Sahut-Conreur : plus de 150 ans d’histoire
Étonnante entreprise : née à l’époque de la révolution industrielle, unique en France, elle conçoit et fabrique des machines-outils spécialisées notamment dans le compactage, vendues à des clients répartis sur les cinq continents.
Difficile de deviner l’activité de l’entreprise Sahut-Conreur au premier coup d’œil. Son histoire encore moins, d’autant qu’elle occupe, depuis cette année, de vastes locaux neufs situés dans la zone industrielle Aérodrome-Ouest, au sud de Valenciennes. Lors d’une récente visite organisée par la communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut, élus et institutionnels sont allés de surprise en surprise. Ils ont été pilotés par les deux frères qui codirigent la société : Frédéric et Jean-Philippe Dehont, respectivement PDG (depuis 25 ans) et directeur technique.
Née en… 1859
Le bâtiment moderne, abritant des ateliers pimpants, contraste avec la longue histoire familiale de l’entreprise. «Elle a été créée en 1859 par Alfred Conreur, le grand-père de ma grand-mère. Je représente la cinquième génération. Sahut, c’était le nom du gendre du fondateur. Pendant 150 ans, nous avons été installés à la limite de Petite-Forêt et de Raismes. Et puis, il y a trois ans, nous avons pris la décision de déménager…», raconte Frédéric Dehont aux visiteurs. La CAPH a aidé l’entreprise à trouver un terrain et lui a octroyé une subvention de 102 000 euros. Après deux ans de travaux, la société Sahut-Conreur a entamé une nouvelle vie à sa nouvelle adresse. «Nous sommes encore à cheval sur deux communes, s’amuse le PDG, mais cette fois, c’est Prouvy et La Sentinelle.»
Le site, d’environ 7 000 m2 , comprend deux bâtiments, un pour l’administration et les études (1 000 m2), et un pour l’atelier de construction mécanique (5 400 m2). Une station d’essais de 1 000 m2, s’y ajoute. Pour l’entreprise, l’investissement a été de 6 millions d’euros (chiffre CAPH). La Région et la CCI ont également aidé.
Unique en France
La société Sahut-Conreur compte 70 salariés et réalise, selon le PDG, entre 10 et 20 millions de chiffre d’affaires par an. Il précise que son entreprise s’occupe du montage sur site des machines fabriquées dans ses ateliers. Pour cela, elle s’appuie sur un réseau d’une quarantaine d’agents dans le monde. Elle compte aussi des sociétés associées.
Sur la zone Aérodrome-Ouest, elle occupe 2,4 hectares qui pourraient lui permettre, si nécessaire, de doubler la surface de l’atelier d’usinage des pièces. Les pièces et moteurs servant aux fabrications proviennent de fournisseurs européens.
M. Dehont n’aime pas dire qu’il occupe une «niche», il préfère parler d’un «marché étroit». Mais il reconnaît que la spécialisation de l’entreprise, son rayonnement mondial et sa longue histoire lui valent d’être, à ses dires, la seule du genre en France. «Nos concurrents sont allemands et américains. Nous ne sommes que cinq dans le monde.»
Encadré
Des machines outils pour mettre en forme
M. Dehont explique que l’entreprise a fabriqué, pour les Houillères, des machines servant à confectionner des boulets de charbon. «Aujourd’hui, nous sommes un constructeur spécialisé travaillant pour des clients dans le minéral, la chimie, l’agroalimentaire, le nucléaire… À 90/95%, on exporte nos machines sur les cinq continents.» À la fondation de l’entreprise, lit-on dans la brochure de présentation, il s’agissait d’un atelier de construction mécanique. Puis, vers 1900, l’agglomération du charbon est devenue une spécialité. Enfin, à partir de 1950, le procédé a été étendu aux autres domaines industriels cités ci-dessus auxquels on peut ajouter la pharmacie ou la sidérurgie. Le savoir-faire de Sahut-Conreur en fait un «leader mondial de l’ingénierie et de la construction d’unités d’agglomération et de granulation par compactage».
Le métier de Sahut-Conreur, c’est donc la construction de machines, une quinzaine par an environ, pouvant peser de 200 kg à 100 tonnes. Ce, de l’étude de faisabilité jusqu’à la mise en place, avec des équipements complémentaires si nécessaire. «On fait du sur-mesure, précise Frédéric Dehont, et du sur-commande. Il n’y a pas deux machines pareilles. Le rôle de notre R & D, c’est de rechercher les technologies les mieux adaptées à la mise en forme des produits de nos clients et d’améliorer continuellement les machines.»
Ces machines-outils servent par exemple à fabriquer des berlingots ou pastilles de sel pour les adoucisseurs, des galets de produits surgelés, des granulés d’engrais… Frédéric Dehont explique que l’activité consiste à broyer, compacter, presser, briqueter, agglomérer des produits à base de poudre. Exemple de procédé mis en œuvre : la presse à roues tangentes. Dans les ateliers, on découvre différentes machines équipées de dispositifs métalliques alvéolés à double rouleau permettant de donner les formes voulues. «Notre station d’essais nous permet de vérifier que la machine est bien adaptée à la demande et de proposer des démonstrations.»