Scop, reprise ou liquidation ?

Calaire chimie sera-t-elle reprise par un industriel ou par ses salariés ? C’est ce qu’a pu décider le tribunal de commerce de Boulogne-sur-Mer le 22 août dernier lors de l'audience consacrée à l’examen de l’offre unique déposée par l’entreprise Synthexim. Retour sur une énième catastrophe possible dans le Calaisis.

« Le site de Calaire Chimie à Calais ».
« Le site de Calaire Chimie à Calais ».


 

CAPresse 2013

Le site de Calaire chimie à Calais.

 

L’usine de fabrication de produits pharmaceutiques Calaire chimie aura tout connu en quelques mois. En 2012, la centaine de salariés voit avec un brin d’optimisme la vente de la société au groupe allemand ICIG : qu’on s’intéresse à elle alors qu’elle vient de passer plusieurs saisons dans le rouge donne confiance. Le Belge Tessenderlo, qui compte l’Etat français comme actionnaire, promet même du chiffre d’affaires supplémentaire aux repreneurs. Ses derniers résultats auraient pu les inquiéter : un chiffre d’affaires de 25 millions euros pour une perte de 10 millions en 2011… L’entreprise employait près de 300 personnes en 2008 avant d’en licencier plus du tiers en quatre ans. Las ! En mai dernier, les repreneurs allemands ont préféré le redressement judiciaire, quelques semaines après avoir acquis le site calaisien. Au rythme où se détériorait la trésorerie, les salariés craignaient la liquidation. La nomination d’une nouvelle direction a fini de les convaincre qu’ils ne devaient compter que sur eux-mêmes. Leur avocat, Me Philippe Brun (qui s’est occupé de SeaFrance), les oriente vers une Scop. C’est probablement l’une des raisons pour laquelle le juge consulaire a accordé plus de temps à ce dossier, pour un dénouement attendu le 22 août (nous n’avons pas la décision du tribunal au moment ou nous mettons sous presse).

Quel soutien des pouvoirs publics ? Deux autres scénarios sont possibles pour Calaire chimie : la reprise (très symbolique) que propose son confrère et voisin Synthexim (36 salariés, groupe Axyntis), avec le licenciement d’une centaine de salariés ou la liquidation judiciaire. Il y a aussi quelques lettres d’intention de la part d’autres entreprises du secteur chimique (du groupe M21 et d’une entreprise indienne) mais chacun doute que le juge les prenne en considération sans renvoyer à une audience ultérieure afin d’avoir de véritables offres. Du temps qui pourrait aussi servir de recours aux contentieux de la part des salariés : certains veulent revenir sur la vente, d’autres s’inquiètent de la propriété des brevets… Le scénario Scop sera un deuxième exemple après les marins de SeaFrance à qui MyFerryLink a confié l’exploitation des navires d’Eurotunnel : cette possibilité n’a pas reçu de soutien politique ferme de la part de ceux qui avaient pourtant soutenu verbalement les scopiens de SeaFrance (notamment les promesses d’espèces sonnantes et trébuchantes des collectivités territoriales…). Les nombreuses réunions et tables rondes avec les édiles locaux et régionaux n’ont pas réussi à dégager un consensus sur le scénario de la scop. D’ailleurs, les 197 salariés retiennent-ils cette solution ? Il en faudra beaucoup pour convaincre le juge, l’Etat et les élus de leur donner leur chance. L’usine est fermée jusqu’au 25 août, date de retour des congés.