Passionnante plongée dans les couloirs du temps à Metz, le Gouverneur de Belle-Isle est votre hôte…

«En 6e, je me posais la question de savoir à quoi pouvait bien servir de connaître l’Histoire. Cela me paraissait tellement loin ces dates vieilles de plusieurs centaines d’années, voire de milliers. Et en 3e, tout a changé. Une professeure m’a fait radicalement changer de vision. J’ai compris que pour bien comprendre la période que nous vivons, il fallait comprendre le passé. Cela été un réveil pour moi.» Originaire de Villerupt, Florent Albiani entame alors un sacré parcours animé de cette soudaine passion, qui va s'avérer dévorante, pour devenir son métier. Après une Licence (L3) en Langues étrangères appliquées mêlant l’anglais, l’allemand et le chinois-mandarin «connaître un pays passe par connaître sa culture», explique l’intéressé, il suit durant six mois le parcours Erasmus, avant d’obtenir une licence professionnelle de guide-conférencier décrochée au Conservatoire national des Arts et Métiers. Un passage obligé pour tout bénévole féru : les journées européennes du patrimoine.

Et naquit Échappées temporelles...

Et depuis 2019, il officie au centre Pompidou-Metz comme guide-conférencier professionnel. Dans la foulée, une idée fixe le taraude : «J’avais cette folle envie de faire voyager les gens dans l’Histoire, de les faire rêver, de développer leur imaginaire.» De fil en aiguille, il se fascine pour l’un des personnages les plus illustres du passé de Metz, le Maréchal de Belle-Isle, Gouverneur de la ville au XVIIIe siècle. «J’ai alors créé ma propre structure, Échappées temporelles, en parallèle de mon activité professionnelle, dédiée toute entière à ce personnage célèbre et haut en couleur. En lisant de nombreux articles et ouvrages s’y référant, je me suis attaché à lui. J’ai découvert et aimé sa vie, sa personnalité, son caractère.» Trouvant la tenue appropriée sur le site d’une boutique en ligne, Florent Albiani va d’abord organiser pour les scolaires des jeux de piste animés pour découvrir des lieux cachés et mieux comprendre le patrimoine de Metz, avec cette mission pour eux de retrouver les morceaux d’un tableau dérobé, que Belle-Isle voulut offrir à Louis XV. Bientôt, Florent Albiani va pousser ses pions un peu plus loin, en mettant en place des visites guidées théâtralisées pour adultes en un lieu devenu repère pour son public, curieux et ne restant pas de marbre, face à ce singulier personnage, qui le temps d’une soirée insolite, le mène quelques siècles en arrière. Lieu immuable de ces rendez-vous pas comme les autres : l’Opéra-théâtre, place de la Comédie. Florent Albiani devient alors le Maréchal de Belle-Isle, homme précautionneux (son grand-père, Nicolas Fouquet, surintendant des Finances sous Louis XIV et Mazarin, finit à la Bastille), très entreprenant et volontiers cabotin. Et auquel la population s’attacha, le désignant sous le sobriquet de «père Belle-Isle».

© : Charlène Royer.

Mais pourquoi une perruque ?

À raison de 45 visites par an, le bouche-à-oreille quant à ce spectacle de rue et d'art vivant décalé, de qualité, a fonctionné, et Florent Albiani a su trouver son auditoire, intrigué et complice, devant le jeu d’acteur se déroulant devant ses yeux. Le pitch, il le décrit : «Je commence par la présentation du Maréchal, avant celle de l’Opéra-théâtre, de la place de la Comédie. Nous parcourons et revivons ainsi quelques instants d’histoire. Dans mes prestations, il y a l’incontournable et une part d’improvisation. Belle-Isle eut un jour cette belle parole «Metz est ma maîtresse.» Ces sorties culturelles intéressent autant les touristes et les locaux. La suite, cette façon originale de se plonger dans les méandres du temps, on vous laisse la découvrir… Courez, courez jusqu’à la place de la Comédie. La prochaine venue du Maréchal Belle-Isle est prévue ce samedi 28 mai à 21 h (prévoir une heure et demie de visite). Puis le samedi 11 juin. Avant d'autres dates estivales à venir. Un détail, important, le Gouverneur tutoie les enfants, et restera magnanime si ceux-ci font de même. Par contre, adultes, ne vous aventurez pas à tenter cette familiarité. Un peu de déférence tout de même… Quant à savoir pourquoi, Belle-Isle portait une perruque, comme l'ensemble de la noblesse d'ailleurs, la réponse tombe sous le sens... parce que le roi la portait, tout simplement. Florent Albiani s'est imprégné de mille détails, connaît pléthore d'anecdotes, de petits et grands faits ayant jalonné l'existence du Maréchal. Passionné et passionnant...