Rock en stock

Créé en 2005 à Charleville-Mézières, le festival “Le Cabaret Vert” n’a cessé de voir sa notoriété grimper chaque année pour atteindre, en 2018, le cap des 94 000 spectateurs pour quatre jours de programmation. Un festival qui se distingue de ses concurrents par une chaleureuse convivialité, une démarche écologique ambitieuse et une programmation éclectique mêlant têtes d’affiche et artistes prometteurs. Brève sélection de quelques artistes ou groupes à ne pas manquer.

Foals.
Foals.

Légendes du rock

Patti Smith.

 

Chanteuse, musicienne mais aussi écrivain, poète, peintre et photographe, Patti Smith est une artiste totale. Icône du punk depuis son premier album Horses paru en 1975, elle est devenue l’une des chanteuses les plus influentes dans l’histoire de la musique. Tout au long de sa carrière, l’artiste bohème a produit une musique emplie de ferveur et de rage, fusion de chansons rock structurées, de poésie et d’expérimentations improvisées. Patti Smith a toujours revendiqué fièrement son statut d’artiste militante, anticonformiste et provocatrice. Celle qui a nourri l’underground new-yorkais des années 1970 reste, plus de 40 ans après, une performeuse au charisme magnétique. Des musiciens tels que PJ Harvey et Morrissey ainsi que des groupes comme Sonic Youth et R.E.M la considèrent comme leur plus grande source d’influence. Immense admiratrice de Rimbaud, Patti Smith devrait gratifier le public d’un concert mémorable dans la ville natale du poète (24 août).

Après la séparation des Smiths, Johnny Marr a réussi sa reconversion avec brio. La guitare si reconnaissable du musicien anglais a ainsi accompagné des groupes aussi variés que les Pretenders, The The, les Cribs, Modest Mouse, ou encore Electronic, duo qu’il a cofondé avec Bernard Sumner de New Order. Depuis une dizaine d’années, Johnny Marr poursuit une carrière solo passionnante, dévoilant ses talents de songwriter et de chanteur à chaque nouvel album – comme en témoigne le dernier en date, Call The Comet (2018). A 55 ans, cette légende vivante continue à donner des performances incandescentes et ne rechigne pas à jouer quelques reprises des Smiths ! (22 août).

Quelques nuances de rock

Courtney Barnett © Mia Mala McDonald

Figure de proue de l’indie rock au talent encore méconnu, Courtney Barnett est passée maître dans l’art d’illustrer les moments anodins de la vie quotidienne et de les métamorphoser grâce à un songwriting bluffant. L’artiste australienne a ainsi cumulé les honneurs depuis la parution de son premier album, Sometimes I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit, en 2015. Après avoir signé en 2017 un excellent disque, Lotta Sea Lice, avec l’artiste californien Kurt Vile, elle a publié en 2018 Tell Me How You Really Feel (Marathon/Pias), un album de rock épuré, à la tonalité plus sombre. Des compositions qu’elle devrait largement partager avec le public du Cabaret Vert (23 août).

Chanteur, guitariste et compositeur, new-yorkais Steve Gunn  est un amoureux de folk rock contemplatif, d’arpèges délicats et de mélodies envoûtantes. Au long d’une carrière de près de quinze ans, il a produit une grosse dizaine d’albums, la plupart acclamés par la critique et par ses pairs. Ancien membre de The War On Drugs, actuellement guitariste pour Kurt Vile & The Violators, Steve Gunn est aussi un grand ami de Kevin Morby avec qui il partage souvent l’affiche. Sur Way Out Weather, son dernier LP en trio, il signe des compositions folk pop psyché lumineuses et luxuriantes magnifiées par sa voix rêveuse (25 août).

Foals.

Formé à Oxford en 2005, Foals est devenu au fil des années un acteur majeur de la scène rock. En mars dernier, le combo anglais a fait son grand retour avec un magnifique cinquième album, Everything Not Saved Will Be Lost – Part 1. Funk blanc, math rock groove, électro entêtante, les intenses compositions de cet opus dessinent une implacable bande son dansante. La seconde moitié du diptyque arrivera dans les bacs le 18 octobre mais, en attendant, il ne faut pas manquer leur concert au Cabaret Vert. Car en live, son leader bouillonnant, Yannis Philippakis, se métamorphose en une bête de scène surpuissante. Son charisme, allié à leur dextérité de musiciens, porte leurs morceaux vers des sommets impressionnants (24 août).

Découvert avec «More Is Less», brûlot post-punk urgent et hypnotique, aux réminiscences de Joy Division, The Murder Capital s’est déjà construit une solide réputation sur scène. Le lieu idoine pour les compositions inquiètes et sombres du quintet de Dublin, magnifiées par le timbre rocailleux du leader James McGovern. Qu’ils jouent en tête d’affiche ou en première partie de Slaves, Shame ou encore Fontaines D.C., le combo irlandais déclenche des réactions dithyrambiques et représente l’incarnation du revival punk irlandais. Leur concert ardennais coïncide avec la sortie mondiale de leur premier opus, When I Have Fears, – devancé par l’excellent single «Feeling Fades», produit par Flood (PJ Harvey) – et ce devrait être l’un des sommets du festival (23 août).

Le même jour, le public pourra entendre Bodega, sensation new-yorkaise découverte en avril dernier sur la scène de l’Aéronef à Lille. Réunissant deux garçons et trois filles venus de Brooklyn, le groupe bâtit un post-punk d’aujourd’hui, au groove blanc imparable, sur les mêmes fondations qui ont guidé la carrière de LCD Soundsystem. Sur leur premier opus, Endless Scroll, on entend les réminiscences de la scène post-punk funk du début des années 1980, Talking Heads en tête, et on pense à la même liberté de création qui guidait les premier pas de Sonic Youth. Tour-à-tour enivrants, sarcastiques et agaçants, le quintet sécrète en live des sensations contrastées qui valent le détour.

Programme complet sur www.cabaretvert.com