Bilan 2023
Santé des entreprises : les défaillances post-covid se poursuivent
Quatre ans après la crise sanitaire, a-t-on assisté au pic des défaillances d’entreprises en France et dans la région l’an dernier ? Les derniers chiffres nationaux et régionaux tendent à le penser mais de lourdes incertitudes pèsent sur le tissu économique. Analyse.
Plus de 61 081 défaillances d’entreprises (cumulées sur 12 mois) fin juin en France ; à peine 45 de plus qu’en mai (cumulés sur 12 mois également). L’Insee parle d’un «rattrapage attendu (en 2024), cette tendance à la stabilisation concernerait les divers secteurs de l’économie (…) pour la plupart des tailles d’entreprises». Mais cela n'est pas si évident si l’on regarde les chiffres nationaux de 2023, considérée alors comme une année noire avec ses 60 500 défaillances. Et 56 700 en 2022.
Pour rappel, pendant les deux ans de la crise sanitaire (2020-2021), les défaillances furent respectivement de 31 900 et 28 200. Tous les tribunaux de commerce avaient mis le pied sur le frein pendant cette période car leurs effectifs étaient aussi à l’arrêt ou en télétravail. Un sentiment partagé, mais chuchoté : la période a permis de ne pas surajouter de difficultés à un pays sous cloche. Et sous stress.
La logistique très concernée
Dans le détail, et comparé à la moyenne de la décennie 2010-2019, ce sont les entreprises de transport, d’entreposage et de finances et assurances qui prennent les plus fortes hausses (respectivement +38,8% avec 2 639 et +33% avec 1 529), suivies des sociétés d’information et de communication (+22,2% avec 1 808) et dans l’immobilier (+18 % avec 2 344). Enfin, ferment la marche, le conseil aux entreprises (+12 % avec 7 143) et l’hôtellerie-restauration (+10,6 % avec 8 152).
Dans les Hauts-de-France, la tendance peut sembler ralentie si l’on considère que le 1er trimestre 2024 est en léger retrait par rapport au dernier trimestre 2023 : 1 121 défaillances contre 1221 (- 8%) mais le début d’année reste fortement haussier par rapport au premier trimestre 2023 : de 18% supérieur. Ainsi, l’Insee indique que «si cette tendance se confirme, 2024 sera peut-être une année record en termes de défaillances d’entreprises, avec des niveaux similaires à ceux observés dans les années qui ont suivi la crise financière de 2008». Crise dont on a mis une décennie à se remettre…
Les TPE les plus concernées
Pour donner un peu de perspective rétroactive à ces chiffres, on doit observer une tendance inquiétante pour le tissu économique de la région. Si les défaillances sont en baisse dans tous les secteurs d’activités, elle augmentent dans le commerce de détail (328 procédures, soit une hausse de 13%). À l’échelon départemental, l’Aisne continue de souffrir avec 76 procédures (+21%) mais celles-ci «restent stables dans le Pas-de-Calais» (246 procédures). Ce premier indice nous conduit aux chiffres concernant les TPE et PME : «en termes de taille d’entreprises, on observe une hausse des défaillances parmi les entreprises de 6 à 9 salariés (86 procédures, +32%) et parmi les entreprises de plus de 50 salariés (11 procédures, +83%)», indique le statisticien national.
Ainsi, si l’on a pu penser qu’on lisserait les dossiers de défaillances datant du covid sur quelques années, nous constatons probablement aujourd’hui que la crise ukrainienne (et ses conséquences sur les prix de l’énergie) nous a rattrapés et souffle dans des voiles funestes qu’on aurait pu croire baissées. L’ambiance politique actuelle, où le pays et les acteurs économiques restent dans l’expectative d’un gouvernement et d’un Parlement avec une majorité, ajoute aussi sans doute à l’inquiétude générale.