Transmission de Neho’Conseil à Arras

«Se rendre visible et attractif dans les Hauts-de-France»

Nathalie Bonnet a créé en 2001 Enviro’Conseil devenu depuis Neho’Conseil, bureau d’études spécialisé en management de la performance dans toutes les dimensions de la responsabilité sociétale. Sa volonté de développer une nouvelle activité dans un domaine artistique l’a conduit à transmettre son entreprise à deux jeunes frères entrepreneurs, Louis et Rodolphe Caillard. Entretien avec ces derniers.

De gauche à droite : Rodolphe Caillard, un des frères repreneurs, Nathalie Bonnet, créatrice et cédante de Neho’Conseil, et Louis Caillard, repreneur.
De gauche à droite : Rodolphe Caillard, un des frères repreneurs, Nathalie Bonnet, créatrice et cédante de Neho’Conseil, et Louis Caillard, repreneur.

La Gazette. Quelles étaient vos activités avant cette reprise ?

Louis et Rodolphe Caillard. Mon frère Rodolphe, 29 ans, est formé en économie de l’environnement à un niveau master à la faculté de Rouen. Naturellement tourné vers le conseil, il a été recruté fin 2017 par Neho’Conseil où il est devenu en 4 ans un consultant de plus en plus expérimenté. Quant à moi (Louis), 25 ans, j’ai étudié d’abord en entrepreneuriat puis en management de projets respectivement à l’Edhec puis à la Skema. J’ai travaillé pendant un an chez Waycom à Suresnes en alternance, puis 6 mois en CDI en tant que chef de projet télécom pour des clients retail.

Quelles actions avez-vous menées pour vous faire penser que vous étiez capable de reprendre une entreprise ?

Me concernant, j’ai un diplôme BBA (bachelor in business administration) avec une spécialisation en entrepreneuriat. Cette formation me permet de mieux comprendre les prérogatives et opportunités inhérentes à une reprise. Cependant, ce sont surtout les conseils de nos experts qui ont permis de mieux appréhender cette nouvelle aventure. Être entouré par des personnes compétentes et de confiance est indispensable selon notre expérience.

Lorsque Rodolphe m’a fait part de son projet de changer d’entreprise pour relever de nouveaux défis, je lui ai proposé de créer un cabinet. Comme ma formation m’y prédispose, je voulais entreprendre.

Combien de temps s’est passé entre l’idée et la clôture ?

L’idée de créer un cabinet à deux avait germé à l’été 2020. Quand le projet est devenu plus concret, Rodolphe s’en est ouvert à Nathalie Bonnet en janvier 2021. C’est à ce moment que nous avons basculé pour un rachat. Puis avec l’aide de la BGE Hauts-de-France, nous avons construit un business plan afin de solliciter les banques. Nous avons sollicité un expert en cession de fonds de commerce pour qu’il nous accompagne au cours du process de rachat. Nous étions ainsi en ordre de marche pour reprendre Neho’Conseil et après moult reports, la date de cession finale fut le 5 novembre 2021. Ce parcours a pris environ 8 mois.

Quel a été le facteur prépondérant dans le choix de Neho ?

Voulant créer un cabinet d’audit QSEé (qualité, sécurité, environnement, énergie), la proposition de rachat de Neho où Rodolphe a travaillé pendant plus de 4 années, était pertinente. Nous connaissions bien la structure, ses partenaires et ses forces. L’opportunité présentée par Neho à mon frère, alliée à son expertise et aux retours positifs de ses clients, ont été autant de raisons pour adhérer à l’opportunité de reprise et de poursuite de l’aventure Neho présentée par sa fondatrice, Nathalie Bonnet. De notre point de vue, sans son aide capitale, il aurait été difficile d’envisager la reprise.

Quels ont été vos partenaires durant cette reprise ?

Les partenaires initiaux ont été la BGE pour le business plan, et le cabinet Loretz pour constituer notre holding Lupi et préparer le montage financier du rachat. Ces acteurs ont été fondamentaux et efficaces. Nous avons acheté les parts de Neho et pour le prêt, avons consulté deux banques autres que les nôtres. 

Comment avez-vous estimé la valorisation de l’entreprise ?

