Sabine Bonnot, porte-parole du Planet-score : «Le Planet-score représente un outil au service des stratégies RSE des en…
Les consommateurs, de plus en plus soucieux de l'impact environnemental des produits qu'ils achètent, sont un peu perdus dans le maquis des allégations vertueuses. Né dans le cadre d'une démarche publique, le Planet-score est loin d'être encore obligatoire, mais des entreprises l'ont déjà adopté.
En quoi consiste le Planet-score ?
Il s'agit d'un dispositif comparable au Nutri-Score qui informe les consommateurs sur la qualité nutritionnelle d'un produit alimentaire, mais appliqué à l'environnement. Le Planet-score est constitué d'une note agrégée et des trois indicateurs qui la composent, pesticides, biodiversité, climat. S'y ajoute un indicateur sur les conditions d'élevage des animaux, lesquelles ont aussi un impact environnemental. Aujourd'hui, les consommateurs sont de plus en plus demandeurs d'informations, mais ils sont désarmés face à la multitude de promesses environnementales des produits, basées sur des indicateurs disparates et partiels. Ils savent très bien qu'un produit vertueux sur un plan peut être dommageable sur un autre. Avec l’information à la fois complète et détaillée qu’il fournit, le Planet-score répond à cette exigence de clarté. De plus, il permet de comparer les produits entre eux. Le sujet est crucial : la moitié environ des capacités de la planète sont utilisées pour nous nourrir, d'après le WWF. Ce n'est pas illégitime en soi, mais cela signifie qu'il existe des marges de manœuvre importantes pour alléger les pressions environnementales globales, via nos choix alimentaires.
Il y a quelques mois, UFC-Que Choisir demandait aux candidats à l’élection présidentielle de rendre le Planet-score obligatoire. Est-ce le cas et… qui est à l'origine du dispositif ?
Il est normalement prévu que l'affichage environnemental des produits devienne obligatoire en 2024. Pour l'instant, le Planet-score reste donc une démarche volontaire des entreprises, ce qui n'empêche pas d'avancer. À l'origine, le dispositif a été conçu suite à la loi sur l'économie circulaire de 2020 et à la loi Climat et Résilience de 2021. Dans ce cadre, un appel à propositions a été lancé pour faire émerger un dispositif d'étiquetage. Le Planet-score est celui qui a fortement émergé. Il a été mis sur pied grâce à des experts dans divers domaines environnementaux, issus d'ONG et d'associations de consommateurs. L'ITAB, Institut technique de l'agriculture biologique, association reconnue d'intérêt général y a contribué. Il avait alerté fin 2020 sur le fait que la base de données publique sur l'analyse des cycles de vie des produits, très incomplète, aboutissait à des résultats absurdes : par exemple, l’œuf produit par une poule en cage était considéré comme le meilleur pour l'environnement... Le travail réalisé pour l’étiquetage Planet-score a permis d’affiner et de compléter ces critères existants.
Combien d’entreprises s'impliquent-elles dans cette démarche très exigeante ?
Actuellement plus de 150 entreprises font évaluer leurs produits avec le Planet-score. La démarche venant de démarrer début 2022, les premières évaluations ont été transmises ce printemps. Les entreprises pionnières font le choix d’afficher leurs notes Planet-score sur les emballages, c’est le cas de Fermiers de Loué ou Sojade, par exemple. À la rentrée, certains distributeurs tels que Monoprix, Franprix, Greenweez, Naturalia, Biocoop, vont afficher sur leurs sites de vente en ligne les étiquettes Planet-score de leurs produits à marques propres, mais aussi celles des marques nationales qui le souhaitent. Les consommateurs vont ainsi pouvoir comparer ! Omie [épicerie en ligne] a déjà commencé sur son site depuis juin, sur 100 % de ses produits. La bonne nouvelle, c'est que la crise actuelle n'empêche pas les entreprises déjà engagées dans une démarche environnementale structurée de continuer à se préoccuper de ces questions. Le Planet-score représente une forme de mise à l'épreuve des produits et aussi un outil au service des stratégies RSE des entreprises : elle permet de construire des trajectoires plus vertueuses. Certaines sociétés ont déjà commencé à modifier leurs recettes, à faire évoluer leur approvisionnement.
Propos recueillis par Anne DAUBRÉE