Six mois après une fusillade, Villerupt respire mais le trafic de drogue perdure
Il n'est plus sous les yeux des riverains, en centre-ville: le point de deal, théâtre d'une fusillade ayant fait cinq blessés dont trois graves au mois de mai à Villerupt (Meurthe-et-Moselle), a disparu, mais le...
Il n'est plus sous les yeux des riverains, en centre-ville: le point de deal, théâtre d'une fusillade ayant fait cinq blessés dont trois graves au mois de mai à Villerupt (Meurthe-et-Moselle), a disparu, mais le trafic de drogue n'a pas cessé pour autant.
En plein centre de cette commune de 10.000 habitants aux frontières de la Belgique et du Luxembourg, à quelques dizaines de mètres seulement de la mairie ou du commissariat de police, un point de deal tournait à plein régime.
Le prix de la drogue y était affiché, comme dans une supérette, sur les murs d'un immeuble d'habitation, derrière un porche. Jusqu'au 13 mai, quand une fusillade a fait cinq blessés. Quelques jours après, des coups de peinture ont été appliqués. "Depuis, les personnes qui étaient sur le point de deal ne sont pas revenues", selon le maire PCF Pierrick Spizak.
Eliane Michaux, retraitée, possède un appartement juste à côté. Elle se souvient de ce samedi 13 mai: "Le soir où ça s'est passé, on dormait. On n'a rien vu, mais avant, des jeunes étaient là, avec des cagoules. Il y avait même des filles quand ça s'est passé", raconte-t-elle à l'AFP.
Depuis elle n'a plus rien vu. Mais désormais "le soir je ne sors plus, dès que la nuit tombe je reste chez moi. Et si on sonne, je n'ouvre pas", explique-t-elle, consciente que le trafic ne s'est pas arrêté totalement pour autant. "Ils sont ailleurs", glisse son ami.
Point de deal "déplacé
Six mois après, le calme semble revenu au centre-ville. A quelques mètres de là, trois enfants jouent dans une aire de jeu. Avant, leur grand-mère "ne venait pas dans le coin" avec les petits. "Beaucoup d'habitants évitaient le centre-ville ou de passer sous le porche" où se trouvaient les trafiquants, abonde M. Spizak.
Yvo, un habitant de 72 ans qui n'a pas souhaité donner son nom de famille, a confié constater qu'"il n'y a plus de problème". Mais "avant, quand les dealers étaient là, c'était sale, il y avait des vitres cassées", souligne-t-il.
S'il n'y a plus de trafic sur les lieux de la fusillade, "le point de deal s'est déplacé" et n'a pas complétement été démantelé, selon M. Spizak. Le nouveau n'est "plus du tout visible" et son débit est réduit, selon l'édile.
Au moment des faits, 78 agents de police étaient en poste. Depuis, les effectifs ont été renforcés: ils sont, depuis novembre, plus de 90, selon le maire, qui constate une présence renforcée sur le terrain, "une bonne chose".
Ces dernières années, "on était monté à plus de 12.000 plaintes non traitées, ce qui est symptomatique du fonctionnement d'un commissariat en sous-effectif", témoigne Pierrick Spizak.
Et l'"alerte" sur le manque d'agents avait été donnée bien avant l'incident: "On interpelle l'Etat depuis 2020, et même avant", explique le maire. Selon lui, le ministère de l'Intérieur avait promis, en 2020, que 104 agents de police seraient en poste dans la circonscription de sécurité publique de Villerupt en 2024. "On veut les 104", et la "pérennisation des effectifs", insiste l'élu, qui propose primes ou indemnités de résidence.
Coopération transfrontalière
Le nord de la Meurthe-et-Moselle, aussi appelé "Pays Haut", est en proie à de nombreux trafics du fait de sa proximité avec la Belgique, le Luxembourg et l'Allemagne.
Depuis fin août, "16 opérations +coup de poing+ contre les points de deal" y ont été menées, ainsi que deux opérations judiciaires, conduisant à l'interpellation de 23 personnes, selon la préfecture fin octobre.
Et la coopération internationale est de mise. "Les forces de l'ordre des différents pays coopèrent à plusieurs niveaux (...) que ce soit lors d'interventions quotidiennes ou d'opérations d'une plus grande envergure", a indiqué à l'AFP la police luxembourgeoise. "Des agents allemands, français et belges opèrent aux côtés des agents luxembourgeois pour échanger des informations policières" dans un centre basé au Luxembourg.
La Police fédérale belge insiste également sur une "collaboration étroite" avec ses voisins, leur permettant de mener des "actions conjointes".
L'homme soupçonné d'avoir ouvert le feu, le 13 mai, a lui été mis en examen et placé en détention provisoire.
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