Stratégie

Saint-Blimont : Dény Security regarde vers l’avenir

Début 2024, Dény Security, le spécialiste de la sécurisation des sites sensibles, isolés et difficiles mettra en route un robot qui automatisera la production des clés, dont l’anneau sera modernisé. Plus que jamais, Dény Security, fondé en 1891, se veut visionnaire et fidèle aux inventions de Charles Dény, son fondateur.

Le nouveau robot sera opérationnel en janvier.
Le nouveau robot sera opérationnel en janvier.

Dény Security, l’entreprise de Saint-Blimont, a installé en juin un robot de taillage de clés afin d’automatiser et réduire des opérations auparavant manuelles, réalisées sur différents postes. Marquage, taillage et ébavurage : le process est fluidifié et surtout plus flexible. Cette nouvelle machine à la pointe de la technologie made in Jura, achetée 350 000 euros, est testée jusqu’à la fin de l’année. Le lancement de la production en volume est prévu dès janvier.

En autonomie, elle pourra assurer la fabrication de 300 clés au nouveau brevet pour les 20 ans à venir. Ce nouveau brevet est basé sur un obturateur à l’entrée du cylindre, intégrant un ressort qui le garde fermé. L’opération sera réalisée en 90 secondes contre six minutes actuellement. À noter que les cylindres sont constitués notamment d’une quarantaine de rondelles, entièrement montées à la main. Conjuguant laiton, acier zingué et inox, ils ont été testés à un million de cycles. Ils ont une haute résistance à la corrosion, à la poussière, aux températures extrêmes.

Tout l'art du montage à la main.

Le dessin de l’anneau des clés a dû être revu afin de permettre un empilement durant cette opération : « L’anneau est modernisé, explique Antoine Douville, Directeur général adjoint. Il se veut plus robuste, plus confortable car plus large. » Autres avantages, la possibilité de faire des chanfreins pour un passage plus doux de la clé et relier le codage directement au service organigramme sans passer par le papier. La machine a été baptisée Deylta, rappelant notamment le "De" et le "Y" de Dény

Depuis la création de l’entreprise en 1891, près de 50 000 organigrammes ont été ouverts. Le plus vieux toujours fonctionnel date de 1894, ce qui démontre l’avant-gardisme de son inventeur Charles Dény et ce dès 1884 : « La capacité combinatoire est de 6 puissance 21. Elle est infinie », résume Frédéric Caron, directeur de production.

Ces organigrammes de haute sécurité sont vite devenus incontournables et équipent de nombreux sites sensibles, isolés ou difficiles tels des centrales nucléaires, des banques et assurances, des commerces et industries, des centrales nucléaires, des raffineries, des shelters, des services des eaux, des établissements pénitentiaires, des trains, des sites industriels, des aéroports. Dès 1999, Dény a inventé la serrure avec lecture de carte magnétique.

Delphine Boileau, chargée de communication, présente le nouvel anneau de la clé (à dr.).

Au total, les activités de Dény Security se concentrent autour de quatre activités : haute sécurité, organigrammes, contrôle d’accès électronique et issue de secours : « Nous travaillons en B to B, c’est à dire que nous négocions directement avec nos clients alors que nos concurrents passent par le marché de la distribution, ajoute Antoine Douville. Nous pouvons compter sur une grosse force commerciale d’une cinquantaine de personnes. La moitié se trouve sur le terrain. »

Dès 2018, Dény Security, qui appartient au groupe DOM Security, a entrepris d’augmenter le niveau de sécurité de son cylindre historique. L’entreprise a alors réalisé un premier investissement de 550 000 euros en test depuis 2021. Il s’agit du système squelette inox standardisé visant à augmenter la résistance au crochetage de son cylindre.

Ajout de contrôles supplémentaires et de nouvelles cinématiques

Pour cela, Dény Security a procédé à l’ajout de contrôles supplémentaires et de nouvelles cinématiques - synchronisations de mouvement de chaque pièce - plus précises sur les leviers de sécurité et à une standardisation de la production de certaines pièces auparavant ajustées à la main. Pour la fabrication des leviers de sécurité du cylindre, il fait appel à un process basé sur la technologie de la poudre métallique et du moulage par injection.

Il présente l’avantage de produire des formes complexes avec un excellent état de surface, des tolérances dimensionnelles précises et des propriétés mécaniques élevées. Quant à l’assemblage des clavettes, il s’effectue depuis juillet 2021 à l’aide d’une machine à soudure laser qui permet d’assembler les touches automatiquement à des positions différentes en fonction de la variure du cylindre. La prochaine étape sera la mise en place d’un logiciel qui permettra de gérer les calculs des organigrammes.

Frédéric Caron, directeur de production.

« Nous n’avons pas la volonté d’aller beaucoup plus loin dans l’automatisation, ce qui permet aux uns et aux autres d’être très sereins », souligne le Directeur général adjoint de l’entreprise qui a enregistré 24 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022, dont 20% réalisés à l’export (Europe, Afrique du Nord, Moyen Orient) principalement avec les organigrammes et la haute sécurité. Dény Security se veut au plus proche de ses clients en assurant pose, SAV, contrats de maintenance, hotline, formation, prestation et mise en service. 

Le chiffre d’affaire annuel (entre 500 000 euros et 1 million d’euros) est réalisé avec l'activité de serrurerie décorative. La société est notamment intervenue sur la serrurerie des nouvelles portes et fenêtres de l’hôtel de luxe parisien Le Crillon ou a assuré la rénovation de crémones et autres espagnolettes au Château royal de Versailles. Comme une majorité d’entreprises, elle peine à recruter. Elle recherche des monteurs, des techniciens, des commerciaux…