La valorisation de l’entreprise a été réalisée par Nathalie Bonnet. Après contre-expertise, nous avons retenu le prix et le montage global qui nous ont semblé justes et permettent de fonctionner dans un climat confiant. Nathalie Bonnet travaillant depuis quelque temps en temps partiel, Aurélie, une collaboratrice, et Rodolphe étaient déjà en relation directe avec la plupart des clients. Cette situation était rassurante quant à la pérennité d’un rachat potentiel et d’un changement de management.

Que vous a-t-il manqué le plus durant la période de transmission ?

La cession s’est bien réalisée. Peut-être aurait-il fallu mieux prévoir le temps de chaque étape (immatriculation de la holding, échanges avec la banque, établissement du business plan, etc.), un report étant déstabilisant pour chacun et source de tension et stress. Il faudrait préférer le pessimiste à l’optimiste quant au temps nécessaire pour chaque palier d’une reprise.

Trois conseils à donner à de futurs repreneurs ?

Tout d’abord, s’entourer de conseillers (juridiques et comptables principalement) afin d’être le plus alerte sur les données présentées et les choix à faire. Un rachat adressant beaucoup de domaines techniques, il est préférable de bien choisir ceux qui vont nous accompagner plutôt que de vouloir tout gérer soi-même. Par ailleurs, consulter plus de banques, ou même adresser d’autres financements potentiels (tel que business angels).

Un dernier conseil concerne la communication. Le ou les repreneurs sont les chefs d’orchestre du projet de rachat. Il faut tenir informées constamment les parties concernées et stimuler celles ayant une prestation à réaliser. Sans cela les délais risquent de s’étendre indéfiniment. Il ne faut pas hésiter à prendre son téléphone pour relancer un intervenant. Il faut être omniprésent pour ses propres parties comme envers celles de la partie cédante, en restant toujours actif et proactif.

Vos projets pour l’entreprise ?

Historiquement, Neho s’appuie sur l’organisation d’ateliers pour dynamiser le secteur entrepreneurial. Ces espaces centralisent avec force l'attention sur l'organisateur tout en échangeant avec plusieurs entreprises en même temps. Concrètement, ces ateliers sont une véritable opportunité pour parler de l’actualité de notre domaine et de partager sur divers thèmes de la norme avec nos clients. À terme, nous souhaitons booster ces ateliers.

Par ailleurs, nous devons coupler cette dynamique en la rendant plus visible sur les réseaux, tel LinkedIn, ou sur le site internet avec une actualisation des outils actuels. Un autre point sera de positionner Neho dans les cercles qui comptent tels que les différents collectifs ou clubs d’entrepreneurs, les CCI ou autres groupements thématiques. Nous souhaitons nous rendre visible et attractif au moins dans les Hauts-de-France.

La cédante et les repreneurs entourés des intervenants de Proaktys (conseil).


Nathalie Bonnet : «permettre aux repreneurs de prendre leurs marques»

La Gazette. Quel a été le facteur déclenchant votre volonté de transmettre votre société ?

Nathalie Bonnet. En parallèle d’une volonté de développer une nouvelle activité dans un domaine artistique, initié depuis 2019, c’était le souhait de valoriser 20 ans de développement d’activité, soit plus de 350 clients, des partenaires fidèles, des collaborateurs formés.

Quels ont été vos partenaires durant cette période de transmission ?

Essentiellement la société Proaktys avec Didier Trolet, son dirigeant, que j’ai missionné dès le début. Ce prestataire m’a accompagnée pour mettre en place les dispositifs juridiques adéquats au projet et identifier d’éventuels repreneurs. Nous avons estimé la valorisation de l’entreprise sur le chiffre d’affaires et les derniers résultats, sur son potentiel et la récurrence contractuelle existante.

Quel a été le facteur prépondérant dans le choix du repreneur ?

La connaissance de la viabilité de la société, la confiance dans l’activité qui est structurée et dont les méthodes sont éprouvées, la connaissance des clients fidèles, la récurrence des missions confiées au bureau d’étude, le potentiel de développement dû à l’évolution du contexte normatif et des thématiques liées au développement durable.

Trois conseils à donner aux futurs cédants ?

Croire en sa valeur, se faire accompagner par un tiers, et prendre du recul pour permettre aux repreneurs de prendre leurs marques et gagner en autonomie, tout en transmettant l’essentiel.