos Ghosn. En 2006, le patron de Renault-Nissan a soumis un même problème technique à trois équipes différentes en France, en Inde et au Japon. La solution proposée par l’équipe indienne était deux fois plus performante et 10% moins chère. Il a constaté que ses équipes techniques en Inde excellaient dans les solutions simples mais efficaces. C’est alors qu’il a parlé d’ingénierie frugale.

 

Y a-t-il en Nord-Pas-de-Calais une prédisposition quelconque susceptible d’y favoriser le développement de cette approche ?

C’est une région qui a traversé beaucoup de crises et qui a toujours su rebondir. C’est une région d’entrepreneurs et où on sait jouer collectif. Toutes ces qualités font du Nord-Pas-de-Calais un terreau favorable à l’innovation frugale.  

D.R.

Navi Radjou (à gauche) souligne le caractère innovant de l’invention de Christophe Waché et de Jean-Claude Munerez.