Saverglass ou la naissance d’un groupe
L’industrie demeure vivace dans l’Audomarois, faisant (un peu) mentir les chiffres des pertes de sites industriels en France. Depuis 2008, l’industriel Saverglass voit avec bienveillance le développement de son investissement ; 350 salariés œuvrent sur les chaînes de production. Visite préfectorale dans un haut lieu industriel de la région.
Visite au centre mondial de la fabrication de bouteilles premium. C’est une visite qui ferait plaisir à tout préfet de France. Denis Robin, préfet du Pas-de-Calais, l’a bien senti : le site arquois de Saverglass, numéro 1 mondial de la fabrication de bouteilles de luxe, qui s’est installé en 2008 sur une partie du site d’Arc international, enchaîne les succès et vient conforter un des messages du gouvernement : l’industrie n’est pas morte. Reprise par une partie de ses cadres et son auditeur-conseil en 1985, l’ancienne verrerie de Feuquières (en Normandie) s’inscrivait dans la tradition des petits et moyens verriers de la IIIe république. Ce n’est qu’en 1976 que l’activité se concentre sur la bouteille haut de gamme. Au tournant des années quatre-vingt-dix, Saverglass quadruple sa production avec la construction de deux fours. En 1999, l’entreprise affiche un CA de 94 millions d’euros et achète un concurrent au Havre, doublant ainsi sa production (210 000 t/an). Dans les années 2000, la société accumule les montages financiers. Depuis une décennie, les fonds de pensions français se succèdent pour la pousser vers la croissance. En 2006, c’était le trio Natexis PE, Investissements et CAPE. Il y a trois ans, le fonds Astorg prenait 75% du capital.
De nouvelles perspectives. «Nous nous développons mais ce n’est pas toujours facile. Les charges fixes de notre industrie représentent plus de 60% de notre chiffre», tempère Loïc Quentin de Gromard. Les cinq sites français approchent du seuil de leur capacité totale de production avec près de 400 000 tonnes de verre produites par an. Exportateur via ses clients revendeurs dans le domaine du luxe, Saverglass est en train de passer du statut d’ETI à celui de groupe international ; elle a facturé pour plus de 350 millions d’euros en 2012. Depuis le début de l’année, une usine dans le sud-est de la péninsule arabique a démarré. «Nous ne délocalisons rien. Nous nous développons à l’international. Rais al Khaimah dans les émirats était la solution la plus simple», indique Jacques Parissaux, dirigeant du site et ancien d’Arc international. Le site a été construit en quelques mois et peut s’appuyer sur une ressource gazière bon marché. La palette des produits dépasse désormais le seul champ des spiritueux, bien qu’il représente encore 62% du chiffre d’affaires. La cosmétique, le flaconnage et désormais l’alimentaire ouvrent de nouvelles perspectives.