Retrait provisoire pour l'imam d'une mosquée marseillaise menacée de fermeture

L'imam de la mosquée des Bleuets à Marseille, menacée de fermeture administrative, a annoncé lundi son retrait provisoire, le temps notamment de se former à la laïcité. Une décision qui pourrait ne pas suffire pour...

L'imam Ismail (g) de la mosquée des Bleuets parle avec des habitants du quartier après sa conférence de presse, le 9 septembre 2024 à Marseille © MIGUEL MEDINA
L'imam Ismail (g) de la mosquée des Bleuets parle avec des habitants du quartier après sa conférence de presse, le 9 septembre 2024 à Marseille © MIGUEL MEDINA

L'imam de la mosquée des Bleuets à Marseille, menacée de fermeture administrative, a annoncé lundi son retrait provisoire, le temps notamment de se former à la laïcité. Une décision qui pourrait ne pas suffire pour les autorités, qui réclamaient son départ définitif.

Afin de "préserver la structure et le travail qui a été fait", "j'ai décidé de me retirer temporairement, le temps de souffler un peu, de reprendre les études, de passer le diplôme universitaire sur la laïcité et à l'issue de l'obtention de ce diplôme, on verra comment ça se passera", a déclaré l'imam Ismail, de son vrai nom Smaïn Bendjilali, français et principal prédicateur de la mosquée depuis 2010.

"Je traverse un drame familial", a ajouté l'imam, lors d'une conférence de presse organisée dans sa mosquée des quartiers Nord de Marseille (13e arrondissement), en référence à la tentative de narchomicide qui a visé son fils fin août. 

Ce retrait provisoire permettra-t-il d'éviter la fermeture de la mosquée ? Dans un courrier en date du 4 septembre et dont l'AFP a obtenu copie, le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Pierre-Édouard Colliex, donnait cinq jours à la mosquée pour se "séparer définitivement de Monsieur Bendjilali, seule mesure capable d'éviter la fermeture du lieu de culte".

La préfecture de police a fait savoir lundi soir à la presse qu'elle "attend la réponse officielle et écrite de l'association pour lui répondre" et donc prendre sa décision.

"Nous considérons que ce sont des mesures suffisantes pour prévenir les troubles à l'ordre public", a estimé de son côté Me Sefen Guez Guez, avocat de l'imam et de la mosquée, assurant que son retour est "conditionné par l'obtention de son diplôme universitaire" et que dans l'attente, il "redeviendra un fidèle parmi les autres".

"Si l'imam n'est plus là, quel est l'intérêt de fermer la mosquée ?" puisque "les espèces de griefs portent à 90% sur l'imam", a estimé Me Rafik Chekkat, l'autre avocat de la mosquée.

La mosquée des Bleuets est visée depuis le 20 août par une procédure de fermeture lancée par la préfecture des Bouches-du-Rhône, sur demande du ministre de l'Intérieur démissionnaire Gérald Darmanin, en raison notamment de "propos légitimant la violence".

Le 2 septembre, des responsables de la mosquée avaient rencontré des représentants de l’État et proposé des "mesures correctives", comme le retrait de certaines publications en ligne. "Non pas que nous les considérions illégales, mais par mesure d'apaisement", avait expliqué Me Chekkat.

Depuis, l'imam a retiré tous ses tweets sur X, à l'exception de l'invitation à cette conférence de presse de lundi soir et d'une interview télévisée d'un de ses avocats. Dans son profil, il pose une question: "qui peut prétendre être imam sans prendre position ?!".

En parallèle, le préfet avait saisi la justice via un "article 40" et l'imam sera jugé le 3 octobre pour "apologie du terrorisme", au sujet de publications en lien avec la situation dans la bande de Gaza. 

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