Soigneur animalier, le roi de la jungle ?
Le métier de soigneur animalier fait rêver de nombreux jeunes. pourtant les réalités de cette profession sont méconnues. Rencontre avec deux soigneurs animaliers du zoo d'Amiens Métropole.
Bernard Doré et Élodie Flautre exercent le même métier : soigneur animalier. Ils sont pourtant diamétralement opposés. Si l’un a appris son métier à l’ancienne, sur le terrain, l’autre a suivi une des quatre formations reconnues par la profession. Leurs personnalités différent elles aussi mais s’accordent étrangement avec celles des animaux dont ils ont la charge. Bernard Doré, avec presque 20 ans de métier au sein du zoo d’Amiens représente ainsi “la force tranquille”. Calme et réservé, il est surtout téméraire. Du courage, il en faut en effet pour faire face quotidiennement à des animaux de cinq tonnes, capables de vous tuer en un coup de pattes comme les éléphants. « Après mon service militaire, j’ai enchaîné les petits boulots, déclare t-il. Puis dans le cadre d’un dispositif ANPE, j’ai trouvé une place au zoo d’Amiens. C’est l’un de mes collègues qui m’a appris le métier. En 20 ans d’exercice, je me suis occupé de presque toutes les espèces du zoo. J’ai aujourd’hui avec mes deux collègues, la charge du secteur dit éléphant, c’est-à-dire d’une partie des espèces du zoo, qui comprend les pandas roux, les éléphants d’Asie, etc ». Dans un autre secteur, Élodie Flautre, petit bout de femme franche et énergique est elle aussi à l’ouvrage. « Toute petite déjà, je savais que je voulais travailler avec les animaux », confie t-elle. Après un BTS productions animales, elle suit une spécialisation de soigneur animalier à Vendôme. Après une saison au zoo de Vincennes et dix ans à exercer au safari de Peaugres, elle arrive à Amiens où elle travaille au secteur des otaries, qui comprend outre cette espèce, des pélicans blancs, des flamants rose, etc.
Un métier fantasmé
Pour les deux soigneurs, le quotidien est très loin de l’image que se fait le public. « Les gens ont tendance à croire que nous passons notre temps au contact des animaux, ironise Bernard Doré. C’est faux ». Élodie Flautre donne une définition du métier : « Un soigneur c’est un peu un agriculteur de la faune animalière ». Un soigneur est en effet chargé de nourrir et entretenir les lieux de vie des animaux, en nettoyant les enclos, les cages ou les bassins et en ramassant les déchets. « C’est un métier qui est très physique et qui s’effectue à l’extérieur, dans des conditions climatiques qui ne sont pas toujours agréables », précise Bernard Doré. Le soigneur doit également surveiller l’état de santé des animaux et assurer des soins mineurs. C’est ce qu’ils appellent l’entraînement médical. « Il s’agit d’habituer nos animaux à recevoir des soins sans stress, ni anesthésie, dans des conditions de sécurité optimale, décrit Élodie Flautre. Pour qu’il n’y ait pas de stress, il faut que ce soit ludique. Il faut donc trouver l’astuce ». Un exemple ? Le soin des pattes aux éléphants. « Pour faire les pattes avant, je distrais l’animal pendant que mon collègue s’occupe des soins », souligne Bernard Doré. Les tâches des soigneurs peuvent également être spécifiques à l’espèce dont ils ont la charge. Ainsi Élodie Flautre s’occupe d’entraîner ses otaries en vue des animations pédagogiques durant la saison.
Beaucoup d’appelés, peu d’élus
Dans ce métier, l’avis de ces soigneurs est unanime : les places sont très chères ! Élodie Flautre précise : « Pour exercer, il faut être mobile et polyvalent. Il faut également ne pas ne pas avoir peur de se salir les mains ». Le salaire est quant à lui modeste. Le soigneur débutant en France commence bien souvent au SMIC et termine rarement sa carrière au dessus de 2000 euros. Les qualités pour exercer ce métier ? « Aimer les animaux, sinon vous n’avez rien à faire ici, insiste Bernard Doré. Il faut également être rigoureux, patient et avoir un bon sens de l’observation ». Nicolas Baduel, un autre soigneur du zoo, souligne qu’il faut tout simplement « avoir la passion ». Ce qui semble animer ces trois soigneurs qui malgré les conditions de travail souvent pénibles reconnaissent que leur métier est « le plus beau du monde ».