Événement

Salon BTP Expo à Mégacité Amiens : la profession s'inquiète de l'avenir

Ce 6 octobre, près de 1 500 acteurs de la filière du bâtiment et des Travaux publics se sont réunis à Mégacité Amiens, à l’occasion du salon BTP Expo. Un événement qui a permis aux professionnels d’échanger mais aussi d’évoquer l’avenir qui semble s’assombrir. En effet, depuis plusieurs semaine les professionnels font part de leurs inquiétudes quant à l’avenir de la construction. La chute vertigineuse du logement neuf fait craindre une véritable casse sociale.

Hubert de Jenlis, Pierre Damette co-organisateur du salon, Ceglyne Barrier et Nathalie Lavallard, adjointe au maire d’Amiens. @Aletheia Press/ DLP
Hubert de Jenlis, Pierre Damette co-organisateur du salon, Ceglyne Barrier et Nathalie Lavallard, adjointe au maire d’Amiens. @Aletheia Press/ DLP

Olivier Salleron, président de la Fédération française du bâtiment (FFB) a même évoqué lors d’une conférence de presse, en septembre dernier, une possible baisse de 8% de l’activité à l’horizon 2025. Ce qui entraînerait, au niveau national, la destruction de près de 150 000 emplois sur 1,7 million d’actifs. « Pour le moment, les acteurs de la construction répondent encore aux commandes en cours. Mais, après, cela va commencer sérieusement à se tendre », confirme Ceglyne Barrier, présidente de la FFB de la Somme. Dans le département, la construction emploie quelque 9 457 salariés (chiffres octobre 2022 – Portrait de territoire de la Somme).

Le salon BTP Expo a rassemblé quelque 1 500 acteurs du secteur. @Aletheia Press/ DLP

Une crise majeure

« Le projet de loi de finances 2024 est clairement défavorable à la construction. L’arrêt du dispositif Pinel, la limitation du Prêt à taux zéro (PTZ), le manque de foncier inquiètent véritablement les professionnels. On parle aussi d’une possible hausse de la TVA sur certains travaux, tout ça n’invite pas à l’optimisme », pointe celle qui constate une hausse des défaillances des entreprises locales. « Notre rôle est d’alerter en amont les pouvoirs publics. Aujourd’hui, nous sommes entendus. J’espère que nous serons rapidement écoutés parce que derrière la construction, c’est d’autres métiers qui sont en danger comme les notaires, les agents immobiliers… », prévient Ceglyne Barrier.

Cette rétractation du marché, Ludovic Lebleu agent commercial pour Ma Maison en Somme à Corbie, la ressent déjà. « Les années qui ont suivi la crise sanitaire ont été très bonnes pour l’immobilier comme pour le monde du bâtiment. Les transactions ont explosé, beaucoup de propriétaires ont engagé des travaux… c’était idyllique. Aujourd’hui, on assiste clairement à la fin de cette ère », analyse-t-il. Si la tendance est morose, Hubert de Jenlis, premier vice-président du Conseil départemental de la Somme, rappelle l’engagement de la collectivité en faveur du BTP. « La commande publique a représenté l’année dernière 280 millions d’euros, note-t-il. Cette somme a bénéficié à 70% à des entreprises des Hauts-de-France et à 50% à des entreprises de la Somme. »

Si la construction connaît des difficultés, la rénovation tire son épingle du jeu. @Aletheia Press/ DLP

L’espoir de la rénovation

La bonne santé de la rénovation fait aussi figure de point positif. « Les projets se multiplient, notamment les rénovations d’écoles », confirme Ceglyne Barrier, qui veille cependant au possible mouvement de glissement des acteurs de la construction vers la rénovation. « C’est un vrai sujet. S’il n’y a pas d’amélioration, de plus en plus d’entreprises vont s’intéresser à ce domaine qui est actuellement porteur, avec un risque de contraction du marché », pressent-elle. Si de plus en plus de propriétaires engagent des travaux de réhabilitation de logement, la Présidente de la FFB de la Somme estime également que l’accès aux aides est encore trop restreint. « Il existe encore un plafond de revenus qui bloque encore les prises de décisions », observe Ceglyne Barrier.