Sa ferme se convertit au bio
Au printemps, l’élevage de vaches limousines de la ferme du Défriché aura terminé sa conversion à l’agriculture biologique. L’exploitation est à la fois une entité économique et un support pédagogique…
Pourquoi le Défriché ? Antoine Scaillierez, directeur de l’exploitation agricole depuis septembre dernier, explique que cette ancienne ferme fortifiée a historiquement grignoté le massif forestier de Trélon. D’où ce nom qui fait allusion à l’enclave ainsi constituée. «Aujourd’hui, dit cet ingénieur agronome de formation, la ferme représente 74 hectares de pâtures, emploie deux salariés à temps partiel plus moi-même, et on y élève une cinquantaine de ‘mères limousines’ et leur suite, un taureau et des veaux. S’y ajoutent pas loin de 150 brebis et agnelles mais qui ne sont pas concernées par la conversion en bio.»
Si la vocation la plus connue de la ferme du Défriché est de servir de support pédagogique, elle est d’abord un vrai lieu de production.
C’est surtout un CFA. Tout comme le lycée agricole Charles-Naveau, de Sains-du-Nord, auquel elle est rattachée, l’exploitation relève du Conseil régional (pour les locaux) et du ministère de l’Agriculture (pour les formations), tout en faisant partie d’un ensemble de plusieurs entités appelé «Etablissement public local d’enseignement et de formation à la profession agricole» (EPLEFPA), dont la maison mère est à Douai. Le lycée agricole du Quesnoy, de l’autre côté de la forêt de Mormal, en fait également partie.
Sur le site http://legtasainsdunord.fr/ on pourra en apprendre plus sur les formations dispensées à Sains-du-Nord. Elle sont agricoles bien sûr puisque la ferme est un CFA accueillant une centaine d’apprentis, mais aussi d’autres élèves pour lesquels existent d’autres formations : “nature” et services à la personne en milieu rural. Pour les adultes, il y a des formations «chiens de troupeaux», mais très ponctuelles.
Ce qui va changer. La conversion, de deux ans, a commencé fin avril 2011 et se terminera donc en avril 2013. «Elle répond à une politique publique de développement de l’agriculture biologique et son bocage s’y prêtait très bien», commente le directeur. La labellisation «Agriculture biologique», rappelons-le, implique des obligations ou plutôt le respect de cahiers des charges : arrêt de l’utilisation des produits chimiques (nitrates, désherbants) sur les parcelles ; limitation à trois par an des traitements antibiotiques aux animaux ; recours à une alimentation agréée «AB», qu’il s’agisse de l’herbe et du foin des parcelles converties de l’exploitation, ou des compléments alimentaires en céréales et protéines. Le nombre d’animaux a été réduit, précise Antoine Scaillierez, afin de tendre vers l’autonomie fourragère du site.
Un gros client et un début de vente directe. Que devient la viande bovine ? Les vaches limousines sont vendues principalement au groupe avesnois Cévinor (coopérative d’éleveurs, abattoir et réseau de boucheries), soit dans le but d’être engraissées, soit pour entrer directement dans le circuit de commercialisation du groupe qui s’est ouvert à la viande bio destinée à la restauration collective. La vente directe à la ferme a commencé. «En 2012, quatre animaux ont été transformés sous la forme de caissettes de viande vendues aux parents d’élèves, aux enseignants et formateurs, à une boucherie et quelques restaurateurs locaux. Notre souhait, c’est de développer cette vente de caissettes afin de faire connaître notre viande bio au public local.» Les portes ouvertes de l’établissement devraient y contribuer.