Sera-t-il la «locomotive» annoncée ?
Retenir les visiteurs, faire que leur passage profite à l’économie locale et au "potentiel"du territoire de l’Avesnois une fois de plus invoqué : voilà quelques-unes des attentes des habitants et professionnels.
Lors des discours inauguraux du 30 septembre qui ont accompagné l’ouverture du «Musverre» de Sars-Poteries, les invités et participants réunis sous le chapiteau ont, de nouveau, entendu dire que ce nouvel équipement allait être une «locomotive» (les mots «turbine» et «moteur» ont été aussi employés) pour le développement du territoire, et que le «potentiel» touristique de l’Avesnois allait profiter de «retombées». Ce n’est pas la première fois que ce coin du Nord, très rural, reçoit des compliments, mérités, pour la beauté de ses paysages. Alors, quelles retombées ? Eléments de réponse.
Equipement départemental. L’inauguration survient dans un contexte financier difficile pour les collectivités locales : raréfaction des subventions d’Etat et augmentation de la pression fiscale (la taxe foncière notamment), avec des effets en cascade sur la culture, le tourisme et le social.
Jean-René Lecerf avait dit, lors d’une visite du chantier, qu’un tel projet n’aurait pas été engagé par la nouvelle majorité. Mais le Musverre, lancé sous la majorité socialiste, a été poursuivi et terminé, et les discours ont donné à penser qu’il y avait une unanimité autour de cet investissement de plus de 15 millions, objet d’une abondante campagne de communication, localement par presse interposée et internationalement (plus largement ?) dans le métro parisien et dans la presse spécialisée.
Une friche «touristique» juste en face. De l’autre côté de la départementale refaite, deux établissements susceptibles d’accueillir des touristes sont à l’arrêt : l’Auberge Fleurie, définitivement fermée depuis 2012, et l’hôtel du Marquais (des chambres d’hôtes), mis en vente par ses propriétaires. Les bâtiments et leur terrain d’un hectare devaient être rachetés, en ce mois d’octobre, par l’Etablissement public foncier (EPF) pour le compte de la communauté de communes Cœur de l’Avesnois.
Du côté de l’Intercommunalité, on précise que les Domaines ont évalué l’ensemble à un million d’euros et que cet achat ouvre une période de cinq à sept ans de «portage». L’idéal serait, bien sûr, qu’un privé aux reins assez solides achète très vite l’ensemble afin d’y réaliser des hébergements et une restauration capable d’accueillir des autocars de visiteurs. Un tour de table immobilier afin de trouver un acquéreur devrait être organisé rapidement.
Alain Gillet, le maire de Sars-Poteries, confiait, en aparté, craindre que la friche s’éternise et estimait qu’une brasserie, pratiquant des prix raisonnables, serait la meilleure solution. Il remarque que les horaires du musée, ouvert de 11h à 18h (sauf le lundi), permettaient de retenir sur place les visiteurs à l’heure du repas. Les restaurants les plus proches (Sars-Poteries, Liessies…) s’y sont préparés.
Politique touristique fragmentée. Si le territoire de la Sambre-Avesnois a des atouts, constamment énumérés et reconnus, la politique d’ensemble cohérente, susceptible d’attirer, d’informer et de retenir touristes et visiteurs, tarde à venir. Les informations touristiques apparaissent toujours émiettées entre plusieurs institutions et collectivités qui ont tendance à d’abord communiquer sur elles-mêmes et dans leur champ de compétences. Quant aux quatre nouvelles intercommunalités créées par le mouvement des fusions ordonné par la loi, elles en sont encore à mettre en place des offices de tourisme à l’intérieur de leurs périmètres… Un élu du territoire venu à l’inauguration regrettait qu’il n’y ait pas encore cette communication unique, cohérente et dynamique, vraiment tournée vers l’extérieur, à la hauteur d’un potentiel maintes fois invoqué. La Sambre-Avesnois souffre toujours, notamment, des effets de son déclin économique, de ses divisions politiques (qui n’encouragent que la résignation et le chacun pour soi), de son éloignement des centres urbains (et des centres de décisions), ainsi que des fusions administratives au profit de Lille ou Valenciennes. Dans ce contexte, le tourisme apparaît donc comme une belle carte à jouer.
Notons qu’en juin, un comité informel, baptisé «Musée et territoire» − animé par Mickaël Hiraux, nouveau maire de Fourmies, et Carole Devos, adjointe à Rousies, nouveaux conseillers départementaux du canton –, a été mis en place pour s’occuper des fameuses retombées attendues par les restaurateurs, hébergeurs, équipements culturels, habitants, en incluant dans ses réflexions l’Aisne et la Belgique voisines.