"Résistance", "destitution": la gauche défile contre Macron
Le rêve fané de voir la gauche à Matignon, le souhait abondamment crié d'imaginer Emmanuel Macron destitué et la "colère" face à un vote jugé bafoué: entre 110.000 et 300.000 manifestants de gauche ont défilé en France...
Le rêve fané de voir la gauche à Matignon, le souhait abondamment crié d'imaginer Emmanuel Macron destitué et la "colère" face à un vote jugé bafoué: entre 110.000 et 300.000 manifestants de gauche ont défilé en France samedi contre "le coup de force de Macron".
Avec quelque 150 mobilisations prévues dans la toute la France, la gauche, LFI en tête, a choisi la rue comme tour de chauffe d'un automne politique qui s’annonce brûlant.
Sur X, la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot a revendiqué 160.000 manifestants à Paris et 300.000 en France. Selon le ministère de l'Intérieur, les cortèges ont rassemblé 110.000 personnes dans tout le pays dont 26.000 dans la capitale.
"Déni de démocratie", "les Français n'ont pas voté pour ça", "qu'il (Macron) démissionne": dans les cortèges, les mêmes mots, souvent, pour dire l'indignation, la rancœur et la colère face à la nomination du LR Michel Barnier comme Premier ministre, un poste qu'Emmanuel Macron a refusé à Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire (NFP), arrivé en tête lors des législatives anticipées de juillet.
Cindy Rondineau, photographe de 40 ans, et son compagnon Aubin Gouraud, paysan de 42 ans, ont le coeur très à gauche mais disent ne pas avoir l'habitude de manifester.
Samedi matin, ils ont pourtant fait le déplacement de Chaumes-en-Retz jusqu'à Nantes - une grosse trentaine de kilomètres - pour manifester car, disent-ils, ils sont "vraiment en colère".
"Nous avons vraiment l'impression de ne pas être écoutés en tant qu'électeurs", lâche le couple. "Et en plus nous ne cessons d'être diabolisés."
Leur fille de 8 ans porte une pancarte "Macron t'es foutu, les CE2 sont dans la rue" au milieu d'un cortège familial et bon enfant qui a défilé derrière une banderole "une seule solution destitution". La manifestation a rassemblé entre 2.500 personnes, selon la préfecture, et 8.000 participants selon les organisateurs. A Rennes, la manifestation a réuni dans le calme, 4.800 personnes.
A l'autre bout de la France, l'affluence était moindre à Nice. Dans un département où RN, LR et les listes d'union Ciotti-RN se partagent l'ensemble des neuf circonscriptions, de 900 à 1.000 personnes selon les sources ont manifesté derrière la banderole "Défendons notre démocratie".
Drapeaux des insoumis ou palestiniens qui claquent au vent, à Marseille les organisateurs s'époumonent dans des mégaphones avant que la manifestation, qui a réuni entre 3.500 (police) et 12.000 personnes (organisateurs) à l'appel des organisations syndicales de jeunesse, du PCF, de LFI et de la CGT 13, ne s'ébranle depuis la porte d’Aix.
"On a l’impression de s’être fait voler", affirme Aurélie Malfant, 24 ans, étudiante à Marseille.
Comme elle, dans les cortèges, des jeunes qui ont le coeur à gauche sont venus en nombre. Cette journée de mobilisation a été initiée fin août par deux syndicats d'étudiants et de lycéens.
"On a l’impression qu’il n’y aura jamais moyen de mettre la gauche au pouvoir", se désole Louise, 30 ans, dans le cortège lyonnais qui a réuni 5.100 personnes selon la préfecture. "On s’est beaucoup bougé pendant les élections pour aller voter, pour être présents et avoir cet engagement citoyen et ça n’a servi à rien."
"La Cinquième République est en train de s'effondrer. Je pense que, dans tous les cas, exprimer son suffrage ne servira à rien tant que Macron sera au pouvoir", fustige Manon Bonijol, 21 ans, venue manifester à Paris.
Sur une place de la Bastille pas complètement pleine, Abel Couaillier, 20 ans, étudiant qui a fait la campagne de François Ruffin aux législatives, confesse être "abasourdi" par la nomination de Michel Barnier : "un vieil éléphant de la politique".
"Je suis encore jeune, j'ai envie de croire qu'on peut changer les choses et je continuerai d'aller voter, c'est la seule manière qu'on a(it) de faire changer les choses", poursuit-il.
Alexandra Germain, 44 ans, cheffe de projet, se montre plus amère: "c'est une dictature qui se met en place. Ça fait un moment qu'on n'était plus écouté dans les rues, maintenant on n'est plus écouté dans les urnes. Manifester, c'est mon seul moyen de dire que je ne suis pas d'accord même si j'ai bien conscience que ça ne sert à rien."
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