Sa conférence sur la Palestine interdite, Mélenchon se dit victime de "violence politique"

Le chef de file LFI Jean-Luc Mélenchon a dénoncé jeudi la "violence politique" dont il se dit victime après la double interdiction d'une conférence sur la Palestine, qu'il devait donner jeudi soir à...

 © Benjamin BOULY RAMES
© Benjamin BOULY RAMES

Le chef de file LFI Jean-Luc Mélenchon a dénoncé jeudi la "violence politique" dont il se dit victime après la double interdiction d'une conférence sur la Palestine, qu'il devait donner jeudi soir à Lille avec la militante franco-palestinienne Rima Hassan.

"Nous interdire, c'est un franchissement de seuil incroyable de violence politique", a-t-il lancé jeudi soir sur une place lilloise, au côté de Mme Hassan, numéro 7 de la liste Insoumise aux européennes, et d'un bataillon d'élus LFI, écharpes tricolores en bandoulière.

Se défendant de tout antisémitisme, il s'en est pris aux "chiens de garde", les élus opposés à cette conférence, puis au président de l'université de Lille, accusé de s'être "aplati" le premier en interdisant mercredi la conférence initialement organisée par une association dans ses locaux. "La sérénité des débats" n'était selon lui pas garantie.

Invoquant un risque de "trouble à l'ordre public", c'est ensuite la préfecture du Nord qui a interdit jeudi cette même conférence, relocalisée à la hâte dans une salle privée.

De guerre lasse, les Insoumis se sont finalement limités à un rassemblement public en début de soirée, qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes.

M. Mélenchon avait auparavant dénoncé "un abus de pouvoir de république bananière", avant de filer une sibylline métaphore animale: "Aux cafards qui ont voté pour les pesticides contre les fourmis, un message: même les abeilles qui se sont abstenues en sont mortes."

Le patron des socialistes Olivier Faure a qualifié l'interdiction d'"affront à la démocratie", les écologistes (ex-EELV) jugeant la décision "attentatoire aux libertés publiques".

S'exprimer librement

La préfecture justifie son interdiction par "des appels à la mobilisation lancés par plusieurs organisations" opposées à la conférence pouvant entraîner "des heurts sur la voie publique".

Elle souligne aussi que les forces de sécurité sont déjà mobilisées jeudi par le plan vigipirate, le match de coupe d'Europe Lille-Aston Villa et une commémoration à la synagogue de Lille.

Enfin, elle note que la taille de la salle privée réservée in extremis pour l'évènement ne permettait pas d'accueillir le public attendu en toute sécurité.

"Je suis pour qu'on respecte les lois de la République. Après, je suis pour ma part toujours favorable à ce que les gens puissent s'exprimer librement, quand bien même je combats leurs idées", a commenté le président Emmanuel Macron, en marge d'un sommet européen, en réaction à cette interdiction et celle d'une réunion controversée à Bruxelles de représentants de la droite nationaliste, dont Eric Zemmour.

Depuis le début de la semaine, plusieurs élus, comme la députée macroniste Violette Spillebout, le parlementaire RN Sébastien Chenu et le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avaient réclamé l'interdiction de cette conférence.

Pourchassée

Objet des critiques, comme le relève la préfecture dans son arrêté, les "propos tenus par la principale conférencière", Rima Hassan, "sur l'action terroriste du groupe Hamas contre des civils israéliens le 7 octobre 2023".

La militante, qui a qualifié Israël d'"entité coloniale fasciste", est accusée d'avoir estimé après le 7 octobre qu'il était "vrai" que le mouvement islamiste palestinien Hamas mène une action légitime. Un extrait d'interview tronqué, a-t-elle répondu depuis.

"La censure est l'arme de ceux qui ont déjà perdu", a-t-elle déclaré jeudi, jurant qu'elle se battra "autant que possible" pour organiser cette conférence.

"Je me sens littéralement (...) pourchassée non pas pour ce que je dis mais pour ce que je suis", a-t-elle poursuivi, dénonçant "le racisme" autour de la question israélo-palestinienne.

Egalement en cause, le logo de l'association étudiante organisatrice, "Libre Palestine", qui montre un territoire englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza.

Une manière de "nier l'existence de l'Etat d'Israël" pour certains, dont la tête de liste des socialistes aux européennes, Raphaël Glucksmann, ce que l'association réfute.

LFI a fait de la dénonciation des opérations israéliennes à Gaza l'un des principaux axes de sa campagne pour les élections européennes du 9 juin. Jean-Luc Mélenchon a multiplié ces dernières semaines les conférences dans les universités.

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