Sans renier le terme "submersion", Bayrou invite à "reconstruire" un modèle d'intégration

"Nous ne pouvons écarter ce que nos concitoyens éprouvent et expriment" quand ils disent leur "sentiment de submersion" migratoire, a estimé François Bayrou, dans des propos rapportés mercredi devant le Sénat, en exhortant les parlementaires...

Le Premier ministre François Bayrou s'exprime le 28 janvier 2025 à l'Assemblée nationale à Paris © Thomas SAMSON
Le Premier ministre François Bayrou s'exprime le 28 janvier 2025 à l'Assemblée nationale à Paris © Thomas SAMSON

"Nous ne pouvons écarter ce que nos concitoyens éprouvent et expriment" quand ils disent leur "sentiment de submersion" migratoire, a estimé François Bayrou, dans des propos rapportés mercredi devant le Sénat, en exhortant les parlementaires à "reconstruire" un modèle d'"intégration" en "panne". 

Revenant sur son utilisation du terme "submersion" migratoire, qui a fait hurler la gauche et provoqué la suspension de négociations délicates entre le gouvernement et les socialistes sur le budget, le Premier ministre a déploré qu'"on ne retien(ne) dans cette expression que le mot de submersion et non celui de sentiment", selon des propos lus devant les sénateurs par le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola.

Le Premier ministre, absent car retenu par les obsèques de son ami journaliste Jean-François Kahn, répondait au chef de file des sénateurs socialistes Patrick Kanner. Celui-ci a renouvelé la demande du PS qu'il "abandonne toute référence à la submersion migratoire" et qu'il soit "clair sur l'Aide médicale d’État" pour les sans-papiers, visée par l'extrême droite.

"Nous ne pouvons écarter ce que nos concitoyens éprouvent et expriment. Mais si nous regardons les choses en face, nous serons en capacité de maîtriser et d'accueillir correctement ceux qui viennent dans notre pays, comme c'est notre devoir. La question, c'est la panne de l'intégration", a ajouté M. Bayrou dans sa réponse, applaudie par plusieurs socialistes.

"L'intégration a été la dynamique singulière de la société française. Elle est vécue par des millions de personnes et en particulier par tous ces Français dont les ancêtres viennent de pays voisins ou lointains", a-t-il développé.

Mais les "instruments" de cette intégration sont "dans la tourmente", a estimé le chef du gouvernement en citant "le travail, la langue, les principes de la République, le principe de laïcité" soit "notre héritage commun, humaniste". Il a invité les parlementaires à les "reconstruire ensemble".

"Si nous améliorons notre éducation, si nous sommes fiers de nos principes, si nous sommes aussi plus rigoureux et efficaces pour faire respecter la loi, alors l'intégration pourra être réussie", a-t-il conclu.

Après la séance au Sénat, Patrick Kanner s'est dit "déçu" par la réponse de M. Bayrou même s'il l'a jugée "nuancée", considérant que le Premier ministre n'avait pas répondu à ses questions sur l'AME et l'abandon du terme "submersion", et l'accusant de "servir la soupe à l'extrême droite".

"S'il veut encore (...) un accord ponctuel de non censure, je lui demande encore des efforts", a-t-il ajouté alors que le PS réclame de nouvelles concessions sur le pouvoir d'achat et l'écologie.

Un sondage a semblé conforter le Premier ministre: près de deux Français sur trois (64%) estiment que François Bayrou, a eu "raison" d'employer l'expression "submersion migratoire", selon cette enquête Elabe pour BFMTV parue mercredi.

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