Responsabilité sociétale
Roye : AGDI Démolition structure toujours plus sa démarche RSE
À la tête d’AGDI Démolition basée à Roye, Arnaud Garnier s’est lancé il y a quelques années dans une démarche RSE. Le dirigeant multiplie les initiatives, pour le bien-être de ses équipes et la satisfaction de ses clients, dans un secteur – la destruction de bâtiment, le curage et la démolition intérieure – qui peut sembler a priori assez éloigné de cette sensibilité sociétale et environnementale.
Arnaud Garnier démolition intérieure a vu le jour il y a 14 ans. L’entreprise royenne est spécialisée dans le curage et la démolition de magasins essentiellement – pour la plupart des enseignes de luxe comme Cartier, Rolex, Mont-Blanc, Lacoste ou encore Hugo Boss, mais aussi de bâtiments agricoles et industriels.
Arnaud Garnier et ses 14 collaborateurs travaillent dans toute la France et les pays limitrophes (Belgique, Luxembourg, Espagne, Italie, Monaco). « Au départ, nous travaillions avec deux cabinets d’architectes et une entreprise tous corps d’état, relate le dirigeant. Et au fil du temps, le bouche à oreille et les relations aidant, nous avons intégré de nouveaux groupes par le biais des conducteurs de travaux. »
Une démarche RSE structurée
AGDI Démolition intervient beaucoup dans les centres commerciaux, de nuit, pour une déconstruction du sol au plafond, du curage et de la mise à nu. Avec comme maîtres-mots la rigueur et l’organisation : une évacuation efficace des matériaux, pour un chantier propre et des finitions impeccables une fois l’intervention terminée. Ce qui permet aux client de reconstruire ou réhabiliter le bâtiment plus rapidement.
Il y a trois ans, Arnaud Garnier s’est lancé dans une démarche RSE, et a notamment mis en place sur ses chantiers le tri et recyclage des matières : « Lorsqu’on arrive dans un magasin, avant de procéder à la dépose, on trie déjà les différents matériaux pour ne pas les mélanger. » La céramique est ainsi traitée et isolée avant d’être passée au crible, purifiée pour ensuite servir de remblai ou de granulat pour le béton, la brique peut être réutilisée à 95%, le plâtre est lui recyclable à 100% s’il est correctement collecté et trié et la fibre de verre est elle recyclée en... fibre de verre, après avoir été déchiquetée et réduite en poudre
« C’est en discutant avec un ami artisan auquel Cerfrance avait proposé de structurer une démarche RSE que je me suis lancé », raconte Arnaud Garnier. Il suit alors la formation dédiée (voir encadré) avec plusieurs autres dirigeants. « La première journée, on s’est tous demandés dans quoi nous nous étions embarqués, sourit-il. Et au fil des rendez-vous, c’est devenu de plus en plus enrichissant et important pour nous de mettre en place cette responsabilité sociétale dans nos entreprises. »
Qui a commencé chez AGDI Démolition par la gestion du tri des déchets avec une benne ferraille, déchets industriels banals, verre (recyclé chez Saint-Gobain) et gravats (recyclé chez Eiffage, située à côté de l’entreprise).
Une démarche vertueuse qui a permis à Arnaud Garnier de réaliser une économie de 30 000 euros et de décrocher de nouveaux contrats : « Plusieurs groupes nous ont choisis parce que l’entreprise est estampillée RSE, ils apprécient notre façon de travailler, d’avoir accès à la traçabilité de nos déchets, et saluent la propreté de nos chantiers et de nos véhicules [ndlr, quatre camions-bennes, trois poids lourds, deux véhicules légers électriques et plusieurs bennes]. Pour les gros chantiers, nous allons également prochainement fournir un bilan carbone, en même temps que le devis. »
Afin de réduire la pénibilité des tâches, le dirigeant a récemment investi dans une machine électrique pour la dépose de revêtements de sols souples, conduite par un seul opérateur assis, « contre quatre ou cinq salariés auparavant, pliés en deux ».
L’entreprise d’Arnaud Garnier va prochainement emménager dans de nouveaux bâtiments (1 000 m² couverts contre 300 m² aujourd’hui, et 5 000 m² de terrain), à Vrély, dont il sera propriétaire. Le nouveau site sera doté d’éclairage Led et par la suite de panneaux solaires, et permettra de développer le bien-être de ses équipes.
« Un grand espace leur sera dédié avec distributeur de boissons gratuites, des mange-debout, des informations seront disponibles sur le bilan carbone que nous venons de réaliser et sur lequel il y a encore des leviers d’amélioration, notamment en ce qui concerne les déplacements, nous essayons de les optimiser, en réduisant aux maximum les kilomètres – pas plus de cinq – entre le chantier et le lieu d’hébergement des salariés. Nous allons aussi organiser des ventes au public des mobiliers que nous récupérons sur les chantiers, les gains récoltés serviront aux salariés, pour l’achat d’un flipper, d’un baby-foot ou des sorties loisirs tous ensemble par exemple », explique le dirigeant qui a mis en place des moments d’échanges et de dialogue avec ses salariés pour les tenir au courant des actions menées et à venir et les impliquer dans le développement de l’entreprise.
« S’engager
dans la RSE c’est vraiment très stimulant, il y a cette envie de
progresser pour que le maximum d’indicateurs soient
au vert, de trouver des solutions pour atteindre nos
objectifs », assure Arnaud Garnier.
Cerfrance Picardie Nord de Seine a lancé il y a quelques années deux cycles de formation RSE, pour accompagner les entreprises dans la structuration de leur démarche et travailler avec elles sur un plan d’actions.
« Nous avons décidé d’accompagner les entreprises pour qu’elles puissent structurer leur démarche RSE », commence Christophe Jacobs, responsable Développement du marché Entreprises chez Cerfrance Picardie Nord de Seine. Ce qui se traduit concrètement par deux cycles : le premier, baptisé "L’accompagnement à la structuration et à la mise en place d’une démarche RSE en entreprise", qui s’étale de septembre à juin sur plusieurs journées, est découpé en quatre temps collectifs qui permet notamment aux dirigeants de se former aux fondamentaux de la RSE, de visiter des entreprises référentes RSE, de bénéficier d’un audit et de temps individuels, avec un consultant qui se rend dans l’entreprise. L’année se clôturant par la remise des diplômes et une conférence en présence d’une personnalité (Jean-Louis Debray pour cette session).
« Nous identifions et hiérarchisons avec eux leurs parties prenantes prioritaires, pour ensuite travailler sur leur plan d’actions pour une démarche RSE structurante et opérationnelle dans leur entreprise », explique Christophe Jacobs. Le second cycle ("Un engagement durable et une amélioration continue") dure lui aussi dix mois et s’adresse aux dirigeants ayant suivi le premier, l’objectif étant de renouveler ce cycle chaque année.
« Les entreprises qui se lancent dans ces formations ont des valeurs fortes, à l’image de celles du dirigeant, qui se préoccupe du bien-être de ses collaborateurs, a déjà mis en place des actions au niveau environnemental et social mais qui souvent ne sont pas assez valorisées ni structurées, c’est d’autant plus important que la réglementation va évoluer l’an prochain », observe Christophe Jacobs.
Cerfrance offre également depuis quelques semaines la possibilité pour les entreprises de réaliser un auto-diagnostic RSE, qui délivre un pourcentage de maturité en matière de responsabilité sociétale et des préconisations. « L’idée, c’est de toucher le maximum d’entreprises et de sortir du cadre des cycles pour leur proposer un accompagnement individuel sur mesure », note-t-il.