Un été en France
Saint-Jean-de-Maurienne : l’éloge de la diversité
Saint-Jean-de-Maurienne n’est pas spontanément la première destination qui vient à l’esprit lorsqu’on veut s’échapper en vacances en Savoie Mont Blanc ! Pourtant ce territoire, qui vient d’être labellisé Rando Gravel par la Fédération française de cyclisme, gagne à être connu pour qui aime conjuguer nature et activités sportives sur fond d’histoire.
Mixer
judicieusement passé industriel et viticole avec activités nature
est sans aucun doute l’un des points forts de Montagnicimes,
instance touristique qui réunit Saint-Jean-de-Maurienne, Albiez et
un chapelet de villages authentiques alentours. Plutôt connu des
cyclosportifs car situé au carrefour des grands cols alpins
(Galibier, Télégraphe...), ce
territoire savoyard s’affirme aujourd’hui comme une destination
touristique à part entière, à même de satisfaire les amateurs de
patrimoine, de randonnées pédestres ludiques ou cyclo-touristiques
pittoresques.
En vélo sur les traces de l’Opinel
En témoigne La Route de l’Opinel, 15 km entre Saint-Jean-de-Maurienne et Albiez-Montrond dont on peut parcourir tranquillement les 13 lacets en vélo ou VAE (elle affiche quand même 900 m D+) en s’accordant au passage une petite pause pédestre au hameau de Géboulaz.
«Jacques Opinel, mon père, a créé en 1989 le musée de l’Opinel à Saint-Jean-de-Maurienne, dans un ancien atelier familial. C’est tout près d’ici, au hameau de Géboulaz, que Joseph, le frère de mon arrière-grand-père, a mis au point son couteau de poche en 1890», explique Maxime Opinel, directeur du musée. Comme les visiteurs souhaitaient découvrir aussi les lieux de naissance du couteau, l’idée de les mettre en valeur a fait son chemin. «Nous avons ainsi tracé un vrai parcours, qui n’est en rien une réplique du musée, plutôt une alternative à vivre en extérieur.»
Le
musée est seulement le point de départ de l’itinéraire qui s’est
étoffé au fil des ans. Au tout premier atelier, à la maison de
Joseph et à la toute première usine de fabrication sont venues
s’ajouter des répliques artistiques du célèbre canif comme ce
modèle géant, planté au cœur du beau skate-parc de
Saint-Jean-de-Maurienne. Des lieux de
vie de la famille et des habitants de cette vallée pauvre de
l’Arvan, comme la chapelle Saint-Grat ou le four à pain, sont
également venus enrichir cette route. Chacune des haltes étant
dûment documentées.
En Gravel à l'assaut des grands cols
Un itinéraire que l’on peut bien sûr aussi parcourir en gravel, ce deux-roues synthèse entre vélo-route, vélo-voyage et vélo-tout chemin. Le territoire vient par ailleurs d’être labellisé Rando Gravel par la Fédération française de cyclisme cet été. Une première ! De sport de niche, cette discipline monte en puissance. Elle est devenue l’expression d’une sorte de renouveau du vélo-liberté, avec un vaste champ des possibles. «Le gravel permet d’offrir des itinéraires “bis” pour rejoindre nos plus beaux cols (Mollard, Confrérie, le Chaussy, Madeleine, Croix de Fer...) et parcourir le pied des Aiguilles d’Arves en dehors des routes sur fréquentées d’été. On emprunte des itinéraires exceptionnels, où l’on peut s’ouvrir à la rencontre et découvrir, avec humilité, le patrimoine naturel et historique confidentiel», résume le directeur de Montagnicimes, Pascal Favier.
Dix
itinéraires de tous niveaux ont notamment été imaginés au départ
de Saint-Jean-de-Maurienne et d’Albiez et sont dûment détaillés
dans un topo-guide disponible à l’office de tourisme ou sur
Internet.
Des randonnées emblématiques
Si Opinel est mondialement connu, il n’en est pas de même de la tradition ardoisière du territoire. Or cet or noir a largement contribué à l’essor de la vallée de la Maurienne aux XIXe et XXe siècles. Pour s’immerger dans ce passé, rien de tel que la balade tranquille des ardoisiers. Au départ de Saint-Julien-Mont-Denis et sur 2,9 km, elle retrace l’histoire de ces ouvriers, traverse plusieurs sites emblématiques témoignant de leur dur labeur. Et propose divers aménagements explicatifs et ludiques. Depuis cet été, le parcours est même scénarisé, avec la complicité de la vache Beaunie, pour séduire les enfants.
Quant au vignoble de Maurienne, il a lui aussi eu son heure de gloire autour de Saint-Jean jusqu’au début du XXe siècle. «Cette notoriété s’appuyait essentiellement sur un cépage local, le Persan ou Princens, qui produisait un très bon vin comparable aux grands crus de Bourgogne», explique Julien-Gabriel Perbellini. Lui est né ici. Il se souvient que gamin, son grand-père aimait l’emmener jusqu’à la chapelle Bonne Nouvelle (XVIIe siècle), par un petit chemin ponctué d’oratoires qui serpente au milieu des vignes. Un chemin toujours bien tracé au départ de Saint-Jean et qu’il fait bon parcourir (compter une heure aller-retour) pour admirer aussi la vue sur les nombreux sommets alentours...
Une
vraie madeleine de Proust pour ce Saint-Jeannais qui vient de
réaliser son rêve d’enfant : créer, au pied de ce site, «Le
refuge de Princens», un mini-gite joliment aménagé dans une petite
maison de vignes, en préservant l’esprit du lieu.
Hélène Vermare - Eco Savoie Mont Blanc pour RésoHebdoEco - www.reso-hebdo-eco.com